Madagascar: Massacre à Ankazobe - L'État déploie les grands moyens

Massacre à Ankazobe, l'état déploie les grands moyens

Branle-bas de combat dans les rangs de l'armée et de la gendarmerie nationale. L'État sonnel a mobilisation générale pour la traque des responsables du massacre d'Ankazobe.

Le mot d'ordre est simple. " Les responsables doivent impérativement être appréhendés". Un ordre dit par Andry Rajoelina, président de la République, himself, dans une publication sur sa page Facebook. Un ordre repris par le général Richard Rakotonirina, ministre de la Défense nationale. Un ordre réaffirmé par le général Andry Rakotondrazaka, commandant de la gendarmerie nationale.

Le décès de trente-deux personnes dont quinze enfants, dans deux maisons incendiées, vendredi au petit matin, a choqué l'opinion publique. Un fait meurtrier perpétré par des présumés "Dahalo", qui ont attaqué un village sis dans le Fokontany

d'Anosikely, commune rurale d'Ambolotarakely, district d'Ankazobe. Seules trois personnes s'en sont sorties, mais avec de multiples brûlures. L'une d'elle a succombé à ses blessures à l'hopital d'Ankazobe, samedi, et une autre a été évacuée à Antananarivo.

En réponse, des éléments de l'armée et de la gendarmerie nationale ont été dépêchés à Anosikely-Ambolotarakely. La distance et l'enclavement du lieu a quelque peu ralenti la progression des militaires. Une situation qui fait aussi, que le village victime de l'attaque incendiaire soit particulièrement vulnérable. Il se trouve à la limite Ouest du district d'Ankazobe. Samedi, le commandement a décidé de mettre à contribution les aéronefs de l'armée. Deux hélicoptères et deux CESSNA participent ainsi à la traque des

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présumés "Dahalo".

Le ministre de la Défense nationale et le commandant de la gendarmerie nationale, mais aussi, le général Monja Sahivelo, chef d'état-major des armées et le général Saifoudine Hassanaly, commandant de la Zone de défense et de sécurité (ZDS), Ikopa, ont fait le déplacement jusqu'à Anosikely-Ambolotarakely. Ils ont constaté et évalué d'eux-mêmes la situation sur terrain. Ils ont présenté les condoléances étatiques aux familles des victimes et ont apporté des aides et des vivres.

Les officiers généraux ont, également, demandé la coopération des habitants pour accélérer l'enquête et l'arrestation des responsables du drame. Tablant sur les premiers éléments de l'enquête, la gendarmerie nationale affirme que les présumés "Dahalo", sont identifiés. Un des survivants témoigne qu'il connaît certains de ceux qui ont attaqué son village. Prénommé Josoa, il a perdu ses quatre enfants dans les flammes. Sa mère, qui a fait partie des trois survivants, est celle qui a succombé à ses blessures une fois à l'hôpital.

Prévention

Selon les récits de Josoa, "nous avons décidé de nous regrouper dans ses maisons pour mieux nous défendre. Malheureusement, cela nous a rendu plus vulnérables et a causé plusieurs morts". Les deux maisons incendiées sont, par ailleurs, les seules du village à avoir eu des toits en tôle. Raison pour laquelle les familles ont choisi de s'y réfugier. Seulement, les bandits ont jeté des projectiles enflammés par les portes et les fenêtres. Les matelas de paille au rez-de-chaussée ont ainsi rapidement pris feu et ont embrasé les deux habitations.

Une des thèses de l'enquête est qu'il pourrait s'agir de "représailles suite à un litige foncier". Le ministre de la Défense nationale et le commandant de la gendarmerie

nationale sont, en tout cas, formels. "Je vais être franc. Selon l'enquête, il y a des complices parmi les villageois", affirme le général Rakotondrazaka. "Nous traquerons et interpelerons dans les plus brefs délais ceux qui ont perpétré ce drame et ceux qui y

ont contribué, les complices", renchérit le ministre Rakotonirina.

La réaction étatique et le déploiement des militaires, jusqu'au sommet du commandement, s'explique par le fait que le drame d'Ankazobe est la première du genre, depuis un moment. Les opérations de sécurisation menée par l'armée et la gendarmerie ont atténué les razzia meurtriers des "Dahalo". À Ankazobe, par exemple, l'opération Tsifa menée par la ZDS Ikopa, en début d'année, a permis de démanteler des réseaux de bandits. Depuis quelques mois, cependant, un relent d'insécurité est palpable en zone rurale.

Le massacre de vendredi y donne, toutefois, une dimension particulièrement choquante à ce relent d'insécurité. D'autant plus que les faits se déroulent dans la région Analamanga. L'enclavement du Fokontany d'Anosikely - Ambolotarakely n'est pas une circonstance atténuante. Le branle-bas de combat lancé depuis vendredi soir est ainsi une manière d'affirmer l'autorité étatique, mais aussi de reprendre la main sur la situation sécuritaire. Une initiative qui pourrait s'élargir aux autres collectivités classées zones rouges.

Sur les réseaux sociaux, une partie de l'opinion publique soutient que la forte riposte des autorités ne ramè- nera pas à la vie les personnes décédées. Certes, seulement, laisser les responsables du massacre d'Ankazobe en cavale dans la nature mettrait en danger d'autres citoyens. Surtout qu'ils ont démontré qu'ils sont impitoyables. La Commission nationale des droits de l'homme (CNIDH), a également, fait une descente à Anosikely - Ambolotarakely, hier. Dans un bref compterendu de ce déplacement conduit par Seth Andriamarohasina, son président, le CNIDH met l'accent sur l'importance du volet "prévention", dans la lutte contre l'insécurité.

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