Les clichés tirés des collections photographiques " Imaginary trip II " et " Terre de lait ", récréant de façon poétique et troublant les souvenirs de l'histoire de son pays, la République démocratique du Congo (RDC), sont exposés jusqu'au 31 décembre à la Galerie Le Château d'eau de Toulouse en France.
La série de photographie de Gosette Lubondo, "Terre de lait", est une expression tirée du livre de Lévitique qui signifie "Je vous donnerai cette terre où coulent le lait et le miel". Elle renvoie au désir qui a résidé à la création de la ville de Gbadolite, au Nord de la RDC, par le président Mobutu qui, dans les années 1960, voulait faire de son village natal sa terre promise. Lieu de prestige à sa gloire durant les premières décennies qui ont suivi sa création et abandonné et pillé à la chute de son bâtisseur, la promesse s'en est allée avec lui.
Attentive à la mémoire, des lieux au traitement du patrimoine par ceux qui en héritent, Gosette Lubondo explore dans cette nouvelle série l'histoire, l'héritage patrimoine de Gbadolite. Par cette série, le spectateur est convié à une cérémonie d'animation politique, lors de laquelle des groupes de danseurs et de chanteurs donnaient des représentations à la gloire de Mobutu. Mais ici, les costumes aux couleurs vives et les chorégraphies rythmées des danseurs ont laissé place au recueillement et à la méditation. Des sentiments que la photographe prête aux personnes qu'elle fait revenir sur ces lieux abandonnés, qui ont connu de grandes heures de leur gloire passée, figée dans la mémoire collective.
Par ailleurs, la série "Imaginary" est une recherche de l'artiste sur la mémoire des espaces et des individus. Elle se plonge dans un voyage imaginaire, un concept qui consiste à investir des espaces abandonnés, livrés à la nature, afin d'y camper des mises en scène et reconstitution. Ces photographies ne cherchent pas uniquement à préserver la mémoire de ces lieux, mais également à donner un nouvel éclairage de leur histoire et à questionner leur signification dans le contexte social actuel.
En se confrontant à ces lieux du passé, la jeune photographe congolaise, Gosette Lubondo, questionne autant l'histoire de son pays que son histoire personnelle. C'est, en effet, par ses parents qu'elle a pris connaissance de ce lieu fantôme qui représente pour la génération dont ces derniers sont issus, un fantasme, un rêve figé dans le temps. En se mettant, en outre, en scène aux côtés d'autres modèles sous les traits de personnages fictifs du passé, écoliers, enseignants ou encore personnel de l'établissement, la jeune photographe cherche à revivre l'histoire de ce lieu, témoin de l'époque coloniale.
Membre du KAS, le Kin arstudio, une plateforme culturelle fondée à Kinshasa en 2010, Gosette a été lauréate des résidences photographiques du Musée de Quaibranly, en 2017, et aussi finaliste du Goethe-Institut Master class. En 2020, un ouvrage rassemblant ses œuvres réalisées entre 2013 et 2019 a été publié à l'occasion de la première exposition individuelle de l'artiste. Par ailleurs, la jeune photographe a déjà participé à plusieurs expositions collectives et individuelles à travers le monde, à savoir Hills (biennale de Kampala) en 2016, Hélio tropisme, collection si particulière à Arles en 2017, Éblouissement (biennale de lumbumbashi) en 2017, stories (African business and economic forum) en Egypte en 2017, Kinshasa chronique en 2018, Congo stars joanneum Museum, Autriche en 2018, Adidas foto Fest en 2018.
