Tchad: Premier procès de manifestants arrêtés lors des événements du 20 octobre

Des manifestants brûlent des pneus usagés dans un quartier de la capitale, N'Djamena.

Ce mardi 15 novembre s'est ouvert en fin de matinée le premier procès de manifestants arrêtés le 20 octobre dernier à Mongo, dans la province du Guera, dans le centre-sud du pays. Ce jour-là, des marches contre les autorités ont donné lieu à un bain de sang, faisant officiellement 50 morts et 300 blessés dans le pays. Bien davantage selon l'opposition et d'autres organisations.

Douze personnes devaient être jugées, mais ils ne sont finalement que 11 inscrits au rôle du tribunal d'instance de Mongo devant lequel ils comparaissent. Ils sont jugés pour " attroupement non armé et rébellion " pour ce premier procès lié aux manifestations du 20 octobre dernier.

Les accusés faisaient partie de groupes de plusieurs dizaines de jeunes sortis dans les rues le 20 octobre au matin. Comme dans d'autres villes du Tchad, ils avaient été dispersés par la police, à coup de gaz lacrymogènes

Il y avait eu des blessés et des arrestations, mais aucun mort n'avait été à déplorer dans le chef-lieu provincial du Guera.

Pas de date de procès à Ndjamena

Au total, dans le pays, près de 1 400 personnes ont été arrêtées ce jour-là et les suivants, selon le comité de l'ONU contre la torture.

Le gouvernement a fini par reconnaitre, vendredi 11 novembre, par la voix du ministre de la Justice, que 621 personnes avaient été auditionnées à la prison de haute sécurité de Koro Toro, dans le nord du pays, dont 82 mineurs.

Mahamat Ahmat Alhabo a expliqué à la presse que 401 de ces détenus arrêtés, selon lui en situation de flagrant délit, avaient vu leurs dossiers transmis au parquet de Ndjamena, et que 137 visés par des charges plus lourdes étaient encore en cours d'instruction. À Ndjamena, aucune date n'a encore été fixée pour un procès

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Cette procédure judiciaire inquiète en tout cas l'ordre des avocats du Tchad. Elle ne respecte pas les règles, déclarait lundi le bâtonnier, Me Djerandi Laguerre Dionro.

Par une mission effectuée dans la prison de Koro Toro dans le désert, il a été procédé à des enquêtes préliminaires, à des déferrements, à des placements sous mandat de dépôt alors qu'on est hors des délais de garde à vue, tout cela s'est passé sans assistance d'avocat, mettant ainsi en cause le respect du droit de la défense. La maison d'arrêt de Koro-Toro, dite de haute sécurité, est destinée aux personnes condamnées. Mieux, elle ne relève pas du ressort du tribunal de grande instance de Ndjamena

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