Rwanda: Condamnation d'un ex-génocidaire en France - Laurent Bucyibaruta rattrapé par son passé

Laurent Bucyibaruta, l'ancien préfet de la province de Gikongoro est accusé d'avoir favorisé l'un des pires massacres du génocide, celui de l'école de Murambi, devenu depuis un mémorial.
12 Juillet 2022
analyse

Entre extrader et juger les présumés génocidaires rwandais que Kigali recherche ardemment, Paris a préféré la deuxième option. Ainsi, les uns après les autres, la plupart de ceux qui étaient mis en cause dans la boucherie humaine de 1994 au Rwanda, ont été jugés et condamnés à des peines diverses et ce, en fonction du rôle que chacun a joué. Le dernier cas en date, est celui de cet ancien préfet, aujourd'hui âgé de 78 ans, qui vient d'être situé sur son sort.

Laurent Bucyibaruta, puisque c'est de lui qu'il s'agit, s'est réfugié en France depuis 1997. Poursuivi pour six chefs d'accusations que sont " crime de génocide, complicité de génocide, incitation directe et publique à commettre le génocide, et crimes contre l'humanité constitués par des actes d'extermination, des assassinats et des viols ", il a été condamné par la Justice française à 20 ans de réclusion criminelle pour complicité de génocide.

Même si l'ex-préfet de Gikongoro s'en défend, les faits restent troublants et têtus. Car, on lui impute la responsabilité des tueries perpétrées le 21 avril 1994 à la paroisse de Cyanika et Kaduha, le massacre du 22 avril 1994 à la prison de Gikongoro sans oublier le drame du 7 mai 1994 à l'école des filles de Kibeho. Et ce n'est pas tout. Puisqu'en sa qualité de préfet d'alors, Laurent Bucyibaruta aurait demandé à des Tutsis de se rendre à l'école technique de Murambi pour bénéficier de la nourriture.

La condamnation de l'ex-préfet de Gikongoro pourrait contribuer à renforcer davantage l'axe Paris-Kigali

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Tous ceux qui s'y étaient rendus, ont été purement et simplement exécutés par des gendarmes, policiers et civils armés. De ce qui précède, on peut dire, sans risque de se tromper, que Laurent Bucyibaruta, avec cette condamnation, a été rattrapé par ses propres turpitudes au crépuscule de sa vie. Comme quoi, nul n'est assez fort pour le demeurer éternellement.

A preuve, hier tout-puissant, Laurent Bucyibaruta se retrouve aujourd'hui au creux de la vague, condamné à terminer le reste de sa vie en prison à moins que la Justice, au regard de son âge très avancé et de la docilité dont il fait montre, ne décide autrement en lui accordant la liberté sous caution.

Et au-delà des parents des victimes qui s'en trouveront satisfaits, la condamnation de l'ex-préfet de Gikongoro pourrait contribuer à renforcer davantage l'axe Paris-Kigali. Car, on le sait, après des années de brouilles, la France et le Rwanda ont décidé de la normalisation de leurs relations diplomatiques au point que Paris a finalement procédé à la nomination d'un ambassadeur à Kigali.

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