Le Sénégal, à l’instar des pays africains, s’est donné comme objectif d’atteindre un accès universel à l’électricité à l’horizon 2025. Un pari ambitieux qui, par ailleurs, suscite des interrogations vu les défis auxquels font face les sociétés d’électricité d’Afrique.
Animant une session sur « Secteur électricité au Sénégal : performance et défi » en marge du 20ème congrès de l’Association des sociétés d’électricité d’Afrique (Asea), le consultant Malick Ndaw a rappelé le scepticisme de la Banque mondiale par rapport à l’horizon 2025 que s’est fixé le Sénégal pour la réalisation de cet ’accès universel des populations.
Une appréhension qui s’explique par le retard dans les investissements nécessaires devant permettre l’atteinte des objectifs fixés. A cela s’ajoute le renchérissement du baril du pétrole actuellement pressé par la guerre entre l’Ukraine et la Russie.
Comme l’a souligné Mme Aïssatou Sophie Gladima, Ministre sénégalais du Pétrole et des Energies, le taux d’électrification en Afrique peine à se hisser à un niveau acceptable et en conformité avec un monde moderne dans lequel le continent doit trouver sa place.
Ce qui, selon M. Victor Benjamin, ancien président de l’ASEA, explique le fait que plus 640 millions d’Africains n’ont pas accès à l'énergie.
Cette situation correspond, d’après Mme Gladima, à un taux d'accès légèrement supérieur à 40 %, le niveau le plus faible du monde. « La consommation d'électricité par habitant en Afrique subsaharienne (Afrique du Sud exclue) est de 180 kWh, contre 13 000 kWh par habitant aux États-Unis et 6500 kWh en Europe », s’est-elle désolée.
Devant cet état de fait, elle se demande ainsi combien de temps faut-il encore pour supporter le paradoxe d’être le continent le plus riche en ressources de toutes sortes, aussi bien naturelles qu’humaines.
A son avis, des entrailles de la Guinée aux chutes du lac Victoria, l’eau coule à flots gratifiant au continent ainsi d’un potentiel hydraulique incommensurable. Que dire des bains ininterrompus de rayons solaires à travers l’Afrique.
Les découvertes de ressources gazières et pétrolières qui se succèdent sans discontinuer dans tous les coins de ce continent béni, n’ont pas été occultées.
Au Sénégal, chaque année la demande en électricité augmente de 9% compte tenu de la croissance démographique, renseigne M. Ndaw. Malgré l’ampleur du défi, le pays ne compte pas baisser les bras.
Après une enveloppe de 225 milliards de F Cfa consacrée à des réformes entreprises entre 2016 et 2018 et des investissements pour des puissances installées, le pays table sur le mix énergétique.
D’où l’option de valorisation du gaz naturel avec son fameux programme « gaz to power » qui travaille à convertir les centrales de Senelec qui, jusque-là, utilise en partie le fossile au gaz notamment avec les nombreuses découvertes en ressources gazières dans le pays.
Ce qui fait dire à M. Ndaw que « beaucoup de pays comptent sur le gaz pour réaliser l’accès universel en électricité pour leur population ». Avant de reconnaitre que depuis lors, « au Sénégal, il y a une nette amélioration dans la fourniture d’énergie ».
Sous cet angle, il faut souligner que la nouvelle formulation d’orientation par la commission de l’Union Africaine pour l’utilisation du gaz naturel comme source de production d’énergies qui renforce l’ambition du Sénégal de développer le gaz naturel considéré comme l’énergie du futur, moins polluante, propre, flexible pour les systèmes énergétiques africains.
Dans cet élan d’optimisme, le ministre sénégalais du pétrole et de l’énergie se désole du fait que le continent regorge pourtant de ressources énergétiques formidables, mais toujours trop faiblement exploitées.
A l’en croire, le continent détient plus de 10 térawatts de potentiel solaire, 350 gigawatts de potentiel hydroélectrique, 110 gigawatts de potentiel éolien, et 15 gigawatts en plus de potentiel géothermique à l’échelle mondiale.Cela n’inclut pas le charbon et le gaz, qui peuvent fournir une partie de l’électricité la moins chère du continent.
« L’Afrique ne peut fournir d’énergie à ses foyers ni à ses entreprises, à moins de libérer cet énorme potentiel d’énergies renouvelables et de le combiner avec l’énergie conventionnelle pour électrifier et éclairer le continent », fait-elle savoir.
Avant d’indiquer que « L'accès à une énergie bon marché est vitale donc non seulement pour atteindre les objectifs en matière de santé et d'éducation, mais également pour réduire le coût de l’énergie dans l’industrie, les services et créer les emplois dont l’Afrique a tant besoin ».
Sur cette lancée, M. Ndaw y greffe la nécessité d’attirer d’avantage d’investissements privés dans le secteur mais également de ressources de la part de nos États.