La société civile africaine, les groupes confessionnels et les dirigeants agricoles sont vent debout contre l’agriculture industrielle basée sur les pesticides utilisés pour booster les rendements. Un argument qu’ils qualifient de fallacieux vu les conséquences de cette pratique sur la petite agriculture.
C’est ainsi qu’ils vont mener une guerre sans merci contre les systèmes semenciers et les sources de financement qui soutiennent cette pratique qu’ils qualifient de menace contre la biodiversité ainsi que la vie de 330 millions d’africains.
En conférence de presse le jeudi 1er septembre 2022 sur initiative de l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (Afsa), les acteurs de l’agriculture estiment que les systèmes semenciers paysans sont la principale source de semences des cultures vivrières en Afrique, mais les politiques semencières nationales et régionales les sapent.
A leurs avis, les agriculteurs sont poussés à abandonner leurs systèmes semenciers. Avant de s’offusquer du fait que les gouvernements africains adhèrent à des accords régionaux sur la propriété intellectuelle, le commerce et les semences, qui profitent aux entreprises et au système semencier industriel.
Gabriel Manyangadze de l’Institut de l'environnement des communautés religieuses d'Afrique australe, estime que la nature extractive de la nouvelle agriculture a heurté le continent qui a besoin d’une restauration de l’environnement.
A son avis, il faut arrêter l’agriculture industrielle et financer celle écologique d’autant plus qu’il a été démontré que la révolution verte basée sur les pesticides n’est pas une restauration de l’environnement.
Devant cet état de fait, confie-t-il, « les religieux pensent qu’il est moralement inacceptable que cette pratique agricole se poursuive et menace l’agriculture écologique qui soutient toute forme de vie dans le continent ».
Dans la même veine, Anuradha Mitall d’Oakland Institute pense qu’il faut que les gens arrêtent de dire que les fertilisants chimiques sont un mal nécessaire parce qu’une étude de l’AFSA a démontré le contraire.
Pour elle, l’industrie chimique est la seule qui bénéficie de cette pratique qui contribue à tuer les pratiques durables et les innovations agricoles qui peuvent nourrir l’Afrique et la préserver des effets des changements climatiques.
Ainsi, elle souligne ouvertement un besoin d’implication des gouvernements pour lutter contre l’agriculture industrielle.
Léonida Odondo de Aki Nawiri Afrika, pour sa part, pense que le continent a besoin de solutions afro-centriques pour développer l’agriculture.
« Il faut veiller à l’équilibre environnemental et écologique en protégeant les sols qui sont devenus toxiques à cause des produits chimiques ».
D’après lui, les marchés locaux peuvent permettre d’écouler des produits sains comme c’était le cas de lors la période COVID-19.
Pour Ferdinand Wafula de Gardening Innovations, les gouvernements africains doivent fournir des financements en faveur du mécanisme de transition pour faire davantage de recherche et améliorer les sols.
Un changement audacieux et décisif exigé
Selon eux, l'Alliance pour une révolution verte en Afrique (Agra) a aggravé la dépendance du continent vis-à-vis des intrants importés coûteux et sapé la résilience des systèmes alimentaires africains.
Cette croisade des agriculteurs est lancée en prélude Forum annuel sur la révolution verte en Afrique (Agrf) qui se tient du 5 au 9 septembre 2022 à Kigali.
Une rencontre durant laquelle des dirigeants d'entreprises, des gouvernements et des donateurs des dirigeants d'entreprises, des gouvernements et des donateurs vont mener la réflexion autour du thème «Une action audacieuse pour des systèmes alimentaires résilients ».
Une tâche qui ne sera pas facile du moment où les plus grands réseaux de producteurs alimentaires d'Afrique et leurs alliés exigent avec audace un changement décisif loin des engrais et produits chimiques importés à base de combustibles fossiles, et vers une agriculture écologique autosuffisante qui revitalise les sols et protège les écosystèmes.
Ils l’avaient clairement indiqué dans une lettre de l'Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique, signée par plus de 200 organisations, et remise l'année dernière à l'AGRA.