Afrique Centrale: Dialogue au Tchad - Des hauts diplomates à la manœuvre pour convaincre les absents

Le président du conseil militaire de transition Mahamat Idriss Deby Itno

Les travaux du dialogue national inclusif doivent reprendre en principe ce mardi après-midi, au lieu de ce lundi comme précédemment annoncé. Un décalage de 24 heures pour des raisons logistiques, explique le comité d'organisation, mais qui donne aussi plus de temps pour des tractations, notamment dans le but de convaincre les absents de rejoindre le dialogue national inclusif et souverain (DNIS).

Trois diplomates de haut rang sont actuellement à Ndjamena pour engager, notamment, des discussions avec les partis politiques, associations de la société civile, ou encore groupes politico-militaires qui jusque-là ont boudé l'évènement.

Le premier est Mohamed Bin Ahmed Al Mesned. Il est le conseiller en charge de la sécurité nationale de l'émir du Qatar et il a été le négociateur en chef des pourparlers de Doha, ces 5 mois de tractations qui ont abouti à un accord avec une grande partie des groupes politico-militaires le 8 août dernier. Samedi, il a même pris la parole, au nom de l'émir, lors de la cérémonie d'ouverture du DNIS.

Le second est le Mauritanien Moustapha Ould Limam Chafi, qui, après avoir œuvré au Mali et au Burkina Faso, est depuis l'an dernier le conseiller du président nigérien Mohamed Bazoum. Le troisième, enfin, est aussi un diplomate sahélien de très grande expérience, l'ex-chef de la diplomatie burkinabé Djibril Bassolé, facilitateur pour le compte du Qatar, qui a suivi de bout en bout les tractations à Doha.

Deux rencontres avec Succès Masra

Selon nos informations, l'équipe a reçu depuis vendredi plusieurs personnalités parmi celles qui ont annoncé leur absence au dialogue, afin de les inciter à rentrer dans le processus. Le chef des Transformateurs, Succès Masra, les aurait rencontré deux fois, selon RFI. Une première fois vendredi 19 août, pour le convaincre de ne pas réunir ses militants au Palais du 15 janvier le lendemain, ce qui a sûrement évité des incidents, et une seconde fois dimanche 21 août.

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" Nous aurions pu organiser une révolution et créer le chaos, nous ne l'avons pas fait parce que nous sommes bienveillants. Il y a dans cette salle, des diplomates, des invités, des pays amis, des gens qui ont aidé le Tchad " a-t-il ainsi expliqué samedi.

Succès Masra attend des facilitateurs une révision de la liste des participants et des conditions de la tenue du dialogue. Des demandes qu'ils ont promis, selon lui, de transmettre au gouvernement. Samedi, le chef des Transformateurs en a également appelé à l'ex-président tchadien Goukouni Weddeye, afin qu'il s'implique dans la facilitation, tandis que d'autres figures de la société civile tchadienne mènent également ces derniers jours des discussions avec les absents. Une source gouvernementale s'est dit ce matin " optimiste " sur l'arrivée de nouveaux participants.

Les rebelles du Fact approchés, sans résultat

Côté rébellion, le Niger a pris contact depuis plusieurs mois avec les rebelles du Fact (front pour l'alternance et le changement au Tchad), à l'origine du raid qui a coûté la vie à l'ancien président Idriss Déby l'an dernier, pour les exhorter à rejoindre la table du dialogue. Une délégation du Fact a été reçue à cet effet, début août à Niamey, jusque-là sans succès, puisque l'organisation n'a pas signé l'accord de Doha, et a fait part de sa " solidarité " avec les organisations tchadiennes, comme Wakit Tama, qui le boycottent.

Enfin, et alors que commençait le DNIS, des miliciens de la faction non-signataire à Doha du groupe CCMSR, ont fait leur retour en territoire tchadien. De source sécuritaire, ils se trouveraient depuis quelques jours près de Kouri-Bougoudi, dans le Tibesti. Ils sont surveillés par l'aviation tchadienne, mais aussi, selon leur communiqué, par des appareils français.

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