Jule Naharesy - A la pêche au succès

17 Août 2022
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

La mer ondule d'eaux turquoise peu profondes, fendue à perte de vue de pirogues effilées chargées de pêcheurs.

Bienvenue à Toliara - anciennement Tuléar -, la capitale côtière du sud-ouest de Madagascar. Ici, l'on pratique la pêche artisanale depuis la nuit des temps. C'est d'ailleurs la région des Vézos, baptisés les " nomades de la mer " car ils sillonnaient toute la côte - ourlée de l'une des plus grandes barrières de corail au monde -, mais qui, désormais, sont largement sédentarisés autour de Toliara.

Jule Naharesy est pêcheur d'un village alentour, lui aussi, " pêcheur, commerçant, et je traite les produits de la mer ", tient-il à préciser. Et pas seulement : Jule dirige aussi l'un des nombreux débarcadères qui ont été construits dans les petits ports de pêche de la région depuis 2005 grâce au Fonds africain de développement, qui a financé le Projet d'appui aux communautés de pêcheurs de Tuléar (PACP), un projet de 33 millions de dollars.

Grâce à quoi, le gouvernement malgache a bâti ces quais de débarquement et placé du matériel de stockage réfrigéré dans les ports, fourni des équipements et proposé des microcrédits aux pêcheurs locaux désireux de créer ou de développer leur affaire - outre les former pour ce faire, ainsi que les gestionnaires du projet au volet technique de leur mandat.

" Si on n'avait pas le débarcadère, on ne pourrait pas stocker nos produits ", explique Jule. Charlotte sur la tête et ceint d'un tablier blanc, Jule nettoie le poisson pêché du jour qui va vite trouver acheteur. Pas peu fier, il fait ensuite visiter le local où sont entreposés de gros réfrigérateurs chargés de pains de glace, qui se remplissent au fur et à mesure que les pêcheurs rentrent au port.

Jule Naharesy assume ses responsabilités avec le plus grand sérieux, maniant d'un geste sûr les équipements du local technique et jonglant d'un bouton à l'autre.

" Avant, pour conserver les invendus, on devait les saler, les sécher ou les fumer, raconte Jule. Mais on les vendait moins cher que si c'était frais ".

Il y a encore quelques années, il travaillait sans relâche, de l'aube à la nuit, à pêcher puis à tenter de vendre ses prises, pour finir par devoir saler et traiter ce qu'il n'avait pas vendu à la fin de la journée.

Tout ça est désormais révolu. Les pêcheurs du village peuvent désormais conserver leur pêche au frais et donc en tirer un meilleur prix. " La plupart des gens, ici, sont devenus marchands de poisson ", indique Jule qui, grâce à la formation qu'il a suivie dans le cadre du programme, gagne mieux sa vie, à moindre effort.

A Madagascar, la pêche pèse aujourd'hui 7 % du PIB du pays et plus d'un demi-million d'emplois, et joue, surtout, un rôle crucial dans de nombreuses zones rurales comme Toliara. Bien que marginaux, ces chiffres ne sont pas anodins dans un pays qui souffre d'une profonde récession économique avec une contraction de 7,1 % du PIB réel en 2020, due aux effets de la pandémie de Covid-19, et un taux de pauvreté qui s'élevait à 77,4 %.

Aujourd'hui, parce qu'il n'a plus à lutter contre la pauvreté, Jule est en mesure de rendre ce qu'il a reçu, à sa façon et en tout altruisme : " J'ai utilisé ce que j'ai gagné avec la vente de pains de glace et de produits de la mer pour nettoyer notre village ".

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