" Le continent est arrivé au point de basculement en matière d'adaptation au changement climatique ", affirment les dirigeants africains et d'autres pays du monde réunis à Rotterdam

7 Septembre 2022
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

" L'Afrique a de la fièvre ", Ban Ki-moon, ex-secrétaire général des Nations unies

À deux mois du 27e sommet mondial sur le climat (COP27) qui se tient à Sharm El-Sheik, en Égypte, des dirigeants africains et d'autres leaders mondiaux se sont réunis à Rotterdam, pour souligner l'urgence qu'il y a à financer l'adaptation au changement climatique en Afrique.

La rencontre, initiée conjointement par le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, le PDG du Centre mondial pour l'adaptation (GCA), M. Patrick Verkooijen, et le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a été marquée par le consensus existant quant à la nécessité d'actions et de financements concrets.

" La planète a de la fièvre, a déclaré Ban Ki-moon, ancien secrétaire général des Nations unies et coprésident du GCA. Elle brûle de plus en plus fort, chaque jour qui passe... Les statistiques nous montrent que c'est en Afrique, que la fièvre est la plus forte et que les gens sont les plus vulnérables. "

Coprésident du GCA et président honoraire de Royal DSM, Feike Sijbesma a parlé de l'importance du soutien du secteur privé à l'échelle mondiale. Et d'indiquer que 80 % du financement de l'adaptation doit provenir du secteur privé, tant dans les pays développés du nord que dans les pays en développement du sud.

Patrick Verkooijen, PDG du GCA, a évoqué les effets désastreux du changement climatique qui affectent toutes les régions à travers le monde. C'est toutefois en Afrique, a-t-il souligné, que les chocs climatiques frapperont le plus durement. L'Afrique est résolue à poursuivre sa progression économique et elle ne s'arrêtera pas, a-t-il ajouté. " L'adaptation en Afrique, c'est comme gravir une montagne. Avec vous tous, ici aujourd'hui, nous avons une équipe de rêve qui gravira la montagne, ensemble. "

Et M. Verkooijen d'ajouter : " Le prochain sommet après celui d'aujourd'hui est Sharm El-Sheikh, la COP de l'Afrique. Mais le succès (de cette COP) en Égypte dépendra du fait que les besoins de l'Afrique soient satisfaits - ou pas. L'Afrique est déterminée et s'est dotée d'un plan. Ce plan est le Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique, l'AAA-P. Il a été développé par l'Afrique et appartient à l'Afrique. Il a été lancé par les dirigeants africains, qui sont ici aujourd'hui. C'est le moyen de mettre en œuvre l'Initiative d'adaptation pour l'Afrique. "

Lancé en 2020 par le GCA et la Banque africaine de développement, le Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique est au cœur de l'action climatique sur le continent africain. Les participants ont d'ailleurs salué les efforts conjoints de MM. Verkooijen et Adesina, forces motrices de ce programme.

Le président sénégalais Macky Sall, président de l'Union africaine, le président ghanéen Nana Akufo-Addo, qui préside le Forum sur la vulnérabilité climatique, et le président Félix Tshisekedi de la République démocratique du Congo ont transmis le même message : la communauté internationale doit tenir sa promesse de doubler les financements pour l'adaptation et de renforcer les mesures d'adaptation en Afrique.

Le président Sall a exprimé sa déception face à l'absence, au sommet, de dirigeants des pays industrialisés. Le président de l'Union africaine a déclaré que si les dirigeants africains pouvaient se rendre en personne à Rotterdam pour discuter d'une question aussi cruciale que l'adaptation au changement climatique en Afrique, le moins qu'ils puissent attendre de leurs homologues européens -- dont les pays comptent parmi les plus gros pollueurs de la planète -- était qu'il répondent également présents au sommet.

Un sentiment partagé par les présidents Nana Akufo-Addo et Félix Tshisekedi, le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, et la secrétaire générale adjointe des Nations unies, Amina Mohammed - entre autres. Mme Mohammed a déclaré : " Un oiseau ne peut voler qu'avec deux ailes, et la représentation à cette table est déséquilibrée. "

Ce n'est pas la faute de l'Afrique si elle se trouve dans cette position aujourd'hui, a ajouté la secrétaire générale adjointe des Nations unies, elle qui ne contribue que très peu aux émissions mondiales de carbone. Et d'interroger sur ce qui se serait passé, si les rôles avaient été inversés. Mme Mohammed a déclaré que le pacte de Glasgow de la COP26 risque d'échouer, si le monde développé ne tient pas ses engagements de consacrer 100 milliards de dollars par an à l'action climatique dans les pays en développement.

Dans son allocution, M. Adesina a rappelé à l'auditoire que le continent africain se réchauffait plus rapidement que n'importe quelle autre région du monde. Les prévisions du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat montrent que les niveaux critiques de réchauffement de la planète seront atteints beaucoup plus tôt en Afrique.

Le président de la Banque africaine de développement a expliqué que, face à ce déferlement, l'Afrique ne dispose pas des ressources nécessaires pour lutter contre le changement climatique. Il a précisé que le continent ne reçoit que 3 % de la finance climatique mondiale. Et de souligner que si cette tendance se poursuivait, le déficit de financement climatique de l'Afrique pourrait atteindre entre 100 et 127 milliards de dollars par an d'ici à 2030.

" L'architecture actuelle du financement climatique ne répond pas aux besoins de l'Afrique, a déclaré M. Adesina. Les nouvelles estimations de Perspectives économiques en Afrique de la Banque africaine de développement montrent que, pour respecter ses engagements au titre de l'Accord de Paris et de ses Contributions déterminées au niveau national, l'Afrique aura besoin de 1 300 à 1 600 milliards de dollars de 2020 à 2030, ce qui représente 118 à 145 milliards de dollars par an. "

Le président de la Banque africaine de développement a déclaré que la facilité en amont du Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique au GCA avait déjà contribué à générer 3 milliards de dollars d'investissements que la Banque africaine de développement avait consacrés à l'adaptation au changement climatique - de l'agriculture à l'énergie, en passant par les transports, l'eau et l'assainissement.

M. Adesina a évoqué le Fonds africain de développement (FAD), le guichet de prêts concessionnels de la Banque africaine de développement, comme l'un des moyens de combler le déficit de financement climatique. Il a indiqué que la 16e reconstitution du fonds, en cours, représente une occasion unique de financer intégralement les 12,5 milliards de dollars destinés au Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique.

Le président de la Banque africaine de développement a précisé que le Fonds africain de développement avait mis en place un guichet de financement de l'action climatique qui devrait aider à mobiliser de 4 à 13 milliards de dollars pour l'adaptation climatique des pays membres du Fonds. " Ces fonds serviront à aider 20 millions d'agriculteurs à accéder à des technologies agricoles résilientes au changement climatique, à permettre à 20 millions d'agriculteurs et d'éleveurs de bénéficier d'une assurance récolte indexée sur le climat, à restaurer 1 million d'hectares de terres dégradées et à fournir des énergies renouvelables à près de 9,5 millions de personnes ".

Les pays développés n'ont que trop tardé à respecter leur engagement à fournir 100 milliards de dollars par an aux pays en développement pour financer la lutte contre le changement climatique, a déclaré M. Adesina. " L'Afrique ne peut pas attendre ", a-t-il souligné. " Le moment est venu de soutenir le Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique. L'heure est venue de soutenir la 16e reconstitution des ressources du FAD. Il est temps de soutenir le Guichet de financement de l'action climatique du FAD-16. "

Ngozi Okonjo-Iweala, directrice générale de l'Organisation mondiale du commerce, a également joint sa voix à l'appel lancé en faveur de ressources supplémentaires pour le financement de l'adaptation en Afrique. S'exprimant sur le rôle du commerce dans l'adaptation au changement climatique, elle a déclaré que les politiques commerciales devraient être intégrées dans l'action climatique mondiale, afin de constituer une force d'amplification pour le financement et les autres aides liées au climat accordées aux économies vulnérables.

Le communiqué en cinq points du sommet souligne combien l'Afrique se trouve à un moment charnière. Il iniduque également que le succès de la COP27 dépendra de la réponse qui sera apportée aux besoins de l'Afrique, le continent le plus vulnérable au changement climatique, grâce à l'apport de fonds dans des programmes d'adaptation clés dirigés par les pays, tels que le Programme d'accélération de l'adaptation en Afrique.

Feike Sijbesma, coprésident du GCA, a déclaré, en conclusion : " Les investissements dans la coopération mondiale en matière d'adaptation climatique offrent une grande opportunité pour des pays comme les Pays-Bas de partager certaines de nos meilleures innovations avec ceux qui en ont le plus besoin. Le programme d'accélération de l'adaptation en Afrique sera un vecteur crucial pour stimuler des investissements commerciaux beaucoup plus importants en Afrique en faveur de solutions vertes et résilientes. Il s'agit d'un effort collectif, nous avons besoin de tous les secteurs, de toutes les contributions possibles pour sortir de la crise climatique en Afrique, et le secteur privé, en particulier, a un rôle immense à jouer. "

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