Afrique: Dix ans de Ça va, ça va le monde ! - la Cour d'honneur des auteurs africains au Festival d'Avignon

En dix ans d'existence de ces lectures théâtrales en public, c'est devenu la " Cour d'honneur " des auteurs africains, mais aussi d'autres écrivains du théâtre francophone au Festival Avignon. Du 13 au 20 juillet, " Ça va, ça va le monde ! fête son édition anniversaire au Jardin de la rue de Mons, avec de grands noms du continent africain, de Dieudonné Niangouna jusqu'à Mohamed Mbougar Sarr, prix Goncourt 2021.

Au Jardin de la rue de Mons, pas de mur monumental, ni de montagne de spectateurs sur les gradins. La promesse de Ça va, ça va le monde ! auprès des auteurs souvent encore méconnus, est beaucoup plus modeste et en même temps plus vaste : d'être écouté par un public unique. Car, les lectures sont courues à la fois par des passionnés de théâtre, de plus en plus nombreux et amoureux de ce paradis de paroles et découvertes, mais aussi par les férus de littérature, parmi les millions d'auditeurs de RFI ou sur les réseaux sociaux.

L'édition anniversaire, du 13 au 20 juillet, promet un véritable feu d'artifice avec de très grands noms du théâtre et de la littérature du continent africain : Dieudonné Niangouna, Koffi Kwahulé, Hakim Bah, Mohamed Mbougar Sarr... Donc la tension monte chez Pascal Paradou, fondateur et coordinateur de " Ça va, ça va le monde ! "

Connu pour son émission " De vive(s) voix ", ce passionné de théâtre et directeur adjoint en charge de la francophonie à RFI a créé le cycle en 2013. " Il y a un petit trac. Lors de la soirée d'ouverture Toli ! Toli !, le 13 juillet, à 18h, conçue et animée par l'auteur camerounais Kouam Tawa, dix auteurs, et pas les moindres, et des comédiens importants, comme Étienne Minoungou ou Odile Sankara, vont imaginer et créer une palabre entre des artistes, avec une part d'improvisation pour raconter leur perception de l'Afrique à travers le théâtre. Je vais être le premier spectateur et le premier surpris... [rires]. "

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Du 15 au 20 juillet sont programmées - sur place à Avignon et en vidéo sur la page Facebook de RFI - tous les matins à 11h les lectures. Jean D'Amérique, lauréat haïtien du Prix RFI Théâtre 2021, lance le cycle avec son œuvre très attendue Opéra poussière, l'histoire oubliée de Sanite Belair, résistante anticolonialiste haïtienne.

" Un champ nouveau dans le théâtre contemporain en France "

" Ça va, ça va le monde ! " n'était pas une idée géniale qui avait surgi de nulle part. Depuis toujours, Pascal Paradou avait voué une admiration pour le travail de Lucien et Micheline Attoun, les fondateurs de Théâtre ouvert : "Dans les années 1970, ils ont accompagné la dramaturgie française en créant un espace inventif de profération de la langue par des effets de lecture, de mise en voix, etc. Ils ont vraiment inventé des formes. "

C'est en 2013 que " Ça va, ça va le monde ! " a finalement vu le jour, dans une situation où les planètes RFI, théâtre et Avignon se sont alignées. " À ce moment, je viens d'être nommé directeur des magazines à RFI. Dieudonné Niangouna, auteur important pour l'Afrique, est le premier artiste africain associé au Festival d'Avignon. Et la direction du Festival d'Avignon avait compris l'importance de RFI en Afrique. Donc à trois, Dieudonné Niangouna, Vincent Baudriller, à l'époque codirecteur du Festival, et moi, nous avons imaginé ce programme. Et comme cela a bien marché, on a continué... "

Côté mise en voix, tout a commencé avec Catherine Boskowitz. La metteure en scène, grande voyageuse et découvreuse de nouveaux territoires de l'art a dirigé les premiers pas du cycle. " Le départ était une vraie aventure. En 2013, il s'agissait de mettre en place, à l'intérieur du Festival d'Avignon, un espace qui rendait compte de l'immense richesse et diversité des dramaturgies francophones. Nous avons conçu cet espace un peu comme une fête, une fête des écritures contemporaines. D'une part, il s'agissait de convier des acteurs et des actrices qui jouaient dans le festival 'In' comme dans le festival "off" d'Avignon à s'emparer en quelques jours de textes dramatiques francophones venus du monde entier. Et puis de les faire découvrir aussi à un public nombreux en live. Les textes étaient aussi enregistrés et ensuite diffusés sur les ondes de RFI. Certains de ces auteurs commençaient déjà à être connus du public français, d'autres étaient à découvrir. Et je pense que leurs textes ouvraient sans nul doute un champ nouveau dans le paysage du théâtre contemporain en France. "

De " Ça va, ça va l'Afrique " à " Ça va, ça va le monde ! "

La première année, " Ça va, ça va le monde ! " s'appelait encore " Ça va, ça va l'Afrique " et a démarré sous forme de lectures de textes d'auteurs africains. Depuis, le concept s'est élargi, avec des auteurs haïtiens, une autrice turque, un écrivain persan, des auteurs et autrices libanais(es) et des auteurs d'autres zones francophones.

" Quand Pascal Paradou m'avait proposé de participer au cycle, je n'étais pas du tout un spécialiste de la littérature francophone du Sud, et notamment des écritures africaines contemporaines, raconte Armel Roussel, metteur en scène français basé en Belgique, qui a rejoint l'aventure de " Ça va, ça va le monde ! " en route. Après, ce qui m'a marqué, c'est toute la découverte de la diversité des écritures, ce foisonnement. J'ai pu découvrir à l'intérieur de ce cycle cette énergie qu'on pouvait découvrir dans ces écritures, au Bénin, au Togo, au Sénégal, au Congo, en Haïti, dans les Caraïbes. J'ai découvert tout un monde que je ne connaissais pas. "

L'aspect engagé et politique des textes l'a également impressionné : " J'ai pu rencontrer des auteurs pour lesquels l'écriture n'est pas juste une passion pour le théâtre, mais une question de vie et de mort. Il y avait quelques expériences où le simple fait d'écrire, de faire du théâtre et de parler devient une histoire où l'on peut être mis en danger. Cela a été très marquant pour moi. "

La " Sainte Trinité " de trois scènes et trois publics différents

La particularité de ces lectures sous l'égide de Radio France Internationale est aussi formelle. Le défi est de penser et mettre en scène trois " scènes " en même temps. Car la mise en voix de la pièce de théâtre doit être conçue à la fois pour la petite scène à Avignon, avec un vrai public qui regarde les comédiens et entend les cigales sur place, mais en même temps pour la plus grande scène de théâtre qui existe, c'est-à-dire pour une radio très spécifique comme RFI avec ses millions d'auditeurs sur le continent africain et dans d'autres parties du monde, sans oublier la transmission en direct et en vidéo sur les réseaux sociaux qui fait beaucoup réagir.

" Il faut essayer de trouver la "Sainte Trinité" [rires], avance Aristide Tarnagda, auteur, comédien, directeur du festival des Récréâtrales au Burkina Faso et l'un des trois metteurs en scène de " Ça va, ça va le monde ! " De toucher à la fois les gens qui sont là, le spectateur présent qui a envie de théâtre, même si c'est une lecture. Et puis cet autre spectateur qui reste scotché à sa radio et qui doit en même temps sentir et ressentir la même chose ou presque la même chose que celui qui est présent. Et pareil pour ceux qui vont suivre la pièce sur les réseaux sociaux. Il y a la lourde tâche de faire en sorte que la pièce leur parvienne avec la même intensité. Tu dois trouver une unité pour des publics qui sont à différents endroits. "

" Ça va, ça va le monde ! " fait réagir les auditeurs en Afrique

" C'est dans un second temps que je me suis rendu compte de l'importance des réseaux sociaux, affirme Armel Roussel. Les spectateurs découvrent les lectures sur Facebook live et je découvre après leurs réactions sur les réseaux. C'est quelque chose que je n'avais jamais expérimenté auparavant. Par exemple, un texte comme A demain ma mort, de Michael Disanka, qui parle des lanceurs d'alerte au Congo, a provoqué beaucoup de réactions chez les dix mille spectateurs dans le Facebook live. Avec les auditeurs sur l'antenne de RFI, je vois également à quel point tout est en prise avec le réel, avec la réalité. Dans le théâtre européen, on est attaché au théâtre de fiction, même s'il y a des formes de théâtre documentaire. L'impact de l'écriture théâtral sur le réel ou la donnée politique est moins prégnant qu'ici. Dans "Ça va, ça va le monde !", il y a des effets directs, réels, immédiats de ce qui peut être lu et porté à l'antenne dans la réalité des pays. C'est devenu une grande conscience pour moi, donc une grande responsabilité que j'essaie de porter avec la plus grande humilité possible. "Ça va, ça va le monde !", cet endroit-là, est devenu central pour moi. "

Un coup d'accélérateur pour les auteurs

Résolument au service de la création et des jeunes auteurs, reste à savoir si le but inavoué de Ça va, ça va le monde ! n'est pas de découvrir les futurs Joël Pommerat, Yasmina Reza ou Jean-Claude Carrière d'Afrique. " Ce qui est juste, l'ancien Prix de RFI pour le théâtre, le Concours théâtral interafricain [1967-1992], a révélé quelqu'un comme Sony Labou Tansi (Congo), mais aussi Kossi Efoui (Togo) ou Koffi Kwahulé (Côte d'Ivoire). Si ceux qui sont lauréats du prix RFI Théâtre et ceux qui sont lus peuvent avoir suffisamment de visibilité, soit suffisamment encouragés pour continuer à écrire et inventer des choses, cela serait formidable.Il y a des auteurs comme Jean-Luc Raharimanana (Madagascar). Son spectacle, Parfois le vide, a été lu en avant-première dans le cycle et a fait ensuite un nombre de dates absolument colossal. Ou le jeune auteur béninois Sèdiro Giovanni Houansou, prix RFI Théâtre en 2018. Le prix et la lecture de son texte Les inamovibles à Avignon lui ont donné une légitimité dans son pays. Et comme c'est quelqu'un de très entreprenant, il est aujourd'hui partout."

" Une expérience singulière "

Aristide Tarnagda, fait partie des trois metteurs en scène qui ont mis en voix les lectures de Ça va, ça va le monde ! L'expérience qui a marqué le plus cet artiste burkinabè ? " Il y a deux expériences qui m'ont marqué. La première mise en lecture de mon texte Façons d'aimer [par Catherine Boskowitz]. C'était une expérience assez singulière dans le cadre du Festival d'Avignon. Faire résonner son texte dans cet espace, c'était très émouvant. C'est un moment particulier. Ensuite, il y avait la lecture de Sank ou la patience des morts [mise en voix par Armel Roussel], avec Marc Zinga qui portait la voix de Thomas Sankara. Entendre cette histoire-là, le fait qu'elle soit entendue, portée, partagée, de disposer de cet espace-là, c'était très émouvant et aussi une façon de rendre à Sankara l'aura et une petite justice quelque part. " Et ce n'est peut-être pas un hasard que Tarnagda reçoit en 2017 le Grand prix littéraire d'Afrique noire, c'est l'année de la mise en scène de son texte sur Sankara.

De nouvelles formes de récits dans le théâtre contemporain

Catherine Boskowitz se rappelle également avec émotion de l'édition 2013, avec le texte de Fiston Nasser Mwanza (RDC), Et les moustiques sont des fruits à pépins. " Aujourd'hui, Fiston est devenu un auteur de romans, de la même manière, les textes d'Aristide sont aujourd'hui joués et sur le continent africain et en France.Je pense aussi à Samantha à Kinshasa, de la Congolaise Marie-Louise Bibish Mumbu. Ce sont des textes qui ont été tout à coup plus entendus ou entendus pour la première fois. Une des spécificités de ces textes était de faire entendre de nouveaux récits dans le répertoire théâtral contemporain et aussi de nouvelles formes de récit. Et cela n'est pas dans un contexte 'exotique' ou 'étranger en langue française', mais plutôt à l'intérieur même d'un mouvement d'écriture théâtrale contemporaine.

Jusqu'ici, des dramaturgies dites "francophones", les récits qui y naissent, les personnages qui les portent, la langue française qui s'y déploie et s'y travaille, tout cela donne un autre son à l'écriture et à l'écriture du monde. Et participe aussi à la vitalité du théâtre aujourd'hui. Il suffit d'être un spectateur un peu assidu, d'aller souvent au théâtre, pour se rendre compte à quel point ces textes et ces formes venus d'ailleurs transforment le théâtre en profondeur, de manière souterraine. Comment ces textes mettent le théâtre aujourd'hui en mouvement. "

" Ça va, ça va le monde ! ", un succès grandissant

En tout cas, on est loin d'une niche pour textes africains qui empêcherait les auteurs à être programmés ailleurs. " Oui, il y a un petit côté africain, mais prenons l'exemple de l'auteur guinéen Hakim Bah, fait savoir Pascal Paradou qui a reçu en 2019 la Médaille Beaumarchais de la SACD pour ses mérites en faveur des auteurs. On a lu son texte Le Cadavre dans l'œil en 2014. À l'époque, personne ne le connaissait, moi-même, je ne l'avais jamais rencontré, on s'est juste parlé au téléphone. Depuis, ses pièces sont crééespartout en France, plusieurs fois au Festival Off d'Avignon, il a eu le prix RFI Théâtre en 2016 et son texte lauréat, Convulsions, a été mis en voix à Avignon en 2017. Il a été dans le Festival In d'Avignon aussi avec Pourvu que la mastication ne soit pas longue, dans le programme de la SACD, Vive le sujet !. "

L'expérience d'Armel Roussel montre également, à quel point le renommé du cycle a progressé ces dernières années à tous les niveaux. " Déjà, je vois comment le public s'est diversifié au fur et à mesure. J'ai eu la chance d'avoir "hérité" ce cycle qui avait déjà été installé au Festival d'Avignon. Je ne sais pas si c'était tout au début un peu une niche pour les auteurs africains, mais je peux témoigner que depuis des années, ce n'est pas du tout le cas. Nous arrivons à un stade où l'on reçoit du monde pour les lectures le matin à Avignon, et ce sont quand même 250 places. Le public vient véritablement pour découvrir des écritures, des propos, des regards venus d'ailleurs. Parce que, en France, nous sommes parfois un peu franco-français, surtout dans le théâtre. Les réalités exposées et les formes proposées à Ça va, ça va le monde ! ont trouvé un auditoire au sein du Festival d'Avignon et aussi sur les ondes de RFI. Je peux vous dire, une fois une lecture passée sur les antennes de RFI, je reçois énormément de messages de gens de pays divers en Afrique qui parle de Ça va, ça va le monde !. Ils me disent: "J'habite dans un petit village en Guinée et j'écoute Ça va, ça va le monde !. Je vous ai trouvé sur les réseaux sociaux et souhaite vous raconter ce que cela me fait et ce que cela me raconte". Il y a un échange. "

Un nouvel élan pour les échanges entre l'Europe et l'Afrique?

En dix ans d'existence, le cycle a-t-il alors apporté un nouvel élan pour les échanges entre les théâtres francophones des continents africains et européens ? " Je ne sais pas si on peut déjà parler de renouveau concernant l'échange des idées ou des approches théâtrales entre l'Afrique et l'Europe, remarque Catherine Boskowitz. Le processus est toujours très lent. Du côté des institutions, il y a beaucoup de résistances à faire entrer ces textes francophones dans un répertoire. Et surtout à considérer que des auteurs et des autrices francophones, issus des pays du Sud, pourraient avoir la même place que les auteurs et les artistes en France. Pour cela, il faudrait que ceux qui dirigent des institutions et les metteurs en scène qui bénéficient d'une reconnaissance certaine n'hésitent plus à se lancer dans un vrai dialogue avec ceux dont les approches théâtrales ne sont pas vraiment les leurs. C'est un grand chantier. En même temps, je pense qu'il est en marche... Je suis certain que cela va faire le théâtre de demain. Il faut avancer en décloisonnant. "

Quelle est aujourd'hui le rôle et la place des lectures Ça va, ça va le monde ! dans le monde du théâtre, en France et ailleurs ? " Ce cycle a un rôle très important, souligne Catherine Boskowitz, parce qu'il permet de faire entendre des textes qui, parfois, n'ont pas d'écho ou de visibilité. Ça va, ça va le monde ! est une caisse de résonance pour les auteurs qui permet d'élargir les horizons des textes, de les faire entendre pas les auditeurs et les auditrices, mais aussi par des artistes et des metteurs en scène, intéressés par des textes qu'ils ont entendus à la radio ou sur place à Avignon. Cela m'est arrivé aussi, en entendant son texte, j'avais eu le désir de monter une pièce de Penda Diouf [autrice sénégalaise]. "

Un état des lieux de l'écriture théâtrale francophone

Pour Aristide Tarnagda, on peut même dire que le cycle a contribué à créer un nouvel élan concernant l'échange des idées et des approches artistiques entre les théâtres francophones en Europe et en Afrique. " Oui, probablement, parce que c'est une caisse de résonance, et les espaces de faire entendre les textes et les pièces francophones en Europe sont très rares. Hormis la Maison des auteurs à Limoges ou à l'époque le Tarmac, il n'y a pas beaucoup de théâtres qui accueillaient ou donnaient la possibilité d'entendre des auteurs du monde francophone, en tout cas d'Afrique. Le fait d'avoir ce cadre-là, cela crée une banque de textes pour ceux qui s'intéressent à ce théâtre-là. Que ce soient des metteurs en scène, des chercheurs à l'université, etc. Moi, par exemple, j'ai découvert l'année dernière l'écriture de Gaëlle Bien-Aimé de Haïti, avec Que ton règne vienne. C'est une comédienne avec laquelle je travaille qui avait téléchargé la lecture et qui m'a dit que c'est formidable. Jean D'Amérique qui vient d'avoir le prix RFI Théâtre, j'ai très hâte d'entendre son texte Opéra poussière dans ce cadre-là, au Festival d'Avignon. C'est quelque chose qui peut m'intéresser aussi en tant que programmateur. "

En attendant, chacune des bientôt 60 lectures fera partie d'un certain état des lieux de l'écriture théâtrale francophone et aura créé des émotions et ses vérités, et trouvé son public.

" Il y a plein d'histoires... "

" Par exemple, ce qui était génial avec la première lecture de Dieudonné Niangouna, se souvient Pascal Paradou, c'est qu'il avait accepté qu'on relise dans le même lieu Attitude Clando, le premier texte qui l'avait révélé à Avignon. À l'époque, c'est lui, de nuit, qui disait ce monologue, écrit initialement pour son frère Criss. Dans la proposition qu'on faisait, ce n'était pas à minuit, mais quasiment à midi, et ce n'était pas Dieudonné qui disait son texte, mais Criss. Cela a été quand même un événement formidable. Ou ce très beau texte de l'autrice turque Sedef Ecer, E-passeur.com, un texte génial. Sans oublier cette première lecture de Tais-toi et creuse, de Hala Moughanie (Liban), le 14 juillet 2016, donc la veille, Nice a été à feu et à sang après l'attentat terroriste, et on s'est posé la question pendant une heure, est-ce qu'on lit le texte ou est-ce qu'on ne le lit pas? L'humour du texte est tombé à plat, mais on a quand même lu le texte. Il y a plein d'histoires... "

Cette année, le jeune auteur haïtien Jean D'Amérique ouvrira au Festival d'Avignon le 15 juillet le bal des lectures avec son texte lauréat Opéra poussières, prix RFI Théâtre 2021. Après des auteurs venus du Bénin, du Sénégal, du Tchad, du Burundi et de la République du Congo feront rayonner la richesse du théâtre du monde grâce aux voix passionnantes de comédiens et comédiennes passionnants réunis pour les lectures. Autrement dit, à quelques mètres du Palais des papes et à l'ombre de la Maison Jean Vilar, dédiée au célèbre fondateur du Festival d'Avignon, Ça va, ça va le monde ! continue à faire découvrir et à défendre les auteurs venus d'ailleurs, et à construire inéluctablement sa propre légende.

LE PROGRAMME

Mercredi 13 juillet à 18h dans le jardin de la rue de Mons : TOLI ! TOLI !

Qui dit Toli ! Toli ! invite à l'écoute d'une histoire qu'il ou elle s'apprête à raconter. Celle-ci prend la forme d'une palabre entre des artistes. Autrices et auteurs dramatiques, metteuses et metteurs en scène, chorégraphe, comédiennes et comédiens, conteur, musicienne et musicien, slameuse, poète d'horizons divers pour dire comment l'Afrique s'est racontée au travers de son théâtre.

Conçu et animé par Kouam Tawa, avec Penda Diouf, Sèdjro Giovanni Houansou, Koffi Kwahulé, Étienne Minoungou, Binda Ngazolo, Dieudonné Niangouna, Odile Sankara, Snake, Christiana Tabaro.

L'EDITION 2022 de Ça va, ça va le monde !

Du 15 au 20 juillet 2022 à 11h dans le jardin de la rue de Mons

RFI présente Ça va, ça va le Monde !, en coproduction avec le Festival d'Avignon et la compagnie [e]utopia, avec le soutien de la SACD, Wallonie-Bruxelles International, l'Institut Français, et l'Institut français du Bénin. Ce cycle de six lectures d'œuvres d'auteurs et autrices africains et haïtiens est coordonné par Pascal Paradou et dirigé par le metteur en scène Armel Roussel.

Ces lectures sont à retrouver chaque jour en direct sur la page Facebook de RFI, sur les antennes de la radio du monde chaque samedi du 30 juillet au 3 septembre à 17h10, ainsi qu'en podcasts.

15 juillet : Opéra Poussière de Jean D'Amérique (Haïti)

Lauréat du " Prix Théâtre RFI " (2021)

Oubliée de l'Histoire, Sanité Belair revient sur terre. Lieutenante de l'armée révolutionnaire haïtienne, résistante anticolonialiste, exécutée en 1802, à l'âge de 21 ans, par les soldats français, elle va se battre de nouveau pour réparer la mémoire et trouver sa place aux côtés des " pères de la Patrie ".

16 juillet : Course aux noces de Nathalie Hounvo Yekpe (Bénin)

Sur une proposition des Francophonies - Des écritures à la scène

Trois femmes et les " on-dit ". L'une est célibataire, l'autre est mariée par intérêt et la troisième de force. Un drame qui raconte la difficile lutte des femmes africaines pour choisir leur vie et faire face à la pression sociale et familiale.

17 juillet : Terre Ceinte de Mohamed Mbougar Sarr (Sénégal)

Adapté et mis en lecture par Aristide Tarnagda, et co-produit par La Charge du Rhinocéros

Écrit en 2015 par celui qui deviendra le premier écrivain d'Afrique subsaharienne à obtenir le prix Goncourt, ce roman explore la violence du terrorisme et ses conséquences sur une ville qui entre en résistance.

18 juillet : Celle des îles de Koulsy Lamko (Tchad)

À Nantes, l'Haïtienne Celile ou Celle des îles, conteuse et chanteuse de cabaret passe un casting pour égayer les soirées du restaurant " Le petit bateau négrier ". Femme ou esprit, elle réveille les mémoires détruites de l'esclavage.

19 juillet : Procès aux mémoires de Laura Sheïlla Inangoma (Burundi)

Sur proposition des Récréâtrales

Un procès. Trois femmes sont accusées d'assassinat et de sorcellerie. Mais les cadavres sont introuvables. Et les réseaux sociaux s'en mêlent. Une narration contemporaine sur la mémoire du sacré, la place du spirituel et les enjeux de la modernité.

20 juillet : Fantôme de Dieudonné Niangouna (République du Congo)

Mis en lecture par Catherine Boskowitz

Une famille confrontée à l'histoire et à la mémoire, celle d'un père tué au Cameroun par un rhinocéros blanc ? Trois frères et sœurs, accompagnés de leur neveu se retrouvent pour vendre la maison familiale, mais tout bascule quand surgit un vieillard qui ressemble étrangement au père décédé.

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