Pharmacienne et sage-femme, Razay Zanabaindrano exerce au cœur d'une commune rurale de l'ouest de Madagascar, à Ankaraobato, à quelques encablures de Toliara, capitale côtière de l'ouest de l'île.
Tous les habitants des villages alentours connaissent cette quadragénaire imposante, blouse rose sur le dos et grandes créoles argentées aux oreilles. " Je pratique des soins de santé ici ", explique la quadragénaire. Ici, c'est-à-dire au cœur d'une population rurale, éloignée des grands centres urbains que rallient pistes de terre ou de latérite, malmenées, sinon détruites, à chaque saison des pluies.
Si Razay a la vocation chevillée au corps, elle s'est parfois sentie impuissante face aux dures réalités de terrain. Car, à la moindre complication, quand il fallait rallier d'urgence des hôpitaux dument équipés pour les cas les plus graves, l'état des routes mettait la vie des patients en danger. Se rendre à l'hôpital de Toliara en temps et en heure relevait de la gageure, une question de vie ou de mort parfois : " Quand la route n'était pas bitumée, c'était très difficile d'emmener les malades jusqu'à l'hôpital de Toliara ", explique la femme de soin. Avant de raconter un souvenir qui continue de l'étreindre : " Un jour, on devait emmener un homme malade. On l'a transporté en charrette pour rejoindre une voiture, mais on n'a même pas eu le temps d'arriver à la voiture, il est mort en chemin ".
Les routes peuvent ainsi faire la différence, aider à se faire soigner dans les meilleures conditions, voire à rester en vie... Connecter les localités rurales, souvent dépourvues des services de base, aux centres urbains mieux équipés, est un enjeu de développement et d'amélioration des conditions de vie des populations.
Aussi, le Fonds africain de développement a-t-il investi dès 2013 quelque 70 millions de dollars pour la construction et l'aménagement de quantité de routes et de ponts dans le sud-ouest de Madagascar, dans le cadre d'un programme dénommé " Projet d'aménagement d'infrastructures routières " et déployé sur dix ans. Objectif : désenclaver la région sud-ouest du pays, plus précisément celle d'Atsimo-Andrefana.
Entre autres accomplissements, quelque 107 kilomètres de routes nouvelles ou bitumées ont vu le jour entre Toliara et Analamisampy, assurant le maillage de la région sud-ouest. Le nouveau pont de Befandriana déroule désormais ses 160 m aériens érigés sur piliers sur la Route nationale 9, et celui de Pomay sur la Route nationale 35 a été reconstruit, afin d'être praticable même au plus fort de la saison des pluies.
Désormais, voitures, tricycles, charrettes, camions, bicyclettes et véhicules de transport circulent sans encombre à travers la région, qui n'est plus isolée du reste du pays.
" La route bitumée génère de la sécurité, ici ", insiste Razay Zanabaindrano. Elle qui a dédié sa vie à soigner les autres se réjouit : " grâce aux nouvelles routes, des vies sont sauvées maintenant qu'on accède facilement aux hôpitaux ".
Or les routes ne se contentent pas d'offrir un accès aux soins de santé ou de sauver des vies - quand la sécurité routière est respectée. Elles stimulent l'économie des régions parcourues, favorisent la mobilité des personnes et le tourisme - la côte sud-ouest de Madagascar est des plus prisées.