Alfredo Rompão n'est pas un agriculteur comme les autres : avec ses dix frères et sœurs, il est né et a grandi en ville, à São Tomé, la capitale de São Tomé-et-Principe, pays insulaire d'Afrique centrale. A des années-lumière des collines luxuriantes où il vit désormais, travaillant une terre fertile à laquelle il est profondément attaché.
Alfredo est conscient de la chance que ses parents lui ont offerte, ainsi qu'à ses 10 frères et sœurs, dès leur plus jeune âge : leur laisser le choix de la profession qu'ils souhaitaient exercer plus tard. Des 11 enfants, Alfredo est le seul à avoir opté pour l'agriculture, explique-t-il en créole mâtiné de portugais, au milieu de ses champs vallonnés. Et jamais il n'a regretté son choix. Bien au contraire : " Je suis heureux et j'aime ce que je fais ".
Pesant au moins pour 20 % du PIB du pays, 80 % de ses revenus d'exportation et employant plus de 60 % de la population active du pays, les secteurs agricole et piscicole pourraient jouer un rôle majeur dans l'économie de São Tomé-et-Principe, voire aider à réduire la pauvreté et à améliorer la sécurité alimentaire de la population, outre favoriser le développement social et économique du pays. Sauf que ces deux secteurs souffrent d'un manque d'infrastructures modernes, de capacités techniques limitées et, de façon générale, d'un manque d'investissements.
Si Alfredo envisage aujourd'hui l'avenir de son métier avec sérénité, c'est grâce à un projet financé à hauteur de 7 millions de dollars par le Fonds africain de développement : le Projet de réhabilitation des infrastructures d'appui à la sécurité alimentaire (PRIASA), qui a changé la donne dans le secteur agricole du pays.
Le projet a permis de moderniser les grands sites de débarquement de la pêche artisanale que sont São Paolo, Neves, Santo Antònio, Santana, de réhabiliter et rallonger 27 km de routes de desserte et 10 systèmes d'irrigation, de créer 6 unités de transformation agricole... Grâce à quoi, le déclin de la production agricole du pays, liée à la taille du marché et aux défis de rentabilité, a été enrayé. Des formations ont également été dispensées aux agriculteurs, afin qu'ils s'approprient des pratiques agricoles efficaces et plus durables. Afredo a ainsi été formé à l'utilisation de serres.
" Grâce aux serres qu'on a mises à notre disposition, les choses changent. On a des abris, des serres et même une route grâce au projet ", se réjouit cet amoureux de la terre, bonnet vissé sur la tête et grandes lunettes carrées au-dessus d'une moustache.
Et d'expliquer que, grâce au projet, le nombre d'agriculteurs a augmenté, entraînant une hausse de la production agricole et une plus grande variété et disponibilité des produits proposés sur les étals des marchés. Désormais, " nous avons une alimentation équilibrée ", dit-il.
Alfredo Rompão est d'autant plus heureux qu'il travaille en famille, avec son épouse et leurs enfants : " l'agriculture est la pierre angulaire de la famille ", insiste cet ex-enfant de la capitale aujourd'hui père comblé à la tête d'une large famille d'ouvriers de la terre.
Le projet PRIASA entend booster le potentiel agricole de Sao Tomé-et-Principe, doté de terres fertiles et d'un climat propice. " São Tomé est un pays vert, il peut nous donner beaucoup de nourriture, on a juste besoin de jeter des graines au sol ", s'enthousiasme Alfredo.
Avant de conclure, plein d'espoir : " Ce que je souhaite, pour São Tomé et pour mes enfants, c'est que nous puissions avoir accès à plus de formations, avoir plus de semences, et réussir dans notre travail ".