Afrique de l'Ouest: Mali-Côte d'Ivoire - La guerre des communiqués est déclarée

Le Mali attaque, la Côte d'Ivoire riposte. 24 heures après le communiqué n°034 du gouvernement de la transition malienne sur l'arrestation de présumés mercenaires ivoiriens à l'aéroport Modibo Keïta Senou de Bamako, le gouvernement ivoirien et les autorités ivoiriennes ont réagi, cela à l'issue d'une réunion extraordinaire du Conseil national de sécurité décidée par le président Alassane Ouattara.

Ils ont ainsi affirmé notamment que contrairement à ce que prétendent les accusateurs les 49 militaires de la NSE (Eléments nationaux de soutien), avaient bien débarqué dans la capitale malienne dans le cadre d'une mission régulière de la MINUSMA, en vertu d'une convention signée en 2019 entre la Côte d'Ivoire et l'ONU, qu'une copie de l'ordre de mission de ce 8e contingent attestant de la régularité de la mission a bien été remise aux autorités aéroportuaires maliennes et qu'aucun de ces soldats ne détenait sur lui ni arme ni munition, lesquelles étaient convoyées par un autre aéronef.

Et le CNS (Conseil national de sécurité) de demander aux autorités maliennes de " libérer sans délai les militaires ivoiriens injustement arrêtés ".

Le ton monte donc et la guerre des communiqués est d'ores et déjà déclarée entre Abidjan et Bamako, dont les relations sont plutôt glaciales depuis un certain temps. Le président Alassane Ouattara n'a jamais, il est vrai, fait mystère de ses réserves sur la transition malienne et a même été l'un des partisans de la ligne dure au sein de la CEDEAO, qui avait, rappelons-le, décrété de sévères sanctions financières et commerciales contre le pays de Modibo Keïta, lesquelles ont du reste été levées lors du récent sommet de l'Organisation tenu le 3 juillet dernier à Accra. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le colonel Goïta, qui semble souffrir du syndrome de la " complotite " aiguë, accuse son voisin de mener des actions subversives pour déstabiliser la transition.

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A supposer même qu'il y ait quelques petites irrégularités administratives dans l'envoi de ce 8e contingent à problèmes, ADO a beau ne pas porter le locataire de Koulouba dans son cœur, est-il déraisonnable au point d'envoyer en plein jour un corps expéditionnaire constitué d'une petite section de 50 éléments pour déstabiliser le Mali ? Quel intérêt aurait-il d'ailleurs à faire cela alors que la situation sécuritaire malienne est déjà suffisamment préoccupante ?

Pour tout dire, on a le sentiment que l'ancien patron des Forces spéciales, aujourd'hui perché sur la colline du pouvoir, voit des complots partout. A moins que ce ne soit en réalité des épouvantails agités pour distraire les Maliens et les amener à faire bloc derrière lui !

Goïta gagnerait à se concentrer sur l'essentiel pour ne pas avoir à subir un jour le sort de " l'enfant qui criait au loup " d'Esope.

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