Afrique: L'échange de données entre sociétés d'électricité prôné pour lutter contre les cyberattaques

Forum des CEOs de l’Association des sociétés d’électricité d’Afrique (Asea) qui s’est tenu ce lundi 18 juillet 2022 à Dakar
18 Juillet 2022

Les sociétés d'électricité africaines ne dépensent que 7500 euros dans la formation de leur personnel alors que la norme internationale tourne autour d'un pour cent du chiffre d'affaires.

Ce qui, selon l'expert de l'ASEA qui a fait la révélation, montre qu'elles ne sont pas encore prêtes à faire face au phénomène de de cyberattaque qui engendrent des pertes d'exploitation qui impactent leurs chiffres d'affaires et perturbe la fourniture d'électricité destiné aux clients. La question a été au centre du Forum des CEOS de l'Association des sociétés d'électricité d'Afrique (Asea) qui s'est tenu ce lundi 18 juillet 2022 à Dakar.

L'expert de l'ASEA qui a   levé le lièvre, estime que les sociétés d'électricité africaine ne sont pas encore prêtes à faire face à ce phénomène. A l'en croire, 70% des incidents interviennent sur une vulnérabilité connue et qui date de deux à trois ans.

Ce qui fait dire à M. Harouna Bagayogo, directeur général délégué pôle systèmes informatiques de GS2E à la Compagnie ivoirienne d'électricité (Cie), que la question du risque est permanente. Avant d'avertir, les cyberattaques guettent tous les jours et une société seule ne peut pas faire face à ce phénomène.

A cela s'ajoute le fait que 40% des sociétés d'électricité ont perdu leurs données causes d'attaques informatiques. Une situation critique qui menace davantage la survie de nos sociétés d'électricité qui sont investis d'un service public.

Devant cet état de fait, M. Bagayogo appelle l'ASEA à encourager le partage de données entre les sociétés d'électricité pour prévenir tout menace ou attaque pouvant compromettre la fournir de cet intrant. Ce qui, à son avis, va consister à harmoniser la collecte des données pour disposer d'informations de qualité pour une meilleure prise de décision.

Un appel qui ne semble pas tombé dans l'oreille de sourd dans la mesure où, le nouveau président de l'ASEA, M. Pape Mademba Biteye, dans son discours d'ouverture, estime que les sociétés d'électricité d'Afrique ont encore de grandes marges de collaboration devant eux.

Selon lui, les enjeux et défis auxquels ces acteurs font face ont suffisamment de similitudes qu'ils leur imposent une approche coordonnée et harmonisée. « L'union nous renforce individuellement et multiplie les perspectives de développement du secteur électrique continental. Et c'est justement l'engagement solennel d'une organisation comme l'ASEA ».

S'adressant aux managers des sociétés d'électricité, M. Bitèye leur fait savoir que les leaders qu'ils sont doivent intégrer ce rationnel dans leur raisonnement et leur approche stratégique et cette rencontre de Dakar doit se dérouler dans cet esprit.

Le représentant de la Banque africaine de développement (Bad) à ce panel, M. Barth Baldé, pour sa part, remet au goût du jour la lancinante question de la bonne gouvernance dans les sociétés d'électricité d'Afrique pour une utilisation rationnelle des ressources et lutter contre la pauvreté. Il appelle ainsi les acteurs à identifier les réseaux des banques susceptibles d'accompagner le secteur.

La digitalisation comme l'arme de riposte des sociétés d'électricité

Pour le président de l'ASEA, Pape Mademba Biteye, par ailleurs, directeur général de Senelec, la digitalisation et la cyber sécurité sont déterminantes pour les sociétés d'électricité des temps modernes de même que le renforcement des capacités, le développement du capital humain et  un usage plus efficace du partenariat public-privé pour le financement des infrastructures électriques.

Face à la montée des cyberattaques, la digitalisation est présentée comme une opportunité pour réduire le risque et préserver leur outil de travail. C'est ainsi que M. Harouna Bagayogo appelle à la définition d'une voie politique de sécurité qui devra être basée sur les normes réactualisées annuellement. Une idée qui reprécise la demande faite à l'ASEA de créer un cadre de concertation pour le partage de données.

Sur la même lancée, les sociétés d'électricité sont appelées à faire des campagnes de sensibilisation et la formation au niveau interne pour faire évoluer la culture de cyber-sécurité. Sur ce point, un expert de l'ASEA confie que

Il leur a également été recommandé de faire audits réguliers de leur système informatique et développer des plans de continuité en cas d'incident.

Certains observateurs qui ont participé à l'animation du panel estiment que la digitalisation va aider les sociétés d'électricité à gagner le pari de l'optimisation des temps de coupures sur les réseaux mais également de connecter plus de consommateur et à moindre cout.

C'est à l'image de la Côte d'Ivoire où, à en croire, Harouna Bagayogo, 90% des opérations dans le monde rural se font à partir du mobil money mais également d'amoindrir l'impact du vol d'électricité.

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