Cote d'Ivoire: Dialogue politique - Ces acquis que Damana Pickass occulte

10 Juillet 2022

Le faux brave est de retour. Damana Adia Pickass, celui par qui le malheur a frappé la Côte d'Ivoire en 2010, multiplie les sorties depuis qu'il a été nommé secrétaire général du Parti des peuples africains Côte d'Ivoire (PPA-CI). 11 ans après, la scène surréaliste qu'il a servie aux Ivoiriens et au monde entier continue de défiler dans l'esprit des uns et des autres.

Un soir du mois de décembre de l'année 2010, alors que les Ivoiriens attendaient les résultats du second tour de l'élection présidentielle qui a opposé son mentor Laurent Gbagbo à Alassane Ouattara, le commissaire central et superviseur de la Commission électorale indépendante (CEI), chargé de la région du Moyen Comoé, s'est illustré de la plus mauvaise des manières. Malgré la forêt de caméras, comme un bandit de grand chemin, Damana Pickass a surgi de nulle part. Et pour empêcher Bamba Yacouba, porte-parole de la CEI de proclamer les résultats, il s'empare des feuilles sur lesquelles étaient mentionnées les résultats que ce dernier s'apprêtait à communiquer.

Aux yeux du monde entier, il les déchire. La RTI qui transmettait les résultats en direct est contrainte d'arrêter son émission spéciale nuit électorale. L'image passe en boucle sur toutes les chaines internationales. Les hommes de médias commis à la couverture de la proclamation des résultats sont priés de quitter les lieux. Des hommes armés prennent le contrôle du site. La Côte d'Ivoire prenait ainsi rendez-vous avec une crise électorale qui fera 3000 morts. Pris certainement de remord et conscient du tort qu'il a causé à son pays, Damana Pickass sera l'un des proches de Laurent Gbagbo à fuir le pays à la chute du pouvoir de son mentor. Toute honte bue, l'homme trouve refuge dans un pays étranger. Le 30 avril 2021, après 10 ans d'exil au Ghana, l'ancien président de la jeunesse du Front populaire ivoirien rentre au pays.

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Après tout le mal qu'il a fait à la mère patrie, la logique aurait voulu qu'il se retrouve dans l'une des prisons du pays. Mais l'homme est libre de tous ses mouvements. Il parcourt le pays dans tous les sens pour faire des sorties incendiaires, dont la dernière est rapportée par le confrère Le Nouveau Réveil. Dans sa parution No 6102 du mercredi 6 juillet 2022, le confrère barre à sa Une : " Interview Damana Pickass, secrétaire général du PPA-CI : " Le dialogue politique n'a eu aucun impact sur la vie des Ivoiriens ". A la lecture de cet entretien, le secrétaire général du PPA-CI ajoute : " les dialogues politiques se succèdent et se ressemblent" ".

Le dire, c'est méconnaitre les réalités de la Côte d'Ivoire. Et de tels propos ne devraient pas venir de Damana Pickass qui devrait comprendre que son retour au pays et le fait qu'il ne soit pas en prison est le fruit du dialogue politique. C'est ce dialogue qui a permis son retour d'exil, mais aussi celui de milliers d'Ivoiriens qui, comme lui, avaient trouvé refuge hors du pays. Si le dialogue politique n'avait pas existé, il aurait fallu l'inventer. Car très tôt, en tant que digne héritier de Félix Houphouët-Boigny, Alassane Ouattara a compris que le dialogue est l'arme des forts.

Les fruits du dialogue politique

Si le dialogue politique est à sa phase 5, c'est bien entendu parce que, contrairement à ce qu'avance le secrétaire général du FPI, les acteurs politiques et la société civile ont compris que ce dialogue a eu beaucoup d'impact sur la vie socio-politique du pays, notamment par la préservation de la paix. Tous les Ivoiriens sont unanimes à dire que sans la paix, il n'y a aucun développement. C'est donc parce que le pays est en paix que plusieurs projets publics ou privés se réalisent pour le grand bonheur des populations vivant sur le sol ivoirien. Spécifiquement et cela mérite d'être souligné, la 5e phase du dialogue politique a permis, pour la première fois, depuis plusieurs décennies, à tous les acteurs politiques de participer aux élections législatives de mars 2021 et cela de façon pacifique sans qu'on ait à dénombrer des morts comme ce fut le cas des élections antérieures que le pays a connues.

Ce dialogue politique a permis aussi au retour au pays de Damana Pickass et des plusieurs de ses camarades, sans oublier le retour au pays en juin 2021 de Laurent Gbagbo, son mentor. Toutes ces personnes dont certains sont sous le coup d'une condamnation, souvent à 20 ans d'emprisonnement, sont en liberté et mènent des activités politiques sans être inquiétés. Que dire d'Affi N'guessan, de Maurice Kakou Guikahué, d'Albert Mabri Toikeusse ou en d'Henri Konan Bédié qui sont en liberté alors que le rapport de la Commission spéciale d'enquête sur les évènements liés à l'élection présidentielle de 2020 révèle leur rôle majeur dans la tentative de déstabilisation du pays avec la mise sur pied du Conseil national de transition (CNT).

Si Affi N'guessan et Maurice Kakou Guikahué avaient été incarcérés un moment, depuis lors ils ont été libérés et ont même participé aux élections législatives de 2011, au nom du dialogue politique. En août 2018 poursuivant ses actions de décrispation, le Président Alassane Ouattara, lors de son discours à la Nation, annonçait la prise d'une loi d'amnistie à l'égard de 800 personnes poursuivies pour des faits commis pendant la crise post-électorale 2010-2011, parmi lesquelles l'ancienne Première dame Simone Gbagbo. A l'époque, Affi N'Guessan, président du Front populaire ivoirien avait a été le premier à régir, quelques minutes seulement après l'annonce présidentielle, par la voix d'Agnès Monnet, secrétaire générale et porte-parole, avait salué le geste. " C'est un geste de décrispation apprécié à sa juste valeur ". Elle ne croyait pas si bien dire. En effet, cette loi d'amnistie et le dégel des avoirs, fruits du dialogue politique, ont contribué à l'apaisement du climat social. Damana Pickass devrait comprendre que faire la politique, n'exclut pas d'avoir de la lucidité dans ses analyses.

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