Mali: Nouvelles accusations contre l'armée malienne - Ça commence à bien faire !

Un véhicule de l’armée malienne (archives).
7 Septembre 2022

Depuis quelques mois, les accusations d'exactions commises sur des populations, se multiplient contre l'armée malienne et ses alliés russes de Wagner.

En effet, quand ce ne sont pas des exécutions extrajudiciaires dont ils sont soupçonnés, ce sont des accusations de violences sexuelles et de viols dont ils font l'objet, comme cela a été récemment encore le cas, le 4 septembre dernier, dans la commune de Fakala, région de Mopti dans le Centre du pays. Des sources indiquent, en effet, qu'ils se sont rendus coupables de tels types de délits portant atteinte aux mœurs sur des populations féminines, assortis de pillages d'objets de valeur et de vol de bétail.

Avant cela, des témoignages faisaient état des mêmes types d'abus sexuels lors de l'opération antiterroriste à Moura, dans le cercle de Djenné, dans le Centre du Mali, menée en mars dernier, où les supplétifs russes des FAMa, étaient déjà pointés du doigt. Cette opération coups de poings qui passe pour le plus grand massacre de l'armée malienne, avait fait entre 200 à 400 civils tués, selon des Organisations non gouvernementales locales et des sources onusiennes.

La récurrence des accusations commence véritablement à interroger

Un mois plus tard, soit en avril 2022, c'est le dossier du charnier de Gossi, dans le Nord du pays, qui faisait les choux gras des journaux, sur fond d'accusations portées par l'armée française contre les mercenaires russes de Wagner que des images satellites auraient surpris en train d'enterrer à la sauvette des morts, dans une mise en scène visant à incriminer les soldats français après la rétrocession de la base de ladite ville par la force Barkhane lors de son retrait.

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Dans le prolongement des massacres de Gossi, d'autres rapports mettent gravement en cause les forces de sécurité maliennes dans les tueries d'une cinquantaine de civils à Hombori, dans le Centre du pays. Bien entendu, l'armée malienne s'est toujours défendue contre de telles accusations de violations des droits humains dans la lutte contre le terrorisme. Mais la récurrence des accusations commence véritablement à interroger.

Car, il ne s'agit visiblement pas de cas isolés. Cependant, l'on peut se demander pourquoi ces genres d'accusations se sont davantage multipliés, depuis le divorce de Bamako avec Paris dans les conditions que l'on sait ; toute chose qui a valu le départ contrarié de la force française Barkhane du Mali. Est-ce une guerre de communication visant à ternir l'image des FAMa et de leurs supplétifs russes voire à mettre à mal les relations entre Bamako et son nouveau partenaire ? Ou bien cela procède-t-il d'une simple volonté de dénonciation des méthodes peu orthodoxes de mercenaires qui s'accommodent mal du respect des droits de l'Homme dans leur volonté de produire des résultats au Mali ? Bien malin qui saurait répondre à ces questions. Toujours est-il que ça commence à bien faire ! Car, comme dit l'adage, " il n'y a pas de fumée sans feu ".

Quelles soient fondées ou pas, ces accusations ne devraient pas être prises à la légère par Bamako

D'autant que ces accusations récurrentes d'exactions portées contre les FAMa et leurs supplétifs " étrangers ", ne proviennent pas seulement d'ONG locales ou de rapports onusiens, mais aussi d'experts indépendants ayant parfois été commis à des tâches sur le terrain. C'est pourquoi, au-delà des dénégations verbales, l'armée malienne gagnerait à faire toute la lumière sur ces sombres affaires qui sont autant de graves accusations qui ternissent sa réputation, mais qui pourraient aussi lui porter préjudice à plus d'un titre.

Car, il s'agit non seulement de laver son honneur à la face du monde, mais aussi de ne pas perdre la confiance des populations dont la collaboration est capitale dans la lutte contre les forces du mal. Autrement, ce serait une façon, au pire des cas, de jeter ces mêmes populations dans les bras de l'ennemi si cela ne suscite pas la méfiance, au meilleur des cas. Toute chose qui, en tous les cas, en rajouterait à la difficulté de leur mission de sécurisation du territoire, dans le difficile combat pour réduire considérablement la voilure des terroristes. C'est pourquoi, quelles soient fondées ou pas, ces accusations ne devraient pas être prises à la légère par Bamako.

En effet, le Mali gagnerait à montrer patte blanche sur toute la ligne, au moment où il demande la levée des sanctions imposées par les organisations africaines. Ce, en raison des progrès accomplis par les tombeurs d'Ibrahim Boubacar Keita vers un retour des civils au pouvoir. En tout état de cause, plus le pays présentera l'image d'un Etat sérieux et très recommandable, mieux cela pourrait militer en sa faveur. C'est dire s'il est bien, en la matière, d'ouvrir des enquêtes, mais il est encore mieux d'en rendre les résultats publics afin de se laver, le cas échéant, de tout soupçon. La balle est donc dans le camp des militaires de Kati.

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