Afrique: Deuxième réunion du Comité d'urgence du Règlement sanitaire international (2005) concernant la flambée épidémique d'orthopoxvirose simienne touchant plusieurs pays

communiqué de presse

Le Directeur général de l'OMS transmet par la présente le rapport de la deuxième réunion du Comité d'urgence du Règlement sanitaire international (2005) (RSI) concernant la flambée épidémique d'orthopoxvirose simienne (variole du singe) touchant plusieurs pays, laquelle s'est tenue le jeudi 21 juillet 2022 de 12 heures à 19 heures (HNEC).

Le Directeur général de l'OMS remercie sincèrement le Président, les membres et les conseillers pour leur analyse attentive des questions relatives à cette flambée, ainsi que pour leur précieuse contribution à l'examen qu'il a mené. Les membres du Comité ne sont pas parvenus à un consensus sur l'avis à formuler concernant la détermination d'une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI) pour cet événement.

Le Directeur général de l'OMS reconnaît les complexités et les incertitudes associées à cet événement de santé publique. Après avoir examiné les points de vue des membres et des conseillers du Comité ainsi que d'autres facteurs conformément au Règlement sanitaire international, le Directeur général a déclaré que l'épidémie de variole du singe touchant plusieurs pays constitue une urgence de santé publique de portée internationale.

Le Directeur général de l'OMS a également tenu compte de l'avis du Comité pour émettre l'ensemble des recommandations temporaires présentées ci-dessous.

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Recommandations temporaires émises par le Directeur général de l'OMS concernant la flambée épidémique d'orthopoxvirose simienne touchant plusieurs pays

Ces recommandations temporaires s'appliquent à différents groupes d'États Parties, en fonction de leur situation épidémiologique, des schémas de transmission et de leurs capacités. Chaque État Partie, à un moment donné, relève soit du groupe 1, soit du groupe 2. Certains États Parties peuvent également relever du groupe 3 et/ou du groupe 4.

Toutes les recommandations temporaires doivent être mises en œuvre dans le plein respect des principes établis concernant les droits humains, l'inclusion et la dignité de tous les individus et de toutes les communautés.

Groupe 1 : États Parties, n'ayant aucun antécédent d'orthopoxvirose simienne dans la population humaine ou n'ayant pas détecté de cas d'orthopoxvirose simienne depuis plus de 21 jours

1.a. Activer ou établir des mécanismes de coordination sanitaire et multisectorielle pour renforcer tous les aspects de la capacité de réaction afin de riposter à l'orthopoxvirose simienne et d'arrêter la transmission interhumaine.

1.b. Planifier et/ou mettre en œuvre des interventions pour éviter la stigmatisation et la discrimination à l'égard de toute personne ou de tout groupe de population susceptible d'être touché par l'orthopoxvirose simienne, dans le but d'empêcher que la transmission du virus de la maladie se poursuive sans être détectée. L'objectif de ces interventions devrait être : d'encourager l'autodéclaration volontaire et un comportement de recherche de soins ; de faciliter l'accès en temps opportun à des soins cliniques de qualité ; de protéger les droits de l'être humain, la vie privée et la dignité des personnes touchées et de leurs contacts dans toutes les communautés.

1.c. Établir et intensifier la surveillance épidémiologique de la maladie, y compris l'accès à des tests de diagnostic fiables, abordables et précis, pour les états morbides compatibles avec l'orthopoxvirose simienne dans le cadre des systèmes nationaux de surveillance existants. Aux fins de la surveillance de la maladie, il convient d'adopter des définitions de cas pour les cas suspects, probables et confirmés d'orthopoxvirose simienne.

1.d. Intensifier la capacité de détection en sensibilisant et en formant les agents de santé, y compris ceux travaillant dans les soins de santé primaires, les services de santé sexuelle et de santé de l'appareil génito-urinaire, les unités de soins d'urgence, les cabinets dentaires, les services de dermatologie, de pédiatrie, de prise en charge de l'infection à VIH, des maladies infectieuses, de maternité, d'obstétrique et de gynécologie et les autres établissements de soins aigus.

1.e. Sensibiliser à la transmission du virus de l'orthopoxvirose simienne, aux mesures de prévention et de protection connexes, ainsi qu'aux symptômes et aux signes de la maladie les communautés qui, dans d'autres pays, sont actuellement affectées par cette flambée touchant plusieurs pays (surtout, mais non exclusivement, les hommes homosexuels, bisexuels et les autres hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes (HSH) ou les personnes ayant plusieurs partenaires sexuels, par exemple) comme les autres groupes de population qui peuvent être à risque (les travailleurs du sexe, les personnes transgenres, par exemple).

1.f. Mobiliser les principaux groupes communautaires, les réseaux de santé sexuelle et de la société civile afin d'accroître la diffusion d'informations fiables et factuelles concernant l'orthopoxvirose simienne et sa transmission potentielle à des populations ou des communautés, ou au sein de celles-ci, qui peuvent être à risque accru d'infection.

1.g. Concentrer les efforts de communication relative aux risques et de soutien communautaire sur les environnements et les lieux de rencontres sexuelles (manifestations réunissant des HSH, établissements à vocation sexuelle, par exemple). Cela suppose de collaborer avec les organisateurs d'événements à petite et grande échelle, ainsi qu'avec les propriétaires et les gérants d'établissements à vocation sexuelle pour promouvoir des mesures de protection individuelle et les comportements visant à réduire les risques.

1.h. Signaler immédiatement à l'OMS, par les voies établies en vertu des dispositions du RSI, les cas probables et confirmés d'orthopoxvirose simienne, y compris en utilisant l'ensemble de données minimales figurant dans le cahier d'observation de l'OMS.

1.i. Mettre en œuvre toutes les mesures nécessaires afin d'être prêt à appliquer ou à continuer à appliquer l'ensemble des recommandations temporaires énumérées pour le groupe 2 ci-dessous en cas de première détection ou de nouvelle détection d'un ou de plusieurs cas suspects, probables ou confirmés d'orthopoxvirose simienne.

Groupe 2 : États Parties, ayant des cas récemment importés d'orthopoxvirose simienne dans la population humaine et/ou connaissant autrement une transmission interhumaine du virus de l'orthopoxvirose simienne, y compris dans les principaux groupes de population et communautés à haut risque d'exposition

2.a.Mise en œuvre d'une riposte coordonnée

2.a.i. Mettre en œuvre de mesures de riposte dans le but d'arrêter la transmission interhumaine du virus de l'orthopoxvirose simienne, en mettant l'accent en priorité sur les communautés à risque élevé d'exposition, qui peuvent différer selon le contexte et inclure les hommes homosexuels, bisexuels et les autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH). Parmi ces mesures figurent : la communication ciblée sur les risques et la mobilisation communautaire, la détection des cas, l'isolement des cas avec un soutien et le traitement, la recherche des contacts et la vaccination ciblée des personnes à risque élevé d'exposition à l'orthopoxvirose simienne.

2.a.ii. Responsabiliser les communautés touchées et leur permettre, en les soutenant, de jouer un rôle directeur dans la conception de la riposte au risque sanitaire auquel elles sont confrontées, la participation active à celle-ci et son suivi. Élargir les ressources techniques, financières et humaines dans la mesure du possible et maintenir la responsabilité mutuelle pour les mesures des communautés touchées.

2.a.iii. Mettre en œuvre des mesures de riposte dans le but de protéger les groupes vulnérables (personnes immunodéprimées, enfants, femmes enceintes) qui peuvent être à risque de contracter une forme grave de l'orthopoxvirose simienne. Parmi ces mesures figurent : la communication ciblée sur les risques et la mobilisation communautaire, la détection des cas, l'isolement des cas avec un soutien et le traitement, la recherche des contacts et la vaccination ciblée des personnes à risque élevé d'exposition à l'orthopoxvirose simienne. Ces mesures peuvent également inclure une vaccination ciblée qui prend soigneusement en considération les risques et les avantages pour la personne dans le cadre d'une prise de décision clinique conjointe.

2.b.Mobilisation et protection des communautés

2.b.i. Sensibiliser à la transmission du virus de l'orthopoxvirose simienne, aux mesures visant à réduire le risque de poursuite de la transmission à d'autres personnes et à la présentation clinique dans les communautés touchées par l'épidémie, qui peuvent varier selon le contexte, et promouvoir l'adoption et l'utilisation appropriée de mesures de prévention et l'adoption de mesures d'atténuation des risques éclairées. Dans différents contextes, cela comprendrait, pour les personnes symptomatiques, la limitation des contacts peau à peau ou d'autres formes de contact étroit avec d'autres personnes ; pourrait également être incluse la promotion de la réduction du nombre de partenaires sexuels, le cas échéant, y compris lors des événements comportant des lieux de relations sexuelles, l'utilisation de mesures et de pratiques de protection individuelle, y compris pendant et en relation avec les petites ou grandes manifestations de communautés à risque élevé d'exposition.

2.b.ii Collaborer avec les organisateurs de manifestations (petites et grandes), y compris celles susceptibles d'être propices à des rencontres de nature sexuelle ou pouvant inclure des lieux de relations sexuelles, pour promouvoir des mesures et des comportements de protection individuelle, encourager les organisateurs à appliquer une approche fondée sur le risque lors de la tenue de tels événements et discuter de la possibilité de reporter les événements pour lesquels des mesures d'atténuation des risques ne peuvent pas être mises en place. Toutes les informations nécessaires devraient être fournies pour la communication sur les risques concernant les choix personnels et pour la lutte contre les infections, y compris le nettoyage régulier des lieux et des locaux des événements.

2.b.iii. Élaborer et cibler des interventions de communication sur les risques et de mobilisation communautaire, y compris sur la base d'une écoute sociale systématique (au moyen de plateformes numériques par exemple) pour détecter les perceptions et les préoccupations émergentes et réagir à la propagation des fausses informations qui pourraient entraver les mesures de riposte.

2.b.iv. Collaborer avec les représentants des communautés touchées, les organisations non gouvernementales, les dirigeants élus et la société civile, ainsi qu'avec les spécialistes du comportement, en vue de donner des conseils sur les approches et les stratégies visant à éviter la stigmatisation de tout individu ou groupe de population lors de la mise en œuvre d'interventions appropriées, afin de favoriser le comportement de recherche de soins, les tests et l'accès aux mesures de prévention et aux soins cliniques en temps voulu, et de prévenir la transmission non détectée du virus de l'orthopoxvirose simienne.

2.c.Mesures de surveillance et de santé publique

2.c.i. Intensifier la surveillance des états morbides compatibles avec orthopoxvirose simienne dans le cadre des programmes nationaux de surveillance existants, y compris l'accès à des tests de diagnostic fiables, abordables et précis.

2.c.ii. Signaler à l'OMS, par les voies établies en vertu des dispositions du RSI, les cas probables et confirmés d'orthopoxvirose simienne, y compris en utilisant l'ensemble de données minimales figurant dans le cahier d'observation de l'OMS.

2.c.iii. Renforcer les capacités des laboratoires et les capacités internationales d'aiguillage des échantillons, au besoin, pour le diagnostic de l'infection par le virus de l'orthopoxvirose simienne et la surveillance connexe, moyennant l'utilisation de tests d'amplification des acides nucléiques (TAAN), telle que l'amplification en chaîne par polymérase (PCR) en temps réel ou conventionnelle.

2.c.iv. Renforcer les capacités de séquençage génomique et, au besoin, les capacités internationales d'aiguillage des échantillons, en s'appuyant sur les capacités de séquençage existantes dans le monde entier, pour déterminer les clades de virus en circulation et leur évolution, et partager les données de séquence génétique par le biais de bases de données accessibles au public.

2.c.v. Isoler les cas pendant toute la durée de la période infectieuse. Les politiques relatives à l'isolement des cas devraient englober le soutien sanitaire, psychologique, matériel et essentiel pour permettre des conditions de vie adéquate. Tout ajustement des politiques d'isolement à la fin de la période d'isolement supposerait que le risque résiduel pour la santé publique est atténué.

2.c.vi. Pendant la période d'isolement, les cas doivent être informés de la manière de réduire au minimum le risque de transmission.

2.c.vii. Effectuer la recherche des contacts parmi les personnes en contact avec toute personne qui peut être un cas suspect, probable ou confirmé d'orthopoxvirose simienne, y compris l'identification des contacts (protégée par la confidentialité), la prise en charge et le suivi pendant 21 jours moyennant un suivi de l'état de santé qui peut être effectué par le patient lui-même ou avec l'aide d'agents de santé publique. Les politiques relatives à la prise en charge des cas devraient englober le soutien sanitaire, psychologique, matériel et essentiel pour permettre des conditions de vie adéquate.

2.c.viii. Envisager l'utilisation ciblée de vaccins contre la variole de deuxième ou de troisième génération ou de vaccins contre l'orthopoxvirose simienne (ci-après les " vaccins ") pour la prophylaxie post-exposition chez les contacts, y compris les contacts familiaux, sexuels et autres, des cas communautaires et les agents de santé lorsqu'il y a pu avoir une rupture de l'équipement de protection individuelle (EPI).

2.c.ix. Envisager l'utilisation ciblée de vaccins pour la prophylaxie préexposition chez les personnes à risque d'exposition ; il peut s'agir d'agents de santé à risque élevé d'exposition, de personnel de laboratoire travaillant avec des orthopoxvirus, de personnel de laboratoire clinique effectuant des tests de diagnostic de l'orthopoxvirose simienne et de communautés à haut risque d'exposition ou ayant des comportements à haut risque, telles que les personnes qui ont plusieurs partenaires sexuels.

2.c.x. Convoquer le groupe consultatif technique national sur la vaccination (NITAG) pour toute décision relative à la politique de vaccination et à l'utilisation des vaccins. Ces décisions devraient s'appuyer sur une analyse risques-avantages. En toutes circonstances, les personnes vaccinées doivent être informées du temps nécessaire pour que l'immunité protectrice potentiellement offerte par la vaccination soit efficace.

2.c.xi. Faire participer les communautés à haut risque d'exposition au processus décisionnel concernant le déploiement d'un vaccin quel qu'il soit.

2.d.Prise en charge clinique et lutte anti-infectieuse

2.d.i. Établir et utiliser les parcours et les protocoles de soins cliniques recommandés pour le dépistage, le triage, l'isolement, les tests et l'évaluation clinique des cas suspects d'orthopoxvirose simienne ; proposer une formation aux prestataires de soins de santé en conséquence et suivre la mise en œuvre de ces protocoles.

2.d.ii. Établir et mettre en œuvre des protocoles liés aux mesures de lutte anti-infectieuse, englobant les aspects techniques et administratifs et l'utilisation d'EPI ; proposer une formation aux prestataires de soins de santé en conséquence et suivre la mise en œuvre de ces protocoles.

2.d.iii Fournir aux agents de santé et de laboratoire un EPI adéquat, selon les besoins des établissements de santé et des laboratoires, et fournir à tout le personnel une formation sur l'utilisation de l'EPI.

2.d.iv. Établir, mettre à jour et mettre en œuvre des protocoles de soins cliniques pour la prise en charge des patients atteints de l'orthopoxvirose simienne sans complications (par exemple, garder les lésions propres, lutter contre la douleur et maintenir une hydratation et une nutrition adéquates) ; avec des symptômes graves ; avec des complications aiguës ; ainsi que pour le suivi et la prise en charge des séquelles à moyen ou long terme.

2.d.v. Harmoniser la collecte de données et rendre compte des résultats cliniques, en utilisant la plateforme clinique mondiale de l'OMS pour l'orthopoxvirose simienne.

2.e.Recherche sur les contre-mesures médicales

2.e.i. Faire tous les efforts possibles pour utiliser les vaccins existants ou nouveaux contre l'orthopoxvirose simienne dans le cadre d'études collaboratives sur l'efficacité clinique, en utilisant des méthodes de conception normalisées et des outils de collecte de données pour les données cliniques et les données relatives aux issues, afin d'accroître rapidement la production d'éléments de preuve sur l'efficacité et l'innocuité, de recueillir des données sur l'efficacité des vaccins (comme la comparaison de schémas vaccinaux à une ou deux doses), et de mener des études sur l'efficacité des vaccins.

2.e.ii Faire tous les efforts possibles pour utiliser des agents thérapeutiques et antiviraux existants ou nouveaux pour le traitement des cas d'orthopoxvirose simienne dans le cadre d'études collaboratives sur l'efficacité clinique, en utilisant des méthodes de conception et des outils de collecte de données normalisés pour les données cliniques et les données relatives aux issues, afin d'accroître rapidement la production d'éléments de preuve sur l'efficacité et l'innocuité.

2.e.iii. Lorsque l'utilisation de vaccins et d'antiviraux contre l'orthopoxvirose simienne dans un contexte de recherche collaborative n'est pas possible, l'utilisation dans le cadre de protocoles d'accès élargis, comme le protocole d'utilisation contrôlée en situation d'urgence d'interventions non homologuées et expérimentales (MEURI), peut être envisagée dans certaines circonstances, en utilisant une collecte de données harmonisée pour les issues cliniques (comme la plateforme clinique mondiale de l'OMS pour l'orthopoxvirose simienne).

2.f.Voyages internationaux

2.f.i. Adopter et appliquer les mesures suivantes :

- toute personne

- présentant des signes et des symptômes compatibles avec l'infection par le virus de l'orthopoxvirose simienne ; ou considérée comme un cas suspect, probable ou confirmé d'orthopoxvirose simienne par les autorités sanitaires compétentes ; ou

- qui a été identifiée comme contact d'un cas d'orthopoxvirose simienne et, par conséquent, fait l'objet d'une surveillance sanitaire,

devrait éviter d'entreprendre un voyage quel qu'il soit, y compris international, jusqu'à ce qu'il soit déterminé qu'elle ne représente plus un risque pour la santé publique. Les exemptions concernent toute personne qui doit entreprendre un voyage pour obtenir des soins médicaux d'urgence ou fuir une situation mettant sa vie en danger, telle qu'un conflit ou une catastrophe naturelle ; et les contacts pour lesquels des dispositions préalables au départ visant à assurer la continuité de la surveillance sanitaire sont convenues par les autorités sanitaires infranationales concernées ou, dans le cas de voyages internationaux, par les autorités sanitaires nationales ;

- les travailleurs frontaliers, qui sont identifiés comme contacts d'un cas d'orthopoxvirose simienne et, par conséquent, sous surveillance sanitaire, peuvent poursuivre leurs activités quotidiennes habituelles à condition que la surveillance sanitaire soit dûment coordonnée par les autorités sanitaires compétentes des deux/différents côtés de la frontière.

2.f.ii. Établir des canaux opérationnels entre les autorités sanitaires, les autorités chargées des transports et les opérateurs des moyens de transport et des points d'entrée pour :

- faciliter la recherche internationale des contacts en lien avec les personnes qui ont développé des signes et des symptômes compatibles avec l'infection par le virus de l'orthopoxvirose simienne pendant le voyage ou au retour ;

- fournir du matériel de communication aux points d'entrée sur les signes et les symptômes compatibles avec l'orthopoxvirose simienne ; la prévention et la lutte anti-infectieuse ; et sur comment se faire soigner au lieu de destination ;

L'OMS déconseille toute mesure supplémentaire générale ou ciblée liée aux voyages internationaux autre que celles spécifiées aux paragraphes 2.f.i et 2.f.ii.

Groupe 3 : États Parties, dans lesquels la transmission zoonotique de l'orthopoxvirose simienne est connue ou suspectée, y compris ceux où l'on sait que la transmission zoonotique de l'orthopoxvirose simienne existe ou a été signalée dans le passé, ceux où la présence du virus de l'orthopoxvirose simienne a été attestée chez une espèce animale quelle qu'elle soit et ceux où l'infection des espèces animales peut être suspectée, y compris dans les pays nouvellement touchés.

3.a. Établir ou activer la coordination collaborative selon le principe " Une seule santé " ou d'autres mécanismes aux niveaux fédéral, national, infranational et/ou local, selon le cas, entre les autorités de santé publique, les autorités vétérinaires et celles chargées de la faune sauvage pour comprendre, surveiller et gérer le risque de transmission de l'animal à l'être humain et de l'être humain à l'animal dans les habitats naturels, les forêts et autres environnements sauvages ou gérés, les réserves de vie sauvage, les milieux domestiques et péridomestiques, les zoos, les animaleries, les refuges pour animaux et tous les environnements où les animaux peuvent entrer en contact avec les ordures ménagères.

3.b. Entreprendre des enquêtes et des études détaillées des cas pour caractériser les schémas de transmission, y compris les passages présumés ou documentés de l'animal à l'être humain et inversement. Dans tous les contextes, les formulaires d'enquête sur les cas doivent être mis à jour et adaptés pour obtenir des renseignements sur l'ensemble des expositions possibles et des modes de transmission zoonotique et interhumaine. Partager les conclusions de ces efforts, y compris le signalement régulier des cas, avec l'OMS.

Groupe 4 : États Parties ayant une capacité de fabrication de contre-mesures médicales

4.a. Les États Parties qui disposent d'une capacité de fabrication des produits de diagnostic, des vaccins ou des traitements de la variole et de l'orthopoxvirose simienne devraient accroître la production et la disponibilité de contre-mesures médicales.

4.b. Les États Parties et les fabricants devraient collaborer avec l'OMS pour veiller à ce que les produits de diagnostic, les vaccins, les traitements et les autres fournitures nécessaires soient mis à la disposition des pays où ils sont le plus nécessaires pour soutenir les efforts visant à enrayer la propagation de l'orthopoxvirose simienne, compte tenu des besoins de santé publique et conformément au principe de solidarité, et à un coût raisonnable.

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Compte rendu de la réunion

La deuxième réunion du Comité d'urgence du Règlement sanitaire international concernant l'épidémie multipays d'orthopoxvirose simienne (variole du singe) a été organisée par Zoom, le Président et la Vice-Présidente étant présents en personne dans les locaux du Siège de l'OMS, à Genève (Suisse).

Les membres et conseillers ont participé par vidéoconférence. Au total, 15 des 16 membres du Comité et ses 10 conseillers ont participé à la réunion.

Le Directeur général de l'OMS a accueilli le Comité en indiquant qu'il l'avait à nouveau convoqué pour évaluer les conséquences immédiates et à moyen terme sur la santé publique de l'évolution de l'épidémie multipays d'orthopoxvirose simienne et pour que ses membres donnent leur point de vue sur la question de savoir si cet événement constituait une urgence de santé publique de portée internationale.

Le Directeur général de l'OMS s'est déclaré préoccupé par le nombre de cas signalés à l'OMS dans un nombre croissant de pays et a mis en avant les difficultés découlant de la complexité des schémas de transmission dans les différentes Régions. Il a également précisé être parfaitement conscient que la détermination de l'existence d'une urgence de santé publique de portée internationale supposait la prise en compte de nombreux facteurs, le but, au final, étant de protéger la santé publique.

Le Représentant du Bureau du Conseiller juridique a informé les membres et les conseillers de leurs rôles et responsabilités et du mandat du Comité d'urgence en application des articles pertinents du Règlement sanitaire international.

Le Responsable des questions d'éthique du Département Conformité, gestion des risques et éthique a informé les membres et les conseillers de leur rôle et de leurs responsabilités. Il a également été rappelé aux membres et aux conseillers qu'ils étaient tenus à la confidentialité quant aux débats et aux travaux du Comité et qu'il leur incombait individuellement de signaler à l'OMS, aussi rapidement que possible, tout intérêt de nature personnelle, professionnelle, financière, intellectuelle ou commerciale pouvant donner lieu à un conflit d'intérêts direct ou apparent. Chaque membre et conseiller présent a été interrogé. Aucun conflit d'intérêts n'a été identifié.

La conduite de la réunion a été confiée au Président du Comité d'urgence, le Dr Jean-Marie Okwo Bele, qui en a présenté les objectifs : donner des avis au Directeur général de l'OMS sur la question de savoir si l'épidémie multipays d'orthopoxvirose simienne constituait une urgence de santé publique de portée internationale et, dans l'affirmative, examiner les recommandations temporaires proposées à l'intention des États Parties.

Présentations

Le Secrétariat de l'OMS a présenté la situation épidémiologique mondiale en soulignant qu'entre le 1er janvier et le 20 juillet 2022, 14 533 cas probables et confirmés en laboratoire (dont 3 décès au Nigéria et 2 en République centrafricaine) avaient été notifiés à l'OMS dans 72 pays dans les six Régions de l'OMS, contre 3 040 cas dans 47 pays au début du mois de mai 2022.

La transmission concerne de nombreux pays qui n'avaient jamais signalé de cas d'orthopoxvirose simienne et ce sont actuellement les pays de la Région européenne et de la Région des Amériques de l'OMS qui font état du plus grand nombre de cas.

À l'heure actuelle, la majorité des cas signalés d'orthopoxvirose simienne touchent des hommes, pour la plupart des hommes qui se sont identifiés comme homosexuels, bisexuels et autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), dans les zones urbaines, et qui sont regroupés au sein de réseaux sociaux et sexuels. Parmi les premiers signalements d'enfants touchés, il s'en trouve quelques-uns n'ayant aucun lien épidémiologique connu avec d'autres cas.

On constate aussi une forte hausse du nombre de cas dans les pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre, où le profil démographique des personnes concernées semble être différent de celui observé en Europe et dans les Amériques, puisque l'on compte plus de femmes et d'enfants parmi les cas.

Selon les estimations des modèles mathématiques, le taux de reproduction de base (R0) est supérieur à 1 dans les populations HSH et inférieur à 1 dans les autres situations. Ainsi, le R0 estimé s'établit à 1,8 en Espagne, à 1,6 au Royaume-Uni et à 1,4 au Portugal.

Le tableau clinique de l'orthopoxvirose simienne observée lors d'épidémies en dehors de l'Afrique est généralement celui d'une maladie spontanément résolutive, souvent atypique par rapport aux cas décrits dans les épidémies précédentes, avec des lésions cutanées localisées dans la région génitale, périnéale/péri-anale ou péri-orale, qui ne se propagent généralement pas davantage et apparaissent avant le développement de l'adénopathie, de la fièvre, de la sensation de malaise et de la douleur associées aux lésions.

La période d'incubation moyenne parmi les cas signalés est estimée entre 7,6 et 9,2 jours (d'après les données de surveillance des Pays-Bas, du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord [Royaume-Uni] et des États-Unis d'Amérique [États-Unis]). L'intervalle sériel moyen est estimé à 9,8 jours (IC à 95 % : 5,9-21,4 jours, sur la base de 17 paires cas-contact au Royaume-Uni).

Un petit nombre de cas ont été signalés parmi les agents de santé. Jusqu'à présent, les enquêtes n'ont pas permis d'identifier de cas de transmission en pratique professionnelle, même si ces enquêtes sont toujours en cours.

Le Secrétariat a fait valoir que, bien que le nombre de cas et de pays concernés par des flambées épidémiques d'orthopoxvirose simienne semblait augmenter, l'évaluation des risques par l'OMS n'a pas changé depuis la première réunion du Comité le 23 juin 2022. Le risque est dès lors considéré comme " modéré " au niveau mondial et dans les six Régions de l'OMS, à l'exception de la Région européenne, où il est considéré comme " élevé ".

Les travaux de modélisation menés par le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) et l'Autorité de préparation et de réaction en cas d'urgence sanitaire (HERA) de la Commission européenne laissent entendre que l'isolement des cas et la recherche des contacts pourraient être efficaces pour maîtriser l'épidémie. Cependant, l'expérience opérationnelle acquise à ce jour dans le cadre de la riposte à cet événement indique que la mise en œuvre de telles interventions dans la pratique est extrêmement difficile : l'identification des cas est entravée par des obstacles à l'accès aux tests de diagnostic ; l'isolement des cas pendant 21 jours est difficile dans le contexte actuel de l'après-confinement lié à la pandémie de COVID-19 ; et la recherche des contacts est difficile, car ceux-ci sont souvent multiples et peuvent être anonymes. La modélisation réalisée par l'ECDC et l'HERA laissent penser que l'ajout d'interventions liées à la vaccination peut accroître les chances de maîtriser l'épidémie, la prophylaxie préexposition pour les personnes à haut risque d'exposition semblant être la stratégie la plus efficace pour utiliser les vaccins lorsque la recherche des contacts est moins efficace ou impossible à réaliser. Cependant, le manque de données sur l'efficacité des vaccins contre l'orthopoxvirose simienne en conditions réelles constitue l'une des limites des travaux de modélisation menés. En outre, la mise en application d'une telle stratégie de vaccination ne va pas sans poser de difficultés, notamment en ce qui concerne l'accès aux vaccins.

Le séquençage génomique du virus obtenu dans plusieurs pays fait apparaître une certaine divergence par rapport au clade ouest-africain. Des travaux sont en cours pour comprendre si les modifications génomiques observées entraînent des modifications phénotypiques, comme un renforcement de la transmissibilité, de la virulence, de la capacité d'échappement immunitaire et de la résistance aux antiviraux ou une baisse de l'impact des contre-mesures.

Même si l'on sait que de nombreuses espèces animales sont sensibles à l'orthopoxvirus simien dans le milieu naturel (p. ex., funisciurus, écureuil de Smith, rat de Gambie, loirs africains et primates), il n'est pas exclu que le virus puisse se propager des humains à d'autres espèces animales sensibles dans d'autres contextes. À ce jour, le Secrétariat de l'OMS et ses partenaires " Une seule santé " (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture [FAO] et Organisation mondiale de la santé animale [OMSA]) ne disposent d'aucune preuve avérée de cas de transmission anthropozoonotique.

Le Secrétariat de l'OMS a également exposé les grandes lignes de la riposte de l'OMS jusqu'à présent et des travaux en cours pour élaborer le Plan stratégique de préparation opérationnelle et de riposte de l'OMS pour l'orthopoxvirose simienne, dont l'objectif général est d'arrêter la transmission interhumaine.

Les représentants de l'Espagne, du Royaume-Uni, des États-Unis, du Canada et du Nigéria ont informé le Comité (dans cet ordre) de la situation épidémiologique dans leur pays et des efforts qu'ils menaient en matière d'intervention. À l'exception du Nigéria, les quatre autres pays ont signalé que 99 % des cas concernaient les HSH, en particulier ceux d'entre eux qui avaient plusieurs partenaires.

En Espagne, le nombre de cas diminue depuis quelques semaines, mais il est probable que les données soient incomplètes en raison de retards dans les déclarations. La plupart des cas ont été signalés dans les grandes zones urbaines et un très petit nombre d'entre eux concernaient des femmes et des enfants pour lesquels il existait un lien épidémiologique avec les HSH. Une prophylaxie préexposition par la vaccination est proposée aux agents de santé, aux contacts et aux personnes vivant avec le VIH, mais les stocks de vaccins sont faibles.

Le Royaume-Uni a signalé quelques cas graves d'orthopoxvirose simienne (y compris avec encéphalite) et le pays prévoit également de modifier sa définition de cas pour la maladie, afin d'y inclure des affections qui viennent d'être reconnues, comme la proctite. Des études environnementales ont permis d'identifier l'ADN de l'orthopoxvirus simien (soupçonné d'être infectieux en raison de valeurs de Ct modérées) sur des surfaces dans des hôpitaux et des lieux d'habitation privés. La stratégie vaccinale est ciblée et vise à interrompre la transmission par une prophylaxie post- et préexposition chez les HSH les plus exposés.

Aux États-Unis, les cas d'orthopoxvirose simienne sont largement répartis dans tout le pays, même s'ils se concentrent pour la plupart dans trois grandes villes. Bien que quelques cas aient concerné des enfants et une femme enceinte, 99 % d'entre eux sont liés à des rapports sexuels entre hommes.

Au Canada, 99 % des cas concernent des HSH et le pays adopte une approche générale de la prophylaxie préexposition, compte tenu des difficultés liées à la recherche des contacts. De plus, il s'attache dans une très large mesure à collaborer avec les organisations communautaires qui apportent un soutien aux principaux groupes de populations touchés.

Le Nigéria a enregistré un peu plus de 800 cas d'orthopoxvirose simienne entre septembre 2017 et le 10 juillet 2022 et a enregistré un taux de létalité de 3 % parmi les cas confirmés. Ces cas concernent en grande partie des hommes âgés de 31 à 40 ans sans qu'il y ait aucune preuve de transmission par voie sexuelle. C'est en 2022 que l'on recense le plus grand nombre de cas notifiés en un an depuis 2017.

Au terme de ces exposés, les membres et conseillers du Comité sont passés à une séance de questions-réponses à l'intention du Secrétariat et des pays qui ont présenté leur situation.

Un large éventail de questions continuent de préoccuper le Comité, notamment : la nécessité de mieux comprendre la dynamique de transmission ; les conséquences de la peur de la stigmatisation sur les comportements de recours aux soins chez les HSH ; les éventuelles répercussions sur l'offre de soins fondée sur les droits de la part des ministères de la Santé et d'autres autorités ; les enjeux liés au recours à des mesures sociales et de santé publique pour enrayer la poursuite de transmission, y compris l'isolement, l'accès au dépistage et la recherche des contacts, en particulier en raison de la multiplicité des contacts et de leur caractère anonyme ; les grands rassemblements centrés sur les HSH prévus à l'échelle locale et internationale et les manifestations parallèles publiques et privées qui y sont liées, susceptibles d'accroître les possibilités d'exposition par des relations sexuelles intimes et de donner plus d'ampleur à l'épidémie par la suite ; la nécessité d'évaluer les interventions en continu peut avoir eu une incidence sur la transmission (p. ex., les schémas de vaccination à une dose ou à deux doses et l'efficacité réelle du vaccin en général, compte tenu des expositions apparentes à travers les muqueuses qui provoquent l'infection dans certains cas) ; et l'identification d'activités fondamentales pour la communication ciblée des risques et la mobilisation communautaire, en travaillant en partenariat étroit avec les communautés touchées et en apportant un soutien nécessaire aux organisations dirigées par la communauté pour qu'elles jouent le rôle important qui leur revient dans la riposte à l'épidémie.

Certaines inquiétudes ont plus particulièrement porté sur la façon dont le prix des vaccins et des antiviraux serait établi, sur leur distribution et sur leur mise à disposition de manière équitable dans un avenir proche.

Séance délibérative

Le Comité s'est réuni à nouveau en séance privée pour examiner les questions relatives au fait de savoir si l'événement constitue ou non une urgence de santé publique de porte internationale et, dans l'affirmative, pour examiner les recommandations temporaires, rédigées par le Secrétariat de l'OMS conformément aux dispositions du Règlement sanitaire international.

À la demande du Président, le Secrétariat de l'OMS a rappelé aux membres du Comité leur mandat et a redonné la définition d'une urgence de santé publique de portée internationale aux termes du Règlement sanitaire international : un événement extraordinaire, qui constitue un risque pour la santé publique pour d'autres États en raison du risque de propagation internationale de maladies, et qui peut requérir une action internationale coordonnée.

Le Comité a examiné les données probantes recueillies par le Secrétariat au regard des éléments de réflexion qu'il avait proposé de prendre en considération lors de sa première réunion aux fins de réévaluer l'épidémie. Le Comité a fait remarquer le niveau de confiance généralement modéré à l'égard des données disponibles pour prendre une décision en tout état de cause sur la base de ces éléments de réflexion.

À partir des données actuellement disponibles, il apparaît que sur les neuf éléments de réflexion mis en avant, deux ont connu un changement significatif depuis la réunion précédente : une augmentation du nombre de pays signalant leur(s) premier(s) cas d'orthopoxvirose simienne, et une augmentation du nombre de cas dans certains pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre. Une légère hausse du taux de croissance global de l'épidémie était avérée. Bien que des cas aient été signalés parmi les agents de santé, la plupart des signalements concernaient une exposition dans la communauté. Un nombre limité de cas ont été signalés chez des travailleurs du sexe sur la base de notifications et d'une veille sur les réseaux sociaux. On a signalé une transmission secondaire à quelques enfants et quelques femmes. Une transmission limitée aurait été observée parmi des groupes vulnérables (personnes immunodéprimées, femmes enceintes ou enfants), même si, selon les rapports, un petit nombre d'enfants n'avaient pas de lien épidémiologique avec un autre cas. Bien que l'on continue de signaler des malades souffrant de douleurs intenses, qui nécessitent parfois une hospitalisation pour prendre en charge la douleur ou une infection secondaire, et que la gravité clinique des cas n'ait, globalement, pas évolué depuis la réunion précédente, quelques cas graves, deux admissions aux soins intensifs et cinq décès ont été signalés. À l'heure actuelle, il n'existe aucune donnée sur une éventuelle contamination des animaux par les humains. En ce qui concerne les mutations possibles du génome viral, des enquêtes sont en menées pour analyser les mutations susceptibles d'affecter les caractéristiques du virus. À ce jour, aucune circulation du clade du virus normalement présent en Afrique centrale n'a été signalée en dehors des paramètres habituels.

Conclusions

Les membres du Comité ont exprimé des points de vue variés sur les éléments de réflexion dont ils étaient saisis. Ils ne sont pas parvenus à un consensus quant aux conseils à donner au Directeur général de l'OMS sur la question de savoir s'il devait être déterminé que l'épidémie multipays d'orthopoxvirose simienne constituait ou non une urgence de santé publique de portée internationale (USPPI). Les éléments à l'appui des points de vue exprimés par les membres du Comité en faveur ou non d'une telle détermination sont résumés ci-dessous. Les points de vue représentés sont exposés ci-après.

Points de vue des membres du Comité à l'appui de la détermination éventuelle d'une urgence de santé publique de portée internationale

  • L'épidémie multipays d'orthopoxvirose simienne répond aux trois critères définissant une urgence de santé publique de portée internationale énoncés à l'article premier du Règlement ([...] un événement extraordinaire [...] i) constitu[ant] un risque pour la santé publique dans d'autres États par la propagation internationale de maladies et ii) [pouvant] requérir une action internationale coordonnée) ;
  • Le devoir moral de mettre en œuvre tous les moyens et outils disponibles pour agir face à cet événement, comme l'ont souligné les dirigeants des communautés LGBTI+ de plusieurs pays, en gardant à l'esprit que la communauté actuellement la plus touchée en dehors de l'Afrique est la même que celle qui avait été signalée à l'origine comme étant touchée aux premiers stades de la pandémie de VIH ;
  • Les tendances à la hausse observées du nombre de cas signalés dans le monde, dans un nombre croissant de pays, même s'il est probable que l'ampleur réelle de la ou des flambées épidémiques est sous-estimée ;
  • Les cas d'orthopoxvirose simienne signalés chez des enfants et des femmes enceintes, qui font écho aux premières phases de la pandémie de VIH ;
  • De futures vagues de cas d'orthopoxvirose simienne sont attendues à mesure que d'autres populations sensibles seront mises en contact avec le virus responsable de la maladie ;
  • Les modes de transmission qui sous-tendent l'actuelle flambée épidémique ne sont pas entièrement compris ;
  • L'évolution du tableau clinique des cas d'orthopoxvirose simienne que l'on observe actuellement par rapport à celui que l'on connaissait jusqu'alors ;
  • La nécessité de produire d'autres données probantes relatives à l'efficacité réelle du recours à des mesures tant pharmaceutiques que non pharmaceutiques pour maîtriser l'épidémie ;
  • La morbidité importante associée à l'épidémie d'orthopoxvirose simienne ;
  • Les possibles répercussions futures sur la santé publique et sur les services de santé si la maladie devait s'établir au sein de la population humaine à travers le monde, en particulier s'agissant d'un orthopoxvirus provoquant une maladie humaine, car l'immunité a considérablement diminué à l'échelle mondiale après l'éradication de la variole ;
  • Parmi les avantages envisagés de la détermination éventuelle d'une urgence de santé publique de portée internationale figurent les éléments suivants :- maintenir un degré de sensibilisation et d'alerte accru, ce qui augmenterait la probabilité d'arrêter la transmission interhumaine de l'orthopoxvirus simien ;- renforcer l'engagement politique en faveur des efforts de riposte ;- améliorer les possibilités de débloquer des fonds à des fins d'intervention et de recherche, ainsi que pour atténuer l'incidence socioéconomique de la maladie ;- renforcer la coordination internationale des efforts de riposte, en particulier pour garantir un accès équitable aux vaccins et aux antiviraux ;- la stigmatisation, la marginalisation et la discrimination possibles qui pourraient résulter de la détermination éventuelle d'une urgence de santé publique de portée internationale ne devraient pas être vues comme dissuasives et devraient être prises en considération.Points de vue des membres du Comité qui ne plaident PAS en faveur de la détermination éventuelle d'une urgence de santé publique de portée internationale
  • L'évaluation globale des risques mondiaux présentée par le Secrétariat de l'OMS n'a pas évolué par rapport à celle présentée au Comité le 23 juin 2022 ;
  • C'est dans une douzaine de pays d'Europe et des Amériques que l'on signale actuellement la plus forte charge de l'épidémie, sans que rien n'indique, sur la base des données disponibles, que le nombre de cas augmente de manière exponentielle dans l'un de ces pays, et alors que l'on observe dans certains d'entre eux les premiers signes d'une stabilisation, voire d'une tendance à la baisse ;
  • L'immense majorité des cas sont observés chez les HSH ayant plusieurs partenaires et, malgré des difficultés pratiques, il y a une possibilité d'arrêter la transmission en cours au moyen d'interventions ciblant ce segment de la population. Les cas observés en dehors de ce groupe de population, notamment chez les agents de santé, sont, à ce jour, en nombre limité ;
  • La gravité de la maladie est jugée comme étant faible ;
  • L'épidémie gagne en maturité et des vagues sont attendues à l'avenir, et l'on recueille des informations plus claires sur l'efficacité des politiques et des interventions ;
  • On estime que les risques de voir l'éventuelle détermination d'une urgence de santé publique de portée internationale entraver les efforts d'intervention l'emportent sur les avantages d'une telle détermination pour les raisons suivantes :

- La stigmatisation, la marginalisation et la discrimination que la détermination d'une urgence de santé publique de portée internationale peut faire naître à l'encontre des communautés actuellement touchées, en particulier dans les pays où l'homosexualité est poursuivie pénalement et où les communautés LGBTI+ ne sont pas bien implantées et ne participent pas à un dialogue avec les pouvoirs publics. Les communautés de certains pays auraient indiqué que pour diminuer la stigmatisation associée à l'orthopoxvirose simienne - qui, contrairement à l'infection à VIH, est une maladie susceptible d'être visible -, il faut réfléchir à de nouvelles approches, ce qui pourrait être difficile dans le contexte d'une urgence de santé publique de portée internationale ;

- Les mesures prises par le Secrétariat de l'OMS depuis mai 2022 pour déclencher l'alerte en ce qui concerne l'épidémie d'orthopoxvirose simienne, notamment par la convocation du Comité, semblent efficaces, puisqu'elles ont conduit de nombreux pays de l'hémisphère Nord à déployer des efforts de riposte immédiats ;

- Les directives techniques publiées par le Secrétariat pour éclairer les efforts d'intervention des pays sont considérées comme adaptées et exhaustives, sans qu'aucun obstacle identifié n'en empêche la mise en œuvre dans le monde entier ;

- Pour les pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre, où il est nécessaire de renforcer les capacités de surveillance, de laboratoire et d'intervention, la détermination d'une urgence de santé publique de portée internationale ne peut pas être considérée comme un outil visant à déclencher ou à encourager de tels efforts ;

- La détermination d'une urgence de santé publique de portée internationale renforcerait inutilement et de façon artificielle le sentiment de risque que ferait courir la maladie auprès du grand public, ce qui, à son tour, se traduirait par augmentation de la demande de vaccins, alors qu'il conviendrait de les utiliser à bon escient ;

- L'absence de détermination d'une urgence de santé publique de portée internationale ne serait pas synonyme de statu quo. La communication de la décision du Directeur général de l'OMS serait encore l'occasion de mettre en évidence l'intégralité du spectre des interventions de santé publique nécessaires, au-delà d'une simple détermination qui serait très médiatisée.

À l'issue des délibérations, les membres du Comité ont apporté leur contribution aux recommandations temporaires énoncées précédemment, pour le cas où le Directeur général de l'OMS déterminerait que l'épidémie multipays d'orthopoxvirose simienne constituait une urgence de santé publique de portée internationale.

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