L'Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (Asa) prolonge son combat à la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP27) pour exiger des investissements dans l'agro écologie comme solution locale à la crise climatique3.
Cette organisation de la société civile qui représente plus de 200 millions d'agriculteurs, demande une augmentation du financement de l'agroécologie et un engagement des petits exploitants dans les négociations sur l'adaptation au changement climatique. Elle l'a fait savoir dans une note datée du 7 novembre et qui nous est parvenu.
Profitant du fait que cette grande messe sur climat revienne en Afrique après six ans, en se tenant cette année à Sharma El-Sheikh, Égypte, ces militants de la souveraineté alimentaire en Afrique appellent à un soutien international en faveur de solutions agricoles durables et locales pour faire face à la crise climatique.
Se targuant d'être la plus grande organisation de la société civile africaine représentant plus de 200 millions d'agriculteurs, d'éleveurs, de pêcheurs, de peuples autochtones, de mouvements de femmes et de jeunes et de groupes confessionnels à travers le continent, elle compte assister à la COP27 pour s'assurer que les négociations renforcent la résilience de l'Afrique face à la crise climatique en intégrant l'agro écologie dans les espaces politiques climatiques régionaux et nationaux.
La même source renseigne que la délégation s'appuiera sur le plaidoyer en cours de l'Afsa, y compris une réunion en septembre de cette année à Addis-Abeba, en Éthiopie, où l'Alliance a annoncé sa demande que la COP27 mette l'agroécologie au centre de l'adaptation climatique de l'Afrique, créant ainsi une résilience pour les petits agriculteurs, les pêcheurs, les éleveurs et les communautés autochtones d'Afrique et leurs systèmes alimentaires.
En amont de la conférence, lit-on dans le même document, l'Afsa a soumis l'adaptation, la résilience et l'atténuation par l'agroécologie, un document de position qui trace une voie claire pour les dirigeants et les décideurs politiques afin de donner la priorité à l'adaptation climatique par l'agroécologie.
Focus sur l'adaptation climatique, l'action sur les terres, les finances, l'accès des femmes à la terre
Dans ce document, l'Afsa présente cinq demandes clés, notamment sur l'agriculture en appelant à donner la priorité à l'agroécologie à inclure dans les décisions climatiques de la COP27 et en l'institutionnalisant au sein de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (Ccnucc).
Sur la question de l'adaptation au climat, l'Afsa demande au de faire participer de manière significative les petits producteurs de denrées alimentaires à l'adaptation au climat, y compris en utilisant les connaissances indigènes.
Concernant l'action climatique sur les terres, ces acteurs de la société civile invitent les décideurs à se concentrer sur la protection des terres contre la dégradation due à l'agriculture à grande échelle et établir/rétablir une gestion communautaire des ressources naturelles.
Pour ce qui s'agit l'aspect finance, il est souhaité d'orienter les nouveaux financements climatiques accessibles vers les petits exploitants agricoles, sous la forme de subventions plutôt que de prêts.
Côté genre, l'Afsa demande de rendre opérationnel le plan d'action pour l'égalité des sexes de la Ccnucc afin de permettre aux femmes et aux filles de prendre les meilleures décisions économiques pour gérer durablement leurs terres.
A travers la note d'information, le Dr Million Belay, coordinateur général de l'Afsa et expert du panel de l'IPES-Food a déclaré : « Ignorer l'agroécologie, c'est ignorer les agriculteurs africains et mettre de côté les personnes les plus vulnérables de la planète, qui sont les premières et les plus touchées par la crise climatique ».
Pour lui, « L'Afrique pourrait se nourrir elle-même plusieurs fois. Mais l'agroécologie ne peut et ne doit pas être négligée par les décideurs comme le moyen le plus efficace de renforcer la résilience et de permettre aux petits agriculteurs, aux éleveurs et aux pêcheurs de s'adapter au changement climatique. »
Même son de cloche pour Bridget Mugambe, coordinatrice du programme Afsa qui affirme : « L'Afrique endure les effets de l'urgence climatique tous les jours - la crise climatique n'attend pas et nos populations non plus ».
Les dirigeants africains appelés à prêter une oreille attentive à l'agroécologie
A son avis, « il est temps que les dirigeants africains et internationaux écoutent nos demandes et donnent la priorité à l'agroécologie en tant que solution menée par les Africains pour nourrir nos communautés tout en s'adaptant à l'urgence climatique ».
Sena Alouka, directeur exécutif des Jeunes volontaires pour l'environnement du Togo et président du groupe de travail "Climat et agroécologie" de l'AFSA, a abondé dans le même sens. Selon lui, « Les dirigeants de la COP27 doivent donner la priorité aux systèmes alimentaires dans les plans d'adaptation au climat de l'Afrique et intégrer l'agroécologie dans les négociations climatiques de la CCNUCC ».
Avant d'avertir, « Nous n'avons pas de temps à perdre. La Conférence des Nations Unies sur le changement climatique (COP 27) offre une occasion mondiale d'entamer une transition juste, loin de l'agriculture industrielle à fortes émissions, des monopoles du système alimentaire des grandes entreprises et des fausses solutions climatiques, vers l'agroécologie, la souveraineté alimentaire et l'autosuffisance. »
Pour ratisser large, l'Afasa organisera également une exposition, intitulée Opportunities for Directing Climate Finance towards Resilient & Agroecological Food Systems, lors de la COP27 le 14 novembre. Cette rencontre sera l'occasion de présenter des données montrant le besoin urgent d'un investissement climatique gouvernemental dans l'agroécologie et les systèmes alimentaires.
Selon les responsables de cette organisation non gouvernementale, la présentation sera suivie d'un panel avec des intervenants de la Banque africaine de développement (Bad), du Fonds vert pour le climat, des représentants de l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (Fao) et du Fonds international pour le développement agricole (Fida).