Le 20ème Congrès de l’Association des sociétés d’électricité d’Afrique (Asea) s’est ouvert, ce dimanche 17 juillet 2022 au Centre international de conférence Abdou Diouf de Diamniadio (Cicad) en posant la question sur les voies et moyens pouvant permettre d’avoir des sociétés qui opèrent pour le service public tout en étant performantes.
Une mission qui semble exaltante vue le commun des pays africains de servir une électricité abordable et de meilleur qualité à leurs populations.
« L’énergie constitue un enjeu pour l’Afrique au regard de son potentiel et des opportunités qu’elle lui offre et au regard des enjeux socioéconomiques, culturels et de développement », dira Mme Aïssatou Sophie Gladima, Ministre du Pétrole et des Energies. D’où la pertinence de ce rendez-vous de Dakar qui convoque la réflexion autour du thème : « Nécessité du service public et la performance des sociétés africaine d’électricité ».
Avec le choix d’un tel thème, le directeur général de la Société nationale d’électricité du Sénégal (Senelec), M. Pape Mademba Bitèye, estime que les sociétés d’électricité du continent doivent désormais se libérer des vielles croyances et des habitudes obsolètes qui leur faisaient croire à tort que le service public et la performance sont des positions antinomiques ou qui doivent s’exclure mutuellement.
Pour lui, il est révolu ce temps où une entreprise publique pouvait continuer à exister tout en restant en deçà de ce que l’on pouvait attendre d’elles simplement parce que les résultats n’étaient pas les éléments de référence dans l’appréciation de leur raison d’être.
« On ne peut plus et on ne doit plus se cacher derrière le rideau gouvernemental ou de l’état pour se permettre de faire fi de la nécessité de toujours être à la hauteur des attentes de résultats à l’image du secteur privé », a-t-il averti.
Pour le patron de Senelec, les sociétés africaines d’électricité doivent ensemble se résoudre à bouleverser cette vielle croyance de l’inadéquation entre la performance et le service public car maintenant les exigences de réussite et de résultats ne doivent plus être exclusives au secteur privé.
Il dis mesurer ainsi à leur juste valeur les enjeux qui sont devant les sociétés d’électricité dans un environnement où l’Afrique est obligée de travailler à la recherche de solutions endogènes pour relever le défi de l’accès aux services énergétiques modernes pour nos villes, nos campagnes, soutenir le développement de nos économies et subvenir aux besoins d’une population jeune et croissante.
Devant cet état de fait, le Ministre du Pétrole et des Énergies du Sénégal pense que des services publics d’électricité prospères, performants, efficaces et rentables sur le continent sont essentiels pour le développement de l’économie du continent.
Pour elle, les Sociétés d’électricité qui sont le fer de lance du service public doivent rester viables, performantes, efficaces, propre, résilientes et prospectives.
Dans la foulée, elle rappelle que le service public de l’électricité relève de la prérogative de l’État. Activités d’intérêt général, poursuit-elle, qui implique des obligations de fournir de l’énergie en continu, assurer la sécurité du système, s’adapter à l’évolution des besoins des usagers en termes de technologie et de coût, assurer une solidarité territoriale à travers la notion de péréquation des tarifs.
A son avis, les Sociétés d’électricité qu’elles soient publics ou privées, concessionnaire de service public, fermier, société de patrimoine peuvent bien être performantes à condition que le cadre institutionnel soit adéquat et que les règles du jeu soient respectées.
Une feuille de route énergétique pour consolider les acquis
Face à ces enjeux sur la question de l’énergie, le Ministre du Pétrole et des Énergies du Sénégal pense qu’une feuille de route énergétique s’impose pour consolider les acquis et garantir un meilleur approvisionnement énergétique des Pays Africains.
C’est ainsi qu’elle plaide pour une politique énergétique Africaine intégrant les questions sur les énergies nouvelles et renouvelables, le nucléaire, l’éolien offshore, l’hydrogène ainsi que toutes les questions connexes sur l’utilisation des véhicules électriques et le stockage de l’énergie.
Mme Aïssatou Sophie Gladima appelle également à l’accélération du développement des marchés de l’électricité au niveau Africain par la construction des corridors d’interconnexion et la réalisation progressive du marché unique de l’électricité en Afrique avec un réseau électrique africain intégré, qui permettrait de réduire considérablement le coût de l'électricité sur le continent et accroître la durabilité et la sécurité énergétique.
Pour elle, les pays doivent aussi travailler pour le lancement d’un programme industriel majeur pour la fabrication des composants et équipements électriques à partir des Matières premières tirées du sol Africain et transformées localement en Afrique. Mais aussi mettre en œuvre une approche de l'innovation à l'échelle du continent afin d'exploiter les capacités de recherche et de développement nécessaires pour atteindre tous les objectifs visés.
Elle pense que les acteurs doivent œuvrer pour la mise sur pied d’une institution de formation de Haut niveau orientée vers la recherche pour la promotion industrielle, la transformation des ressources naturelles et la fabrication de matériels adaptés aux normes Africaines. Sans occulter la création d’un fonds de préparation de projets régionaux financés sur la base d’une taxe sur les échanges d’énergie entre pays.
Sur cette même lancée, elle recommande la désignation d’un prix annuel d’excellence décerné par le Président de l’Union Africaine aux Sociétés d’électricité les plus performantes ayant démontré une croissance de leurs importations ou exportations d’électricité.
A cela s’ajoutent, la promotion de l’ouverture du secteur de l’énergie Africain au secteur privé dans le cadre de la ZLECAf avec un guichet spécial pour les entreprises du secteur électrique avec des incitations spéciales pour favoriser le commerce inter continental et la mobilisation pour la promotion du genre dans l’industrie dans les emplois, fonctions et postes de travail et œuvrons pour le renforcement de la gouvernance au niveau national. Également, mettre l’innovation dans les financements en vue d’accroître les flux financiers dans les projets du secteur de l'énergie.
Le vice-président de la BAD en charge de l’électricité, de l’énergie, du climat et de la croissance verte, M. Kevin Kanina Kariuki, pour sa part, souligne l’importance d’une transition énergétique équitable pour assurer un développement durable.
Il faut noter que l’un des moments forts de l’ouverture de ce 20ème congrès de l’ASEA est le passage de témoin au directeur général de Senelec, Pape Mademba Bitèye qui devient le nouveau président de cette association africaine pour un mandat allant jusqu’en 2025.