Afrique: La Côte d'Ivoire assurée d'atteindre l'accès universel à l'électricité avant 2030

M. Koffy Léandre N’Dri, Directeur Central chargé des études générales et de la planification stratégique à la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie), lors de sa présentation le mardi 19 juillet 2022 au 20ème Congrès de l'ASEA à Dakar.
20 Juillet 2022

Atteindre l’accès universel à des services énergétiques fiables et modernes, à un coût abordable d’ici à 2030 ne relève de l’utopie en Afrique. La Côte d’Ivoire l’a bien démontré.

M. Koffy Léandre N’Dri, Directeur Central chargé des études générales et de la planification stratégique à la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie) l’a confirmé : « L’accès universel est possible et on l’aura atteint avant 2030 en Côte d’Ivoire».

C’était lors de sa présentation faite sur le « Programme Électricité pour tous »,  le  mardi 19 juillet, troisième et dernier jour du 20ème Congrès de l’Association des sociétés d’électricité d’Afrique (Asea).

Selon lui, le gouvernement ivoirien avait fixé à la CIE (société privé en charge de l’exécution cette mission) d’atteindre un objectif annuel de raccorder 200 mille foyers sur une durée de sept ans.

Pour 2022, confie-t-il, l’objectif demandé est de 250 mille sans oublier de souligner que le record annuel jusque-là atteint est de 254 mille.

Le « Programme Électricité pour tous », souligne auparavant M. Koffy Léandre N’Dri, a permis à la Côte d’Ivoire, avec un taux de couverture de 77%, pour un taux d’accès à l’électricité de 92% de la population, de raccorder plus d’un million de foyers à fin 2021.

Selon lui, les importants programmes d’investissements réalisés dans les réseaux jusqu’à la fin de l’année 2021, va permettre d’atteindre 1,400 millions de ménages raccordés en fin 2022. Ce qui conforte ainsi les projections de la CIE d’atteindre les 100% entre 2028 ou 2029.

%

Il faut rappeler que l’objectif de départ était de raccorder un million de foyers en sept ans. Ce qui va permettre au pays de réaliser largement l’objectif n°7 de développement durable qu’est de « garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables et modernes, à un coût abordable d’ici 2030 ».

Le Directeur Central chargé des études générales et de la planification stratégique à la CIE fait savoir que face au financement de ce programme qui était la plus grosse problématique à traiter, la société exécutante a très tôt compris que si elle restait dans le schéma classique où il faut faire payer le ménage sur la base d’un devis, elle allait être bloquée.

« Si on s’était contenté de faire un programme qui ne concernait qu’à faire le raccordement entre le réseau et la maison, on allait être bloqué ».

Pour lui, le programme a intégré le coût de l’ensemble dans un seul guichet unique et voir comment faire financer le programme.

Un choix qui s’explique du fait que la plupart des ménages établis en ville ou dans le monde rural et qui s’adonnaient à une activité informelle ne disposaient pas forcément de cash pour payer un devis ou régler une facture régulière.

C’est ainsi que la CEI a jeté son dévolu sur le choix de trouver une solution permettant à ce ménage d’avoir accès à l’électricité sans trop de craintes.

C’est ainsi que le programme se fait avec du prépayer de tel sorte qu’au rythme où arrive le revenu le ménage a juste sa consommation.

« Un planteur de cacao, par exemple, qui vend sa récolte annuelle peut payer son énergie pour toute l’année sans la peur de tomber sur une facture salée ».

A la place d’un coût d’accès de 151 mille F Cfa, le ménage devrait de payer juste 1000 F Cfa comme ticket d’entrée pour mettre tout à sa disposition. Un solde qu’il paie sur une durée allant jusqu’à 10 ans.

En guise de compensation, rapporte M. N’Dri, la Côte d’Ivoire a mis en place un fonds public créé par une loi avec une gouvernance gérée par l’Etat pour mobiliser les ressources nécessaires afin de payer la différence.

Et de préciser que le fonds est alimenté par des dons de bailleurs, des ressources publiques, des emprunts sur le marché financier sans oublier la mise en place d’un fonds de garantie.

Avant d’ajouter que « le tout est fait de telle sorte  que le coût moyen de ce financement soit le plus bas possible et supportable sur la durée ».

Ce programme est également un modèle de réussite du partenariat public-privé dont l’exécution a été confiée à la Compagnie ivoirienne d’électricité (Cie) qui est une société privée.

Jusqu’en 2020, date d’arriver des premiers bailleurs de fonds, la CIE a déboursé 155 milliards de F Cfa de fonds sur propres pour débuter le projet, avec bien-sûr, un engagement de l’Etat de rembourser. D’après M. N’Dri, « avec le modèle mis en place, l’année prochaine, l’Etat aura fini de rembourser les premiers engagements que la CIE avait consenti ».

Des intentions de démultiplication exprimées par des pays voisins

Avec l’initiative pris à travers la CIE, le gouvernement ivoirien a lancé un message fort : « il faut qu’on apprenne nous aussi à développer la réflexion en interne, à envisager nos propres instruments en fonction des ressources qui nous sont propres. Une fois qu’on a fini de structurer nos programmes, il ne faut pas toujours rester à attendre un bailleur de fonds pour démarrer », renseigne M. N’Dri.

Ceci d’autant plus que le fonds mis en place permet au pays d’aller solliciter de l’argent dans une banque commerciale, sans difficulté parce que le montage est fait de telle sorte que le coût du financement est intégré au prix de l’offre qui est proposé aux populations. Au moment de rembourser, souligne ce responsable à la CIE, le montant arrêté comprend une quote-part qui sert au coût du financement.

Face à un cas de figure, si le pays a un bailleur de fonds tant mieux parce que ça ne fait que diminuer le coût du financement. S’il ne l’a pas, il ne s’arrêterait pas parce qu’il peut aller en demander sur le marché financier.

Ce modèle ivoirien doit servir de cas d’école aux pays de la sous-région dont la plupart sont loin d’atteindre l’objectif d’accès universel à l’horizon 2030. Heureusement que le 20ème Forum de l’ASEA a permis de se rendre compte que certains de Côte d’Ivoire ont exprimé une volonté de s’en inspirer.

C’est à l’image du Sénégal avec une équipe de la direction des études générales de Senelec qui a séjourné une semaine à Abidjan pour visiter les équipes et le dispositif opérationnels.

Selon M. N’dri, cette visite de partage d’expérience a permis à la partie ivoirienne de donner les outils techniques pour l’élaboration, la structuration ou les ajustements du programme, par rapport aux initiatives existaient au Sénégal.

A l’en croire, le même intérêt est exprimé par le Burkina Faso, la Cameroun, le Bénin, entre autres qui sont allés s’enquérir de l’expérience ivoirienne.

Pour lui, une reproduction réussie de ce modèle au niveau des autres pays, passe par le développement du partenariat sud-sud. Avant d’assurer que les responsables de la CIE font part de la disponibilité de la Côte d’Ivoire dans ce sens pour partager cette expérience.

« La direction générale de la CIE est même ouverte pour apporter un appui technique en envoyant ses experts dans les pays qui exprimeraient le besoin pour aider à comprendre l’environnement et essayer de structurer un projet », poursuit-il.

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