Cote d'Ivoire: Bruno Nabagne Kone (Cadre du RHDP) - "Chaque pas posé par le Président Alassane Ouattara depuis une dizaine d'années a été un pas en avant"

interview

Ministre de la Construction, du Logement et de l'Urbanisme, Bruno Nabagné Koné est un haut cadre du RHDP et de la Bagoué. Dans cet échange à bâtons rompus, il se prononce, sans détour, sur les récents sujets de l'actualité : la célébration de la fête nationale, les mesures sociales prises par le chef de l'Etat en faveur des fonctionnaires et agents de l'Etat, la polémique de l'opposition autour de la grâce présidentielle accordée à Laurent Gbagbo, l'emprisonnement des 49 soldats ivoiriens au Mali, le développement de sa région. Bien entendu, il n'élude pas la question des violences survenues lors de l'élection des secrétaires départementaux du RHDP de Kouto, le 23 juillet dernier. Entretien.

Le Patriote : La Côte d'Ivoire a célébré le week-end dernier ses 62 ans d'indépendance. Une célébration dans un contexte politique quelque peu apaisé ces derniers temps. Pensez-vous que ce sont là des signes annonciateurs d'une décrispation totale, gage d'un processus de réconciliation nationale cher au président de la République?

Bruno Nabagné Koné : Je pense que le climat politique ivoirien est en réalité apaisé depuis de nombreuses années. Cette fête (nationale) s'est déroulée dans un contexte où tous les acteurs présents, ou absents, ont contribué d'une façon ou d'une autre à l'accalmie et à la belle image qu'il a été donné d'observer. Je pense que ce qu'il faut retenir ici, c'est surtout la maturité de notre pays ainsi que la volonté du chef de l'Etat de créer ce climat d'apaisement. Les choses évoluent positivement. Chaque pas posé par le Président Alassane Ouattara depuis une dizaine d'années a été un pas en avant. Année après année, nous avons vu ce pays se reconstruire, se ressouder. On revoit les acteurs politiques ensemble, qui se reparlent. La célébration du 62e anniversaire de l'indépendance de notre pays s'est, en effet, très bien passée. Nous en sommes heureux et fiers parce que cela augure de lendemains apaisés et fructueux pour notre pays et pour ses habitants.

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LP : Il y a trois semaines, le président de la République recevait les présidents Bédié et Gbagbo. En votre qualité de leader politique, quel sens donnez-vous à cette rencontre ?

BNK : Le sens de cette rencontre est forcément positif. Le fait pour les Ivoiriens de voir le Président de la République et ses deux prédécesseurs ensemble, échanger, sourire, se donner des accolades, ne peut que les rassurer davantage, eux qui aspirent à la paix, à la quiétude. Ils se réjouissent du fait que notre pays soit en paix. Parce qu'en réalité, on a souvent utilisé ce terme de réconciliation un peu hors contexte. Les Ivoiriens sont ensemble et réconciliés. Ils ne se regardent plus avec méfiance. Quand vous sillonnez le territoire national, à Abobo, à Yopougon, à Port-Bouët, dans les marchés, dans les écoles, dans les cours communes, etc., vous voyez que les Ivoiriens de toutes origines vivent ensemble. Là n'est donc pas le problème. Le problème, s'il y en a un, est, à en croire certains observateurs, entre les leaders politiques. Donc, voir ces trois personnalités ensemble ne peut que rassurer et motiver davantage. Ici aussi, je pense qu'il faut saluer l'élégance et la grande hauteur de vue du chef de l'Etat, qui a dû faire beaucoup d'efforts depuis plusieurs années pour obtenir ce résultat. C'est quelque chose à saluer, à reconnaître. Je voudrais également saluer les deux personnalités qui se sont prêtées au jeu, en espérant que ce qui s'est passé va se poursuivre. Pour nous, il est souhaitable que cette dynamique-là ne s'arrête pas.

LP : Les présidents Henri Konan Bédié et Laurent Gbagbo avaient été annoncés à la célébration de l'indépendance à Yamoussoukro. Finalement, on ne les a pas vus. Quel est votre commentaire?

BNK : Mon sentiment est que leur présence au Palais de la Présidence de la République revêt un sens beaucoup plus important. Parce que là, il s'agissait de discuter de certains sujets, de s'entendre sur certains sujets. Evidemment la photo des trois, ensemble à Yamoussoukro, la ville natale de Félix Houphouët-Boigny, aurait été belle. Mais je pense que l'essentiel s'était passé avant. L'essentiel est aussi que ces trois personnalités restent ensemble, travaillent ensemble, continuent de communiquer et de contaminer positivement les Ivoiriens avec cette relation positive qu'ils ont su créer entre eux.

LP : Dans son message à la nation du 6 août dernier, le président de la République a pris plusieurs mesures dont la grâce présidentielle en faveur de Laurent Gbagbo. Ces partisans dénoncent cette décision et proposent en lieu et place de la grâce présidentielle, une amnistie. Qu'en pensez-vous?

BNK : Je ne sais pas si je suis en bonne situation pour juger une décision de ce niveau-là mais, il faut savoir que la grâce présidentielle est une prérogative du chef de l'Etat. L'amnistie peut venir à son initiative, mais ce n'est pas dans ses pouvoirs de décider complètement et l'Assemblée Nationale peut décider autrement. Je pense qu'il faut faire confiance au chef de l'Etat, qui a la capacité, l'expérience et la hauteur d'esprit pour mieux apprécier ces situations. Il a décidé en connaissance de cause. Et il faut encore une fois se rappeler que nous venons de loin et qu'il y a eu des victimes dans tous les camps. Comme je l'ai indiqué en tout début de propos, chaque pas posé par le chef de l'Etat depuis 2011 a été un pas en avant. Là, c'est un grand pas en avant et rien ne dit que la marche s'arrête ici. Il s'agit juste de savoir lire entre les lignes et d'êtres patients, d'attendre.

LP : Monsieur le ministre, toujours dans son adresse à la Nation, le Président de la République a annoncé une série de mesures fortes pour les fonctionnaires, avec une revalorisation de leurs salaires, ainsi que ceux des agents de l'Etat et les Forces de défense et de sécurité. Comment avez-vous accueilli cette annonce?

BNK : Comme tous les Ivoiriens, je l'ai accueillie avec bonheur. Ce sont des mesures très fortes. J'ai eu le privilège d'avoir été porte-parole du gouvernement au moment de l'annonce du déblocage des salaires en 2014, après 25 années où tout était arrêté pour les fonctionnaires. C'était tout aussi extraordinaire, en raison des effets positifs sur la vie des bénéficiaires, sur le pouvoir d'achat, sur l'économie de notre pays, malgré l'impact budgétaire non négligeable. Cela correspond à la vision du chef de l'Etat qui, tout en étant libéral, pose des actions qui sont pratiquement celles d'un leader social. Ce n'est pas pour rien que le projet de société mis en œuvre actuellement s'intitule " Côte d'Ivoire solidaire ".

Au-delà des grands projets réalisés, qui renforcent les bases de notre économie et qui lui permettent d'être plus robuste et plus performante, le président de la République et ses Premiers ministres successifs ont toujours accordé une place de choix à la réduction de la pauvreté et à l'amélioration des conditions de vie de nos concitoyens. Il suffit de voir le niveau des ressources mises dans la santé, dans l'éducation, dans les routes, dans l'énergie, dans l'eau potable, dans les filets sociaux, etc. De plus en plus, la richesse produite rentrera, pratiquement directement, dans la poche de tous les Ivoiriens. Ici, ce sont 300 000 personnes qui sont directement touchées, mais l'impact au plan économique concernera plusieurs millions d'Ivoiriens, ce d'autant plus que le secteur privé suivra sur certains aspects, hormis le SMIG, dont la revalorisation est envisagée. C'est une excellente dynamique, qui montre la bonne santé de notre économie, la bonne santé de notre pays. Peu de pays ont été capables de faire des bonds en avant, au plan social, aussi importants en si peu de temps, de réduire la pauvreté de plus de vingt points en une décennie. Nous sommes heureux pour nos amis et frères fonctionnaires et agents de l'Etat.

LP : Monsieur le ministre, l'opposition, notamment le PPA-CI de Laurent Gbagbo dénonce un surendettement de la Côte d'Ivoire sous l'ère Alassane Ouattara...

BNK : Sur le surendettement, je vais vous donner une réponse basique en la matière. Aucun bailleur ne donnera de l'argent à quelqu'un s'il n'est pas sûr que la somme prêtée sera remboursée. L'endettement en valeur absolue ne dit rien d'important au plan économique. Il faut toujours le mettre en rapport avec les ressources de l'emprunteur et sur cette base, on ne peut pas parler de surendettement en Côte d'Ivoire. Le ratio de base dette sur PIB, que tout le monde peut aisément calculer, est inférieur à 50%, là où la norme communautaire (UEMOA) est de 70% et là où certains pays dans le monde sont à 200%. Nous avons un endettement qui correspond au niveau des richesses produites par le pays, tout à fait en rapport avec les capacités de notre économie. C'est un endettement assumé, bien géré et maîtrisé. Le pays va bien et la dette contribue à l'accélération de la marche de notre économie.

LP : L'opposition dénonce également la cessation du statut de réfugié pour les réfugiés ivoiriens. Là aussi qu'elle est votre réaction ?

BNK : Là aussi, nous sommes à l'aise pour répondre à cette question parce qu'il y a quelques semaines seulement, le premier responsable du HCR (Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) était en visite en Côte d'Ivoire. Il est venu sur le terrain pour apprécier par lui-même la situation et cette appréciation a permis aux Nations unies de décréter la cessation du statut de réfugié pour les Ivoiriens. Et notre pays a même été cité en exemple en la matière. Je crois que 96% des réfugiés sont revenus au pays. Les autres sont sans doute des personnes qui ont décidé de refaire leur vie dans leur pays d'adoption, et qui s'y sentent bien, tant mieux pour elles. Cette page, je pense qu'on peut la considérer comme tournée, surtout qu'elle a été tournée par le référent en la matière, les Nations unies à travers le HCR. Il nous faut juste souhaiter et travailler afin qu'il n'y ait pas d'autres chocs qui conduisent à l'exil d'Ivoiriens.

LP : Qu'en est-il de la liste de 104 prisonniers dits politiques qui circulent dans notre pays ?

BNK : De ce que je sais, en Côte d'Ivoire aujourd'hui, il n'y a personne qui soit détenu uniquement par rapport à ses opinions politiques ou du fait qu'elle soit opposée au parti au pouvoir. Je n'en connais pas. Toutes les personnes auxquelles vous pensez, y compris celles qui ont été arrêtées à la suite d'épisodes socio-politiques, ont commis des infractions ou des crimes sanctionnés par nos lois. Une atteinte à la sûreté de l'Etat est sanctionnée par nos lois, de même qu'un homicide, etc. Dans ces cas-là, même si on peut épiloguer sur le rôle des commanditaires, on peut aussi s'accorder sur le fait que le terme de " prisonnier politique " ne sied pas.

LP : M. Tidjane Thiam est venu en Côte d'Ivoire, après plus de 20 ans d'absence. Il a rencontré le président de la République, les présidents Bédié et Gbagbo. Quel commentaire faites-vous de ce retour au pays de celui que certains présentent comme un adversaire politique ?

BNK : Adversaire ? C'est vous qui le dites. Un Ivoirien qui rentre chez lui, c'est une bonne chose. En plus, il s'agit d'une personnalité qui a été ministre dans notre pays, qui a occupé de hautes fonctions dans le privé sur le plan international, qui est capable, par son envergure, d'apporter beaucoup à notre pays. Nous saluons son retour dans les conditions que vous venez d'indiquer.

LP : L'actualité politique récente, c'est aussi l'élection d'Adama Bictogo à la tête de l'Assemblée nationale, après le décès d'Amadou Soumahoro. On n'a pas encore entendu Bruno Koné sur la question. Comment l'avez-vous accueillie ?

BNK : Je suis député effectivement, mais je ne siège pas. J'évite donc d'interférer dans ce qui se passe à l'Assemblée nationale. Mais comme la question m'est posée, je dirai que nous saluons les conditions dans lesquelles cette élection s'est faite. Nous saluons le consensus qu'il y a eu autour de la candidature d'Adama Bictogo. Tous les partis politiques l'ont soutenu. C'est suffisamment rare pour qu'on le relève et qu'on le salue. C'est une personnalité que je connais depuis une trentaine d'années. Je pense que par sa détermination, son engagement, son dynamisme, il réussira à donner une autre dimension à notre Assemblée nationale.

LP : Vous êtes député certes de Kouto depuis plus de 10 ans, mais on vous voit de plus en plus sur le terrain dans votre région de la Bagoué. Qu'est-ce qui pourrait se cacher derrière cette offensive ?

BNK : Je pense que vous me suivez depuis pas très longtemps. Sinon depuis au moins une dizaine d'années, j'ai régulièrement été sur le terrain de la région de la Bagoué. Les archives sont là pour le prouver. Et je vais dans toute la région. Je suis certes député de Kouto-Blességué, mais je vais à Boundiali, Kouto, Tengrela, dans les sous-préfectures et les villages. Ce qui me motive, c'est être aux côtés de mes parents, les aider à améliorer leurs conditions de vie. Parce que j'estime que quand on est membre du gouvernement, à ce niveau-là, cette mission locale s'impose, celle d'accompagner ses parents, de faire en sorte que tout ce qui est décidé au plan national, dans la mesure du possible, puisse profiter également à sa région. Et nos parents apprécient ce rapport avec leur fils, qui leur montre chaque fois qu'il le peut, sa proximité avec eux, qui leur dit qu'ils comptent pour les décideurs à Abidjan. Et aussi, il n'y a rien de mieux que l'expérience du terrain, le fait de toucher du doigt le vécu des populations, pour parler et agir en leur nom.

LP : Est-ce que vous ne serez pas intéressé par un poste régional au-delà de votre poste de député ? Est-ce que vous ne serez pas candidat aux élections régionales prochaines dans la Bagoué?

BNK : Je ne vois pas en quoi cela serait un problème. Avant d'être député, on ne m'a pas posé une telle question. Je ne me dessine pas une trajectoire, mais je réponds présent quand je suis convaincu que ma présence apporte, pas à ma personne, mais aux populations. Je ne suis pas du tout à la recherche d'un poste, d'un titre, d'honneurs ou de privilèges, comme c'est malheureusement le cas chez beaucoup d'acteurs politiques. J'estime avoir eu beaucoup de chance, par le parcours que j'ai eu, par les études que j'ai faites, par les positions que j'ai occupées. Je viens d'une région parmi les plus pauvres de ce pays, que j'ai le devoir d'aider autant que je peux. J'y vais d'ailleurs dans deux jours (ndlr, aujourd'hui) alors que je ne suis pas au mieux de ma forme (blessé à la jambe lors du récent match organisé à la veille de la célébration de l'indépendance à Yamoussoukro), pour apporter, comme je le fais habituellement, tout mon soutien aux populations, les écouter, les aider...

LP : Vous avez reçu à Kouto, il y a quelques mois, le 4 juin dernier précisément, la Première Dame Dominique Ouattara. Quel bilan faites-vous de ce passage et qu'attendez-vous de cela en tant que fils de la région et leader politique ?

BNK : Je voudrais d'abord rendre un hommage appuyé à Mme la Première Dame, lui réitérer les sentiments de gratitude des populations de la région de la Bagoué. Nous avons été heureux, honorés de la recevoir dans notre région. C'était un rêve qu'elle a bien voulu transformer en réalité en se déplaçant personnellement et en séjournant à Kouto. Quant au bilan, il est énorme parce que les effets de cette visite ne sont pas que matériels. Parmi les premiers effets, il y a la fierté que Madame la Première Dame a procuré aux femmes de la région de la Bagoué et surtout aux femmes de la Fédération des associations de groupements féminins de la région de la Bagoué (FEGAF). Ce sont des femmes déterminées, des femmes que nous voyons au travail tous les jours, que nous aidons depuis une dizaine d'années dans leurs petites coopératives, leurs champs, leurs vergers... Nous sommes heureux pour ces femmes qui ont vu dans cette visite, des signes d'encouragement et de motivation. Elles vont redoubler d'ardeur dans ce qu'elles font déjà, ce qui contribuera à leur épanouissement personnel tout en apportant à la production et à l'économie de la région. En plus, ce moment de très grande portée a permis de mettre la lumière sur la région de la Bagoué, sur la beauté de notre région et sur ses potentialités économiques.

LP : Effectivement, de nombreuses actions de développement sont à votre actif, mais vous n'en parlez pas trop. Est-ce un choix ou parce que ces actions n'ont pas trop d'impacts sur les populations ?

BNK : Je pense que c'est aux populations qu'il faut demander si ces actions ont un impact ou pas. Comme je l'ai dit précédemment, depuis une dizaine d'années, nous menons ces actions dans toute la région, sans, vous avez raison, le crier sur tous les toits. Mais le fait de venir pratiquement tous les mois, d'aider à régler des problèmes de santé pour des uns, des problèmes de scolarité pour d'autres, de donner des moyens à des femmes de se prendre en charge, d'agrandir leurs commerces, de permettre à des milliers de femmes agricultrices de se prendre en charge et d'être autonomes, d'aider des jeunes à trouver un emploi, de mettre des équipements de production par-ci, par-là, d'aider à construire une école, un collège , un centre de santé, d'aider les chefs traditionnels, les jeunes, les acteurs politiques... ne peut pas être sans impact. Mais qu'est-ce que je gagnerai à brandir cet impact ? L'important pour moi, c'est que ces personnes-là apprécient et cela, je le vois dans mes rapports avec elles. Je ne me vois pas en effet faire comme certains, qui vantent quotidiennement leurs réalisations, faites pourtant dans le cadre de leur mission, avec les moyens mis à disposition par l'Etat.

LP : Votre parti, le RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix) est engagé dans une phase de restructuration qui a débouché récemment sur l'élection des Secrétaires départementaux. Cependant votre circonscription, Kouto, a été l'une des circonscriptions où on a enregistré des incidents. Comment avez-vous perçu ces incidents et quel commentaire vous en faites?

BNK : D'abord ces incidents sont très regrettables, d'autant plus qu'ils sont le fait d'une seule personne, d'un élu de la région, sans doute mis en mission, qui est allé sur un lieu de vote avec une arme et qui a tenté de troubler le vote en tirant des coups de feu en l'air.

LP : Vous faites allusion au député Alpha Yaya Touré ?

BNK : J'ai dit un élu. Le fait est tellement grave que je n'ai pas de mot pour décrire cet incident. Moi, qui suis acteur politique de la région depuis au moins une décennie, qui ai eu des élections bien plus difficiles face à des adversaires extérieurs au parti, je n'ai jamais eu besoin de créer ce genre de situation. Donc pour une élection interne au parti, vous pouvez comprendre la peine que j'éprouve en ce moment, surtout qu'il s'agit d'un fait isolé, qui jette l'opprobre sur toute une région et ses responsables politiques. Je dois d'ailleurs préciser que je n'étais pas candidat, que je n'ai pas battu campagne et que je n'étais même pas dans la région au moment de ces faits. Je précise aussi qu'il n'y a heureusement pas eu de mort, ni de blessé grave. Ces faits concernent en premier lieu mon parti politique. On verra, après les décisions éventuelles internes au parti, s'il y a lieu de donner d'autres suites à ces faits. Je regrette que l'auteur de ces faits ait, dans ses propos, indexé le président du directoire du parti (Gilbert Kafana Koné, Ndlr) sur une question, celle des listes d'électeurs, qui était un problème national et qui aurait dû être discuté à l'intérieur du parti.

LP : Mais, il vous accuse d'être à la base de ces violences ?

BNK : Cette accusation n'a un aucun sens ! Ma fonction de coordonnateur régional était en veilleuse depuis l'annonce de la restructuration du parti, je n'avais aucun lien fonctionnel avec les personnes en charge de la liste établie. Le parti a, lui-même, organisé des missions sur le terrain aux mois de mai et juin 2022, dans le but de confronter la réalité du terrain avec les documents transmis auparavant. Et les plaintes que nous avons entendues sont venues de toutes les parties, ce qui permet de penser que s'il y a eu dysfonctionnement, celui-ci n'a profité à aucune des parties. Enfin, ces faits ne reflètent pas l'image de la région de la Bagoué, qui est une région pacifique, et dont la plupart des acteurs politiques font preuve de responsabilité en toute occasion.

LP : Vous avez lancé un appel à l'apaisement quelques heures après ces violences, aujourd'hui, quelle est la situation sur le terrain ? Est-ce que vous pensez que cet appel a été entendu ? Au-delà de cet appel, quelles actions concrètes comptez-vous mener pour rassembler tout le monde parce que, votre parti, c'est le rassemblement, le vivre ensemble ?

BNK : Vous dites bien que notre parti, c'est le rassemblement. Rassemblement, c'est plusieurs parties ou positions qui se rejoignent, qui se mettent ensemble. Quand une personne tend la main et que l'autre ne vient pas, ou que cette main est ignorée, il devient difficile de faire le rassemblement auquel nous aspirons. Avant ces élections, compte tenu de mes fonctions précédentes de Coordonnateur régional, j'ai tenté d'obtenir un consensus mais, je n'y suis pas parvenu. Mais, encore une fois, pour moi, là n'était pas le problème, vu qu'il s'agissait d'une élection interne au parti. Vous faites bien de rappeler l'appel que j'ai lancé après l'élection, demandant aux vainqueurs de tendre la main aux vaincus. J'ai demandé à tous les cadres de faire preuve de responsabilité et qu'on se mette au service de la région de la Bagoué. Je reste dans cette même dynamique. Je ne suis en compétition avec personne mais, ma position aujourd'hui au gouvernement, mon expérience et mes fonctions passées et présentes au parti m'imposent une certaine conduite dans la région.

LP : L'actualité internationale, c'est l'affaire des 49 soldats ivoiriens emprisonnés par les autorités maliennes. Malgré toutes les injonctions d'Abidjan, Bamako reste intransigeant. Quel regard portez-vous sur l'évolution de cette affaire qui fait couler beaucoup d'encre et de salive ?

BNK : C'est une question difficile, tout simplement parce que les négociations sont en cours au plus haut niveau de nos États et que la diplomatie est en action. Je profite cependant de l'occasion pour apporter mon soutien ferme et entier à nos frères qui sont retenus au Mali. Cette situation regrettable n'est honorable pour aucun de nos deux Etats. La Côte d'Ivoire et le Mali sont deux pays frères, nous avons toujours vécu ensemble, nos populations sont entremêlées. Des millions de Maliens vivent en Côte d'Ivoire. Rien ne peut expliquer ce qui se passe. Je termine sur ce point en lançant cet appel pour que nos frères incarcérés soient rapidement libérés, afin que ce qui se passe ne trouble pas durablement les liens anciens et étroits de coopération entre notre pays et ce pays voisin et frère. Vous savez, la Bagoué fait frontière avec le Mali et nous sommes bien placés pour savoir que nos populations ne gagneront rien à l'envenimement éventuel de cette situation.

LP : Au Burkina Faso, l'ex-président Blaise Compaoré a surpris plus d'un en présentant ses excuses à la famille Sankara. N'est-ce pas une repentance qui vient tard ? Comment jugez-vous cet acte ?

BNK : Là aussi, il y a des liens historiques entre la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso et sur ce sujet également, la diplomatie est à l'œuvre. Ce qui est à saluer, c'est la position de la Côte d'Ivoire, qui est demeurée neutre et constructive entre toutes les parties. Le président de la République, Alassane Ouattara, a les meilleurs rapports avec tous ses homologues, s'efforçant de rester dans les chemins tracés par le Président Félix Houphouët-Boigny qui présentait la Côte d'Ivoire comme l'amie de tous et l'ennemie de personne. Faisons confiance au chef de l'État, SEM Alassane Ouattara, qui a toujours œuvré pour faire de notre pays un grand pays, un pays prospère et ouvert sur l'extérieur mais également un pays respecté. En terminant, je dirai que la Côte d'Ivoire est et demeure un grand pays, qui continue d'être ambitieux. Nous travaillons afin que les populations ivoiriennes profitent davantage des richesses créées par notre économie et soient plus épanouies. Avec le Président Alassane Ouattara et le Premier ministre, Patrick Achi, nous construisons la Côte d'Ivoire de demain, unie et rassemblée, forte et prospère, solidaire et soucieuse du bien-être de chacune et de chacun de nos compatriotes. Beaucoup décrivent déjà la Côte d'Ivoire comme un pays joyeux et heureux, où il fait bon vivre. Soyons fiers de notre pays et renforçons cette image.

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