Cote d'Ivoire: Le père, le fils et la Nation

Dans quelques jours, la Côte d'Ivoire va célébrer le 62ème anniversaire de son indépendance. En six décennies de souveraineté, le pays a connu un parcours en dents de scie, avec des hauts et des bas. Des cinq hommes qui ont gouverné le pays, deux ont indéniablement marqué sa jeune histoire.

L'un, Félix Houphouët-Boigny, père de l'indépendance, et l'autre son " fils" Alassane Ouattara, qui a intelligemment appris à ses côtés et marche dignement, aujourd'hui, dans ses pas. Houphouët et Ouattara sont des hommes d'Etat d'exception dont le statut dépasse celui de simples hommes politiques. Ils ont voué leur vie à la Côte d'Ivoire en cherchant à la sauver des eaux tumultueuses, sans vraiment se préoccuper de leur propre sort.

Les trois autres, même s'ils ont assumé les responsabilités au plus haut niveau de l'Etat, n'ont pas été de vrais hommes d'Etat au sens politique du terme. Bédié, Gbagbo et Guei ont, tous les trois, passé leur temps aux affaires, à déconstruire la nation ivoirienne et saper ses fondements par des politiques de division et de rejet de l'autre.

Quand Houphouët-Boigny proclamait officiellement l'indépendance de la Côte d'Ivoire le 7 août 1960, le pays était à l'image d'un enfant qui faisait ses premiers pas. Certes, l'administration coloniale avait construit des routes et des bâtiments, mais le pays manquait d'infrastructures de base : pas assez de centres de santé, d'écoles ; pas d'universités ; très peu de localités électrifiées et ayant accès à l'eau potable ; réseau routier quasi-inexistant... Bref, c'était une terre ivoirienne à construire pour en faire un vrai pays !

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Le chantier s'annonçait dantesque. Toutefois, Houphouët-Boigny, qui s'était âprement battu pour l'indépendance, entama le challenge avec une vision claire : faire de la Côte d'Ivoire, l'un des plus beaux fleurons de la sous-région ouest-africaine, voire du continent.

Ainsi, il lança un ambitieux programme de développement axé sur l'une de ses forces : l'agriculture. Avec pour produits phares le binôme café-cacao. Houphouët-Boigny mit un dispositif de production massive de ces deux matières premières indispensables - fortement demandées en occident et achetées à prix d'or sur le marché international - qui repose sur l'émulation des producteurs avec par exemple la Coupe nationale du progrès, qui distinguait les plus valeureux.

Avec la manne du café et du cacao, Houphouët-Boigny édifia admirablement le pays. Il a doté la Côte d'Ivoire de l'un des meilleurs réseaux routiers- l'un des plus enviés en tout cas - de la sous-région ; d'hôpitaux modernes notamment les Centres hospitaliers et universitaires (CHU), de barrages hydro-électriques importants pour la fourniture d'électricité, d'innombrables établissements scolaires, de grandes écoles supérieures, d'une université dès 1963 et d'une télévision. Tous les voyants virèrent au vert, si bien que le pays réalisa ce que l'on a appelé " le miracle économique ivoirien ".

Incontestablement, Houphouët-Boigny a réussi doter la Côte d'Ivoire de fondements solides sur lesquels le pays repose encore. Il en a fait un Etat moderne, la locomotive de la zone UEMOA qui pèse 40% du Produit intérieur brut (PIB). Même si la fin de son règne fut difficile, marquée par la récession économique due à la chute des cours du café et du cacao sur le marché international, Houphouët-Boigny a écrit incontestablement les premières pages glorieuses de l'histoire de ce pays.

Les secondes pages portent, elles, la signature de son disciple le plus déterminé : Alassane Ouattara. Aux côtés du " Vieux ", qui a guidé ses premiers pas en politique en faisant de lui d'abord le président d'un Comité interministériel pour la stabilisation et la relance du pays, puis son unique Premier ministre, le banquier, venu de la BCEAO, a tout appris. Comme Houphouët-Boigny, Alassane Ouattara est également mû par une vision, celle de développer la Côte d'Ivoire en donnant d'une part, toute sa place à l'agriculture, et d'autre part en bâtissant des infrastructures, notamment les routes. De 2011 à 2022, sous son magistère, la Côte d'Ivoire est passée de 6.500 km de routes bitumées à plus de 7500 km. A cela s'ajoutent 2000 km de routes en cours de construction ; plus de 25 ponts érigés et dont le nombre devrait atteindre 33 au terme des chantiers actuels ; des universités, des écoles, des hôpitaux...

Sur plan de l'électrification, des efforts incroyables ont été faits par Alassane Ouattara. Pour preuve, le taux de couverture national d'électrification est passé de 33,1% en 2011 -à 92%, en 2022. Que dire des mesures sociales fortes prises par le chef de l'Etat, durant cette dernière décennie ? Revalorisation du Smig de 36 607 FCFA à 60 000 FCFA ; déblocage des salaires des fonctionnaires et agents de l'Etat ; paiement échelonné du stock des arriérés des avancements indiciaires et catégoriels ; mise en place de la couverture maladie universelle ; création des filets sociaux en vue de venir en aide aux plus démunis...

Autant d'actions qui ont grandement contribué à améliorer les conditions de vie des Ivoiriens. Sans oublier les substantiels progrès économiques unanimement salués par les institutions financières internationales, avec un taux de croissance moyen de 8% de 2011 à 2019, et qui a repris l'ascenseur en 2021 (6,5%), après la passe difficile de 2020 due à la pandémie de Covid-19. Tous les voyants sont, à nouveau, verts comme du temps d'Houphouët-Boigny.

Mais, au-delà des performances économiques et des progrès sociaux, le dénominateur commun entre Houphouët et son héritier Ouattara se nomme la paix, dont on dit qu'elle est une seconde religion en Côte d'Ivoire. Dans l'édification d'une nation unie, Houphouët a réussi à maintenir 40 années de paix et d'unité nationale. Ouattara, lui, n'a pas eu de contingences favorables. Loin s'en faut. Cependant, force est de reconnaitre que la Côte d'Ivoire a renoué avec ses fondamentaux.

Au plan institutionnel, politique et social, le pays force l'admiration de toute la communauté internationale pour avoir su, en si peu de temps, résister aux démons de la division. La nation, malgré quelques contradictions internes inhérentes au jeu démocratique qui y est plus que vivant, s'est remise debout dans le rythme de sa devise nationale, unie, disciplinée et travailleuse.

Sans Houphouët, hier, et sans Alassane Ouattara aujourd'hui, la Côte d'Ivoire ne serait pas la Nation prospère et enviée qu'elle est actuellement. Le dire, ce n'est pas faire de l'endoctrinement. C'est simplement reconnaitre à César, ce qui est à César.

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