Le procès pour génocide de l'ancien préfet rwandais Laurent Bucyibaruta s'achève ce mardi 12 juillet devant les assises de Paris. Ce mardi matin, l'audience a duré trois minutes et l'accusé a pris la parole une dernière fois.
Veste beige un peu trop large aux épaules, Laurent Bucyibaruta, 78 ans, est resté assis face à la cour. " Je voudrais m'adresser aux rescapés du génocide. Je voudrais leur dire qu'il ne m'est jamais venu à l'esprit de les abandonner aux tueurs. Est-ce par manque de courage ? Est-ce que je pourrais les sauver ? Ce sont des questions, même des remords qui me hantent depuis plus de vingt-huit ans. Je n'ai jamais été dans le camp des tueurs, je n'ai jamais accepté ces atrocités. " En deux mois de procès, c'est la première fois que l'ancien préfet de Gikongoro s'exprime ainsi, et qu'il utilise le mot " remord ".
Des propos qui font écho à la plaidoirie de ses avocats. Selon eux, durant ces semaines d'avril à juillet 1994, Laurent Bucyibaruta est un préfet hutu modéré, qui n'adhère pas au projet génocidaire. Un préfet isolé, dépassé par les événements et sans réel pouvoir d'empêcher les massacres. " On n'arrête pas un génocide avec quelques gendarmes. On n'est pas complice si on n'a pas les moyens d'agir. " La défense demande donc l'acquittement.
L'accusation, au contraire, invite la cour à voir derrière l'homme de 78 ans, diminué par la maladie, celui qu'il était en 1994 : un préfet de 50 ans rompu à l'exercice du pouvoir, ambitieux et qui, selon les avocates générales, a participé à son niveau à l'organisation des tueries qui ont fait plusieurs dizaines de milliers de morts dans sa préfecture.