Bénin: Le sort des détenus politiques et des exilés

Reckya MADOUGOU, Ancienne Garde des Sceaux, Ministre de la Justice. Expert international en développement.
28 Juillet 2022

La justice a remis en liberté ce mercredi (27.07) trente opposants arrêtés durant la présidentielle d'avril 2021 et qui avait été émaillée de violences. Parmi les personnes libérées figurent des responsables et de jeunes militants du parti d'opposition les Démocrates.

Si la libération des détenus a coïncidé avec la visite du président français Emmanuel Macron à Cotonou, deux grandes figures de la scène politique béninoise ne figurent pas sur la liste.

L'ancienne Garde des Sceaux Reckya Madougou condamnée à vingt ans de réclusion pour "terrorisme" et le constitutionnaliste Joël Aïvo, condamné à dix ans de prison pour "complot contre l'autorité de l'Etat" en décembre 2021 sont toujours en détention.

En dépit de nombreux appels d'organisations de défense des droits humains et d'une partie de l'opposition, le president français Emmanuel Macron n'a fait aucune mention des condamnations ou du recul démocratique constaté par plusieurs observateurs au Bénin.

Les deux chefs de l'Etat avaient toutefois affirmé avoir abordé les sujets politiques lors de leurs échanges privés, sans donner plus de détails.

Si, depuis sa première élection en 2016, le président Patrice Talon n'a pas hésité à lancer des réformes économiques tous azimuts en vue d'engager le Bénin dans la voie du développement, sur le plan politique il est accusé d'avoir réduit quasiment à néant l'opposition dans le pays.

Il a été réélu en 2021 à l'issue d'une campagne électorale émaillée de violences. Aucun grand parti de l'opposition n'avait été autorisé à présenter de candidats. Des manifestations avaient éclaté dans le centre du pays, et été réprimées et des dizaines d'opposants arrêtés à travers le pays par la suite.

Depuis l'arrivée au pouvoir de Patrice Talon, des voix s'élèvent pour dénoncer un recul democratique au Bénin avec des hommes et femmes politiques mis en prison ou obligés de s'exiler.

L'ancien maire de Cotonou, Léhady Soglo fait parti de ces exilés. S'il estime que la libération récente des trente détenus est plutôt une bonne nouvelle, il rappelle toutefois que les Béninois ont besoin de plus de liberté.

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