Ile Maurice: Navin Ramgoolam affiche son ambition de redevenir PM

Le CCID soupçonne fortement que les Rs 220 millions trouvées dans les coffres de Ramgoolam soient des commissions versées par des promoteurs pour obtenir des permis ou des contrats à Maurice.

Retour du leader des Rouges sur le devant de la scène. Il a remis les pendules à l'heure, hier au premier congrès du parti depuis le Covid-19, en indiquant qu'il ne comptait pas se mettre en retrait de sitôt...

Il n'y a plus de doute. Navin Ramgoolam se présentera comme le challenger de Pravind Jugnauth aux prochaines élections générales. Et il comptera rester au sein d'un éventuel gouvernement du Parti travailliste (PTr) jusqu'à la fin de son mandat de député. Ceux espérant le voir arpenter les jardins du Réduit à admirer les roses devront repasser. Le leader du PTr ne compte pas accepter le poste du président de la République. Il a bien indiqué son souhait hier matin lors du congrès annuel des Rouges au Trianon Convention Centre et maintenu que son parti serait la locomotive de toute alliance aux prochaines élections.

D'ailleurs, l'ancien maire de Beau-Bassin-Rose-Hill, Raj Aubeeluck, a présenté deux motions à cet effet lors d'un exercice qui s'est déroulé après la partie protocolaire : que le PTr soit la locomotive de toute alliance et que Navin Ramgoolam soit proposé comme candidat au poste de Premier ministre (PM). Avant même la présentation de ces motions, Navin Ramgoolam avait maintenu que son parti dirigerait toute alliance. "Le PTr sera la locomotive dans n'importe quel accord électoral."

Ce message semble envoyé pour mettre les points sur les i. Le leader du Rassemblement mauricien (RM), Nando Bodha, avait déclaré jeudi soir que l'entente de l'Espoir (composé de son parti, du Mouvement militant mauricien (MMM) et du Parti mauricien social-démocrate (PMSD) pourrait mener tout changement dans le pays. Les partisans rouges ont cité son nom quand Navin Ramgoolam a déclaré que son parti serait la locomotive d'une alliance. Tout souriant, l'ancien PM les a interpellés. "Pa koz koumsa. Li éna enn réprézantan isi", a-t-il dit avec humour.

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Si accord électoral il y a, ce ne sera certainement pas avec le Mouvement socialiste militant (MSM). "Des gens disent qu'il y aura peutêtre une alliance avec le MSM. Read on my lips. Never!", a-t-il promis. Tout indique que ce sera avec le PMSD, le MMM et possiblement le RM de Nando Bodha, si celui-ci est d'accord que le PTr soit le dirigeant d'une alliance. Navin Ramgoolam a rappelé que son parti, tout comme le PMSD et le MMM, a une culture de démocratie contrairement au MSM. Quand il a annoncé des changements que son futur gouvernement apporterait au pouvoir, il a parlé d'une Fiscal Responsibilty Act, insistant que le leader du MMM, Paul Bérenger, avait évoqué ce projet de loi avec lui en 1996 pour éliminer le gaspillage des fonds publics.

Navin Ramgoolam est convaincu qu'il a comme mission de sauver le pays et il a parlé brièvement du moment difficile qu'il a traversé en attrapant le Covid-19. "J'ai frôlé la mort. Le Bon Dieu a dit : 'Non. To éna enn mision pou sa péi-la'. Il faut d'abord redresser ce pays." Il s'est proposé comme PM, sans le dire vraiment, mais il n'est pas question pour lui d'assumer le poste de président de la République. "Il y a certaines personnes qui disent qu'il faut l'envoyer (NdlR, Navin Ramgoolam) à Réduit après la victoire. Après avoir remporté la guerre, il n'est pas possible d'envoyer le commandant au repos. Sa non!", a-t-il martelé.

Le leader du PTr n'a pas non plus donné d'indications s'il occupera le poste du PM pendant cinq ans, mais il a promis de nouvelles têtes dans sa nouvelle équipe. "Il y aura des personnes d'expérience et des jeunes. Il faut préparer la relève au sein du PTr. Nous ne serons pas toujours là. La mort viendra, mais ce ne sera pas pour demain. Il y aura une transition, mais tant que je serai là, il ne faut pas avoir peur."

Les critiques de Navin Ramgoolam ont été pour Pravind Jugnauth et le MSM. "Ils ont détruit en sept ans tout ce qui a été construit pendant ces 54 dernières années. Ils ont pris congé de la réalité. Ce sont des amateurs qui détruisent ce pays. Nous faisons face à une crise économique sans précédent." Malgré la situation économique difficile et les dettes, a-t-il ajouté, le gouvernement investit dans des éléphants blancs comme le tram (Metro Express) à Côted'Or. "Nous n'avons jamais eu un aussi mauvais gouvernement depuis l'indépendance et même avant."

Il a dénoncé les agissements du Pravind Jugnauth, qui, selon lui, donne des ordres à la police pour des arrestations. "Li dir li konn tou zafer tou dimounn. Zamé mo inn trouv enn bay-louké koumsa. Abé kan li fer travail Premié minis?" Maneesh Gobin, l'Attorney General, qui avait évoqué la maladie de Navin Ramgoolam lors d'un meeting, en a également pris pour son grade. L'ancien PM l'a qualifié de "chatwa ki pa konn so travay".

La première partie du congrès s'est déroulée en présence d'invités comme le secrétaire général du MMM, Rajesh Bhagwan, la présidente du PMSD, Véronique-Leu Govind, et le Dr Sita Jeeneea-Saminaden, représentante du RM. Le président du Bar Council, Yatin Varma, et l'ancien ministre du MSM, Armoogum Parsuramen, étaient aux premiers rangs.

Il nous revient que pendant la réunion du comité exécutif, il a été décidé que Kailsah Purryag serait président d'honneur du PTr, et le leadership de Navin Ramgoolam a été renouvelé à l'unanimité.

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