La Journée mondiale de l'alimentation se tient ce 16 octobre, sous le thème " Ne laisser personne de côté ".
15-oct-2022
Au moment où la plupart des pays africains sont confrontés à une flambée des prix des denrées alimentaires, notamment céréalières, due à la guerre russo-ukrainienne, la Banque africaine de développement a mis en route la Facilité africaine de production alimentaire d'urgence. Objectif : atténuer les chocs exogènes de la guerre et prévenir une famine sur le continent en produisant dans les deux prochaines années - sur le continent - 38 millions de tonnes de nourriture.
Le 20 mai dernier, le Conseil d'administration donnait son feu vert pour le lancement de la Facilité. En quelques jours et avant les vacances d'été, les premiers financements tombent. 1,257 milliard de dollars américains sont octroyés à 26 pays africains. La Facilité vise à fournir des semences agricoles à 20 millions de producteurs du continent. Les variétés concernées sont le blé, le maïs, le riz, le soja, le palmier à huile. Le but est de produire 38 millions de tonnes de nourriture supplémentaires d'une valeur de 12 milliards de dollars.
" L'Afrique ne devrait pas importer de denrées alimentaires. L'Afrique devrait devenir une grande région productrice de denrées alimentaires et fournir ses excédents au reste du monde. S'il y a une chose que l'Afrique peut faire pour le monde, c'est de l'aider à se nourrir ", déclare à Oslo, le président du Groupe de la Banque africaine de développement, Akinwumi Adesina, alors qu'il participait à l'événement d'échanges de connaissances de Yara International, entreprise chimique norvégienne. Elle produit, distribue et vend des engrais minéraux azotés et des produits industriels connexes.
" L'Afrique offre (... ) d'énormes opportunités dans le domaine de l'agriculture, puisqu'elle dispose de 65 % des terres arables non cultivées encore disponibles pour nourrir la population mondiale ; ce qu'elle fera dans ce domaine déterminera donc l'avenir de l'alimentation dans le monde. Et la taille du marché de l'alimentation et de l'agriculture en Afrique atteindra 1000 milliards de dollars d'ici 2030 ", assurait le 29 septembre M. Adesina, aux hommes d'affaires norvégiens réunis au sommet de la Norwegian-African Business Association (NABA).
Face à l'urgence de la situation, l'initiative de la Banque a été quasiment plébiscitée. Elle est soutenue par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres et le président américain Joe Biden. Le Japon, via l'Agence japonaise de coopération internationale s'est associée à la Banque pour stimuler la production agricole dans trois pays : Nigeria, Tanzanie et Côte d'Ivoire. Début octobre, la Norvège a annoncé une allocation de 9,2 millions de dollars à la Facilité. Des agences internationales de développement ont également salué l'initiative de la Banque.
À partir de 2024 donc, des productions agricoles importantes sont attendues aux quatre coins du continent. Au Sénégal, par exemple, il est prévu une production additionnelle de 600 000 tonnes de céréales (riz, maïs, mil), environ 120 tonnes de niébé et 150 000 tonnes de pomme de terre supplémentaires. En Côte d'Ivoire, l'appui de la Banque va aider à produire 546 987 tonnes de maïs en plus, 796 323 tonnes de riz et 1 008 373 tonnes de tubercules de manioc.
La Facilité africaine de production alimentaire d'urgence de la Banque vise à fournir des semences intelligentes face au climat et l'accès des producteurs à des engrais abordables à 20 millions d'agriculteurs sur le continent.
Pour le Groupe de la Banque, la marche vers l'atteinte des objectifs est irréversible d'autant plus que la Facilité africaine de production alimentaire d'urgence peut compter sur un autre programme phare de la Banque : le programme Technologies pour la transformation de l'agriculture africaine (TAAT).
TAAT fournit aux producteurs des semences résistantes au climat et des technologies agricoles innovantes. Lancé en 2018, le programme a connu un succès retentissant. En Éthiopie, les variétés de blé tolérantes à la chaleur ont aidé le pays à devenir autosuffisant en blé en seulement trois ans. L'année prochaine, le pays prévoit de devenir un exportateur net de blé vers Djibouti et le Kenya. Ce programme a contribué à fournir des technologies agricoles améliorées à près de 12 millions d'agriculteurs et a aidé à produire 25 millions de tonnes de nourriture.
La nouvelle année marquera de nouveaux développements dans le partenariat de la Banque avec le Fonds international de développement agricole pour établir une Facilité de financement pour l'alimentation et la nutrition en Afrique. Cette Facilité, appelée " Mission 1 pour 200 ", vise à mobiliser 1 milliard de dollars, dans les deux prochaines années, auprès de sources de donateurs principalement non traditionnelles, afin de répondre aux problèmes plus structurels de la modernisation du secteur agricole africain. Objectif : doubler la productivité de 40 millions de petits exploitants agricoles africains, produire 100 millions de tonnes de nourriture et nourrir 200 millions de personnes. La Banque devrait lancer cette facilité de financement en fin janvier, afin de favoriser la transformation de l'agriculture africain et de contribuer à ce que " personne ne soit laissé pour compte ".
L'allocation de 9,2 millions de dollars de la Norvège pour la Facilité soutiendra les programmes du Mécanisme de financement des engrais en Afrique, comme le programme de garantie de crédit aide les agro-commerçants comme Fideline Mahenge à fournir davantage d'engrais aux agriculteurs en Tanzanie.
Pays bénéficiaires au 15 octobre 2022 de la Facilité africaine de production alimentaire d'urgence