Centrafrique: Les suites de l'affaire Danièle Darlan

La présidente de la Cour constitutionnelle Danièle Darlan en décembre 2020.
26 Octobre 2022

Après la mise à la retraite de la présidente de la Cour constitutionnelle, la société civile et l'opposition politique réclament la destitution du président Touadéra.

C'est donc sans la présidente Danièle Darlan que les six juges constitutionnels se sont réunis pour examiner les différentes requêtes en annulation des décrets pris par Faustin Archange Touadera, y compris concernant la mise à la retraite de Danièle Darlan.

En attendant leur verdict, prévu la semaine prochaine, le porte-parole de cette juridiction, Jean-Pierre Ouaboué, est formel sur la méthode employée pour écarter la présidente de la Cour est anticonstitutionnelle : "Le juge constitutionnel est indépendant de tout corps et de toute corporation, il ne siège pas à la Cour au nom de l'entité ou de l'autorité qui l'a désigné. Le mandat du juge qui est de sept ans est indépendant de sa carrière professionnelle et sa mise à la retraite n'a pas d'impact sur son mandat de juge. L'indépendance des juges est encore renforcée par l'inamovibilité. C'est une protection de son indépendance. Une protection contre les changements arbitraires dont ils pourraient faire l'objet en relation avec les décisions qu'il a pu rendre."

Âge de la retraite

Un rappel de la loi qui n'a pas empêché le pouvoir de convoquer dès ce vendredi les enseignants du supérieur en assemblée générale afin de désigner le successeur de Danièle Darlan.

Le ministre de la Fonction publique, Marcel Djimassé, s'en tient pour sa part à la version du gouvernement qui est que Danièle Darlan a atteint l'âge de la retraite : "Vous ne pouvez pas être plus royaliste que le roi. Aujourd'hui, nous avons une situation où il y a des gens qui ont l'âge de partir à la retraite et il appartient au ministère de l'Enseignement supérieur de mettre en route l'ensemble des dispositions pour remplacer ces gens."

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Manigances de Touadéra

Mais Rodriguez le Chauvin Poloko, un étudiant membre du Consrtium des jeunes, considère cette éviction comme un moyen de se débarrasser d'une personne qui faisait obstacle à la réforme constitutionnelle voulue par Faustin-Archange Touadéra.

"Il a envie de régler des comptes politiques mais il n'a pas besoin par la même occasion de détruire la République parce qu'il est en train d'enfoncer le pays au fond du gouffre."

Appel de l'opposition

L'opposition tire les conséquences de ce qu'elle considère comme un "coup d'Etat constitutionnel"et appelle la communauté internationale à rompre ses relations avec le régime de Bangui. C'est ce qu'a indiqué Crépin Mboli-Goumba, coordonnateur du Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC) : "Le président de la République vient d'opérer son coup d'Etat constitutionnelen violant la sacrée sainte règle de l'inamovibilité des juges constitutionnels. Nous demanderons également à la Cour constitutionnelle de constater que le régime en place en Centrafrique n'a plus les apparences d'un régime démocratique et légal eu égard à la gravité de la situation. Le BRDC condamne ce coup d'Etat d'inspiration bolchévique. Demandez aux Nations unies, à l'Union africaine, à l'Union européenne ainsi qu'à tous les partenaires de la RCA de suspendre toute coopération avec ce pays et de mettre sous sanctions ceux qui participent à la destruction de la démocratie en Centrafrique."

En appelant à la destitution de Faustin-Archange Touadéra, l'opposition joue gros car si la Cour constitutionnelle lui donne raison, la Centrafrique risque d'entrer dans une nouvelle période de turbulences politiques.

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