Cote d'Ivoire: Permis à points - Jean-Baptiste Koffi, président des consommateurs salue la mesure, mais interpelle

5 Septembre 2022

A travers un décret portant réglementation de l'usage des voies routières ouvertes à la circulation publique, pris par le Chef de l'Etat et entré en vigueur depuis le 3 août 2022, désormais, il est institué en Côte d'Ivoire un permis à point.

En son article 131, ce décret dispose que " le permis de conduire perd sa validité et doit être retiré lorsque le total de points alloués est épuisé ".

Avant sa mise en application effective, le président de la Confédération des organisations de consommateurs (Coc-Ci), Jean-Baptiste Koffi, attire l'attention des décideurs dans une déclaration.

" En termes d'intention pour ramener l'ordre et la discipline sur nos routes, le nouveau décret portant règlementation de l'usage des voies routières ouvertes à la circulation publique est un réel progrès. Le vieil adage selon lequel "La peur du gendarme est le début de la sagesse", pourrait avoir une illustration concrète avec l'allocation à chaque permis de conduire un capital de points qui fait l'objet de diminution régulière jusqu'à épuisement en cas d'infraction par son détenteur. Entre l'intention clairement affichée du décret et les résultats attendus, il y a encore à l'évidence de nombreuses dispositions à prendre au risque d'assister à des déviations d'objectifs.

En effet, dans sa forme actuelle, le texte laisse encore une large place à l'intervention humaine. Et quand on sait que toute intervention humaine comporte une bonne dose de subjectivité, des injustices voire des pratiques à la limite de la légalité ne sont pas à écarter. Il faut donc aller lentement mais sûrement, quitte à démarrer les retraits de points sur le permis de conduire par les infractions ne pouvant faire l'objet d'aucune contestation comme les infractions vidéo-verbalisées.

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Par ailleurs, la signalisation routière qui est loin d'être aux normes requises dans notre pays, se trouve être au cœur des sanctions prévues par ce décret. Pour le bon ordre des choses, il y a véritablement urgence à mettre notre signalisation routière à niveau avant toute entrée en vigueur totale ou partielle de ce décret.

Par signalisation routière, il faut entendre l'ensemble des signaux conventionnels implantés sur le domaine routier et destinés à assurer la sécurité des usagers de la route, soit en les informant des dangers et des prescriptions relatives à la circulation ainsi que des éléments utiles à la prise de décision, soit en leur indiquant les repères et équipements utiles à leurs déplacements. Elle comprend deux grands ensembles : la signalisation routière verticale, qui comprend les panneaux, les balises, les feux de signalisation, les bornes, les feux tricolores et la signalisation routière horizontale constituée principalement des marquages au sol.

Ce n'est un secret de polichinelle, sous nos tropiques, la signalisation routière est très loin d'être abondante. Même quand elle existe, elle n'est pas toujours de bonne qualité. Quelques communes dans le district d'Abidjan font exception. Ce décret est sensé s'appliquer sur l'ensemble du territoire national.

Comment prétendre objectivement sanctionner le chevauchement de la ligne continue si les marquages au sol ne sont pas visibles ou n'existent même pas ? Comment prétendre sanctionner des excès de vitesse en l'absence de panneaux de limitation de vitesse sur nos routes ? Comment vouloir sanctionner l'usager ne circulant pas sur la catégorie de voie qui lui ait affecté quand il n'existe pas de voie pour les piétons et/ou cyclistes sur nos routes ?, etc.

Il faut donc corriger toutes ces insuffisances car les infractions routières constatées dans de telles conditions le seraient au désavantage des usagers et auront une forte odeur de péages routiers invisibles. "

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