Zimbabwe - Des pompes solaires pour répondre aux changements climatiques et pallier les pénuries d'eau à Harare

17 Novembre 2022
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

Nombreux sont les pays africains où les changements climatiques entrainent des sécheresses record, qui, à leur tour, causent de graves difficultés en termes d'approvisionnement en eau, notamment en ville .

En ces temps de COP27, la Banque africaine de développement et l'Unicef rappellent la nécessité de mobiliser des fonds à grande échelle pour offrir un accès à l'eau aux communautés vulnérables en Afrique. Sans quoi, point de résilience climatique.

Focus sur Harare, en proie à des graves pénuries d'eau, où la Banque africaine de développement et l'Unicef ont développé, ensemble, des systèmes d'adduction d'eau potable, alimentés à l'énergie solaire.

A lire l'un des derniers rapports d'Oxfam, La faim dans un monde qui se réchauffe, sur les 10 pays recensés comme les plus exposés aux risques climatiques au monde, 7 sont en Afrique. Le Zimbabwe en fait partie, de plus en plus confronté, ces vingt dernières années, à des épisodes climatiques extrêmes - entre sécheresses et tempêtes. Il occupe même le 2e rang mondial de l'Indice mondial des risques climatiques 2021. Or à croire les dernières projections, le Zimbabwe a de grands risques de continuer de se réchauffer d'ici à 2080.

Harare, la capitale, n'est pas épargnée. Souffre d'une pluviométrie devenue irrégulière et insuffisante, le Lac Chivero, abondé par la rivière Manyame, à 40 km au sud-ouest de la capitale, voit son niveau baisser dangereusement. Et n'est plus en mesure de répondre aux besoins des quelque 2,4 millions d'habitants d'Harare.

Sous l'effet des changements climatiques, l'environnement du bassin versant du Lac Chivero et de Manyame s'est dégradé : intensification du ruissellement de surface, érosion des sols, envasement des lacs... Les chiffres en attestent : Chivero et Manyame ont enregistré une baisse de volume de 6 % et 10 %, respectivement, par rapport à leurs capacités initiales. Une situation aggravée par une hausse des niveaux de pollution dans le bassin versant : il faut désormais traiter l'eau pour la rendre propre à la consommation humaine, et donc davantage recourir aux produits chimiques.

Harare n'est donc plus alimentée en eau en quantité suffisante. La ville ne parvient plus à maintenir les services en phase avec le boom démographique enregistré, ni à financer l'entretien d'un réseau obsolète et vétuste, qui n'a pas été conçu pour répondre à la demande actuelle - encore moins à venir.

Du coup, nombreux sont les habitants d'Harare qui n'ont accès qu'à des sources d'eau insalubre, impropre à la consommation humaine ; les plus patients font la queue des heures durant pour obtenir de l'eau potable de source sûre.

A Harare, le rationnement de l'eau est encore une réalité pour beaucoup, qui restent des jours, sinon des semaines sans eau potable, faute de solution pour remédier aux pénuries d'eau liées aux changement climatiques.

Une situation que connaît bien Fault Shumba, 48 ans, qui habite à Mabvuku, banlieue populeuse à l'est d'Harare, avec sa femme et ses deux enfants, 3 et 5 ans : depuis que le réseau municipal de distribution d'eau qui parvenait jusqu'à leur quartier s'est asséché, il y a trois ans, obtenir de l'eau potable et sûre leur était devenu tâche quasi-impossible. L'épouse de Fault, Marvelous Pasipanodya, 32 ans, raconte : " L'eau a toujours été un problème, dans mon quartier. Pour l'eau potable, on dépendait, ma famille et toute notre communauté, de quelques forages, qui étaient toujours pris d'assaut, tant la demande est forte. On était obligé d'aller chercher de l'eau - une tâche souvent laissée aux enfants -, à des sources peu sûres, comme des puits peu profonds, qui parfois étaient à sec. " Marvellous indique qu'elle se levait à deux heure du matin pour prendre sa place dans la file d'attente qui grandissait devant le puit de forage près de chez elle : " Le forage était particulièrement saturé, parce qu'il desservait beaucoup de gens, mais aussi un centre commercial, une clinique, et les habitant des quartiers voisins. C'était une pompe de brousse manuelle, qui ne pouvait pas répondre à la forte demande. C'était le chaos autour, avec des bagarres et des intimidations. " Dans les banlieues d'Harare, des associations de santé communautaires ont ainsi vu le jour, qui travaillent à renforcer la cohésion sociale et à prévenir les conflits qui peuvent éclater autour du système d'eau courante.

Fault Shumba avec son épouse Marvelous et leurs deux enfants, à Mabvuku.

Le service d'eau municipal d'Harare est censé alimenter la capitale bien sûr, mais aussi toute la province métropolitaine, dont la ville de Chitungwiza - soit 4,5 millions d'habitants environ. Les capacités de production cumulées des deux stations de traitement des eaux (Morton Jaffray et Prince Edward), qui s'élèvent à 704 méga-litres/ jour, ne sauraient répondre à la demande, quelque 800 méga-litres/ jour. En réalité, la production actuelle est même moindre, de 500 méga-litres/ jour. Et la qualité de l'eau s'est détériorée, en raison des coupures de courant qui affectent la capacité de traitement des eaux.

Faute d'alternative, nombreux sont les habitants d'Harare à s'être rabattu sur des sources d'eau insalubres, s'exposant au risque de maladies d'origine hydrique (diarrhées, choléra, dysenterie, typhoïde... ).

Pour remédier aux pénuries d'eau persistantes à Mabvuku et dans de nombreuses localités d'Harare et ses environs, le gouvernement du Zimbabwe a décidé, en mai 2020, de s'associer à l'Unicef pour améliorer l'accès à des services d'eau résilients au plan climatique. Un projet rendu possible grâce au soutien financier de la Banque africaine de développement.

Outre les épidémies de choléra et de typhoïde qui affectent les enfants et les familles, la pandémie de Covid-19 a aiguisé l'enjeu vital qu'est l'accès à une eau propre à la consommation pour les ménages vulnérables.

Le nouveau projet a permis d'installer des dispositifs de pompage d'eau potable fonctionnant à l'énergie solaire dans plusieurs quartiers d'Harare - dont Mabvuku. Fault Shumba s'en réjouit tous les jours : " On est reconnaissant pour le système d'eau courante à énergie solaire qu'ils ont installé comme une alternative d'approvisionnement en eau pour lutter contre la Covid-19 et les autres maladies liées à l'eau et à l'assainissement. "

Les quatre membres de la famille Shumba font partie des quelque 850 000 personnes qui bénéficient déjà d'une eau salubre, grâce aux systèmes solaires d'adduction d'eau qui ont été développés à Harare et ses alentours.

Parce qu'il n'est plus possible de s'attaquer à la fragilité des pays en transition ni de les aider à renforcer leur résilience sans tenir compte des effets désastreux des changements climatiques, la Banque africaine de développement a décidé de collaborer avec l'UNICEF, le gouvernement zimbabwéen et différentes organisations de la société civile (Oxfam, Welthungerhilfe, GOAL, Africa Ahead et la Croix-Rouge zimbabwéenne), en soutenant le projet via sa Facilité d'appui à la transition. Le projet se voulait une réponse directe à la vague de la pandémie COVID-19, qui a aiguisé les problèmes en matière d'offre de services " WASH " (approvisionnement en eau, assainissement et hygiène) dans les villes particulièrement affectées par les aléas climatiques. Doté d'un volet dédié à la lutte contre les effets des changements climatiques, le projet a ainsi misé sur les énergies renouvelables pour offrir un système alternatif d'adduction d'eau aux communautés vulnérables. Pour les enfants de ces quartiers, fini, la corvée d'eau ou le risque de contracter une diarrhée !

Ce sont, au total, 61 systèmes d'adduction d'eau fonctionnant à l'énergie solaire qui ont été déployés, 164 forages qui ont été réhabilités et 15 nouveaux points d'eaux qui ont été creusés. Au profit de 854 975 personnes. 10 000 kits d'hygiène WASH ont aussi été distribués aux bénéficiaires, en priorité aux personnes handicapées ou vivant avec le VIH/Sida. Et les messages délivrés au fil du projet en matière de santé et d'hygiène ont ciblé plus de 1,8 millions de personnes.

Cet article est le fruit d'une collaboration entre la Banque africaine de développement et l'UNICEF, qui marque un partenariat réussi sur le terrain, au profit des plus vulnérables en Afrique.

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