L'inquiétude est présente à l'approche du scrutin dans un pays où les violences post-électorales sont récurrentes. À Mombasa, une association de jeunes, Uzalendo Afrika Initiative, sillonne les quartiers de la ville pour prévenir d'éventuelles violences.
11h du matin, quartier Mtopanga. Une quinzaine de jeunes échangent sous un arbre. Imelda Akino, 25 ans, anime ce qu'elle appelle " un dialogue pour la paix ". Ce matin, elle s'adresse à un public clef : les conducteurs de moto-taxis. " Les politiciens ont tendance à utiliser les moto taxis pour créer de la violence lors des élections. Donc on vient discuter avec eux pour comprendre ce qui se passe, leur rôle et voir comment, au lieu de créer la violence, ils peuvent être des ambassadeurs de la paix dans leurs communautés. "
L'occasion aussi pour la jeune fille de prendre la température à 10 jours du vote dans ce quartier, théâtre d'affrontements lors de l'élection de 2017. " J'ai suivi d'autres élections, et je peux dire qu'il y a une différence. Cette fois-ci, les jeunes sont beaucoup plus conscients du fait qu'on essaie de les instrumentaliser. Et je ne crois pas qu'il y aura de la violence lors de ces élections. "
Guidéone Juguna est conducteur de moto taxi. Il reconnaît avoir dans le passé travaillé pour des politiciens lors des élections, mais c'est l'amertume qui l'emporte désormais. " L'argent que tu reçois dépend du nombre de personnes que tu peux mobiliser, et influencer. C'est comme ça que ça marche. Mais jusqu'à aujourd'hui, aucun politicien n'a été arrêté pour avoir incité à la violence et condamné pour ce qui est arrivée. Aucun. À la fin, c'est nous, les moto-taxis, qu'on arrête, les pauvres gens. "
À ses côtés, Mathiew Wanguira a également été abordé par des politiciens cette année, mais a changé de stratégie. " Moi, je me suis mis d'accord avec mes chauffeurs. Cette fois, on ne sera pas utilisés. On a décidé de prendre leur argent et de l'utiliser pour manger, mais plus question de participer à créer le chaos. "
En mai, l'organisme public chargé au Kenya de veiller à la cohésion (NCIC), a placé Mombasa parmi les six comtés les plus à risque de connaître des violences post-électorales.