Le procès de l'ancien directeur général de la société nationale des hydrocarbures, Gabon Oil Company, se poursuivait mardi 19 juillet. Devant la Cour criminelle spéciale, Christian Patrichi Tanasa et ses deux collaborateurs sont poursuivis pour détournement de fonds, complicité de détournement de fonds et blanchiment de capitaux. Ils ont dû répondre aux questions de la justice.
Depuis le box des accusés, Christian Patrichi Tanasa et ses coaccusés ont dû répondre à toutes les questions posées par la cour, s'agissant d'une instruction à la barre. La Cour a épluché une à une les pièces du dossier de l'accusation :
" À quoi ont servi les 100 millions de francs CFA [environ 153 000 euros] décaissés avec l'accord de la présidence de la République ", demande le président. " À payer les perdiems des ministres et autres cadres qui ont participé à une activité de la Compagnie ", répond Christian Patrichi Tanasa.
" Pourquoi avez-vous décaissé deux fois la somme de 95millions de francsCFA [soit environ 145 000 euros] en février 2019 ", demande la Cour. " C'est pour payer les associations venues accueillir le président de la République à l'aéroport, après son accident vasculaire cérébral ", répond l'accusé.
" Le mécénat, les dons, le sponsoring et les contrats d'assistance ont coûté près de 4milliards de francs CFA [soit 6,1 million d'euros] en 18mois. Est-ce normal pour une société en quasi faillite ", s'interroge la cour. " J'agissais sur ordre de la hiérarchie ", répond-il. " Pourquoi n'avoir pas dit non, de quoi aviez-vous peur ", demande la Cour. " Si j'avais dit non, mon séjour en prison serait intervenu plus tôt ", a-t-il répondu.
Christian Patrichi Tanasa a aussi justifié les frais de missions qui ont explosé, l'augmentation de ses primes et autres avantages accordé à ses collaborateurs. " On a l'impression que vous étiez un chef qui décidait de tout ", fait remarquer le président. " Il agissait dans le cadre de ses attributions prévues par les statuts de l'entreprise ", rétorque l'un de ses quatre avocats.
La défense de Christian Patrichi Tanasa demande son acquittement
Au terme de l'audition, Me Anges Kevin Nzigou a clairement indiqué que son client n'a rien détourné : " Aucun milliard, aucune centaine de milliards comme cela a été présenté dans la presse, n'a été apporté comme preuve de détournement de la part de mon client, donc on peut dire que cette instruction à la barre était comme une montagne qui a accouché d'une souris. "
Les plaidoiries auront lieu mercredi 20 juillet, mais Me Anges Kevin Nzigou plaide déjà la relaxe de son client : " Nous demandons tout simplement que la justice soit faite, que mon client soit purement et simplement acquitté, le contraire serait une véritable forfaiture. "
Ceux représentant l'État n'ont pas souhaité s'exprimer.