Face à l'intérêt croissant des pays européens pour le gaz en Afrique, lié à la guerre russo-ukrainienne, sachant que plusieurs pays africains producteurs (Égypte, Algérie, Maroc ou Mozambique) se sont engagés à leur en fournir, l'Afrique devrait toutefois " d'abord satisfaire ses propres besoins avant de penser aux exportations ", de l'avis des experts.
C'est la convergence de vue qu'a entérinée la session : " Gaz naturel et continent africain : quel est le rôle du gaz naturel africain dans la réponse au déficit énergétique mondial ? " organisée en marge de l'Africa Investment Forum 2022, qui se déroule du 2 au 4 novembre, à Abidjan, capitale économique de la Côte d'Ivoire.
La session a réuni différents acteurs du secteur pétrolier et gazier : Henry Menkiti, chef d'exploitation à Sahara Group, conglomérat international dans le domaine de l'énergie et des infrastructures présent dans plus de 38 pays africains, Fola Fagbule, responsable du Conseil financier à l'institution spécialisée dans le financement des infrastructures en Afrique, Africa Finance Corporation et Adly Kafafy, vice-président de la compagnie égyptienne, Taqa Arabia.
" Le gaz est devenu essentiel pour le continent. Nous avons une population qui croit et nous avons un déficit en matière d'accès à l'énergie, a souligné Fola Fagbule. Or, l'Afrique a beaucoup de réserves de gaz et contribue désormais à l'approvisionnement mondial ". Il a ajouté : " Nous devons donc faire face aux besoins nationaux. Cela passe par le renforcement des structures en charge de l'exploitation du gaz, la création de marchés locaux avec une chaîne d'approvisionnement, la mise en place des infrastructures nécessaires ".
Fola Fagbule a cité le Nigeria comme un exemple en la matière, où a été créé un écosystème pour l'exploitation du gaz : " Cela peut être reproduit à une grande échelle sur le continent. C'est un sujet important à mettre à l'ordre du jour de la Zone de libre-échange continentale africaine. Nous devons seulement mieux nous organiser. L'Afrique doit combler ses propres besoins en gaz avant d'exporter ".
" C'est une bonne idée ", a réagi Henry Menkiti. " L'Algérie, l'Égypte et le Maroc envoient du gaz vers l'Espagne et la France. Il y a un accord entre l'Égypte et Israël pour exporter du gaz vers d'autres pays d'Europe. Le groupe Total a investi dans un projet offshore au Mozambique. Maintenant, il y a le Sénégal qui est prêt à lancer un important projet d'exploitation de gaz ", a-t-il précisé, énumérant les différents projets de fourniture de gaz africain à l'Europe. " L'Afrique doit voir ce qu'elle est en mesure de fournir à l'Union européenne, parce qu'elle doit elle-même assurer ses propres besoins ", a-t-il souligné.
Adly Kafafy a abondé dans le même sens. Selon lui, l'Afrique " doit passer en premier " dans l'exploitation de son gaz. " On ne doit pas attendre, on doit aider l'Afrique à exploiter ses propres ressources gazières. Si on doit leur fournir du gaz naturel, il faut aussi qu'ils nous donnent des financements pour nos infrastructures. Aujourd'hui, on ne trouve pas de financement suffisant pour investir dans l'extraction et l'exploitation du gaz ", a regretté Adly Kafafy.
L'Africa Investment Forum 2022 est un marché de l'investissement innovant qui met en relation, d'une part, des dirigeants africains et responsables gouvernementaux, ainsi que des promoteurs de projets, avec des investisseurs privés et publics, des sociétés de capital-investissement, des philanthropes, des fonds de pension, des fonds souverains... , d'autre part.
