Addis-Abeba - "Beautiful Sheger River"

17 Novembre 2022
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African Development Bank (Abidjan)
communiqué de presse

Perchée à plus de 2 000 mètres d'altitude, sur les hauts plateaux bordant la vallée du Grand Rif, Addis Abeba, capitale de l'Éthiopie, est entourée de montagnes majestueuses.

Au fond des replis du terrain, coulent de nombreux cours d'eau : les affluents de la rivière Sheger, qui prend sa source dans les collines qui longent le nord de l'agglomération, avant de traverser le cœur de la ville pour s'écouler vers le sud.

Le panorama pourrait paraître idyllique, si la région n'était aussi vulnérable aux changements climatiques, soumise à des épisodes de pluies de plus en plus violents, de plus en plus fréquents.

Or Addis a connu une urbanisation galopante. Ces vingt dernières années, la capitale éthiopienne a vu sa population plus que doubler, pour atteindre quelque 5 millions de personnes - à l'instar de toutes les grandes villes africaines. L'eau peine désormais à s'infiltrer sur les nombreux terrains aujourd'hui construits. Avec les pluies, les rues se muent en torrents de boue et la salubrité publique devient problématique. Au fond de la vallée, Sheger inonde régulièrement les quartiers du centre-ville, où s'accumulent les déchets charriés par les eaux.

Les habitants se méfient désormais de la rivière, dont ils craignent les crues.

Les autorités de la ville, le gouvernement éthiopien et les bailleurs de fonds - au premier rang desquels la Banque africaine de développement -, ont décidé de s'emparer du problème et de valoriser le potentiel de la Sheger River.

Comment réconcilier les Addis-Abebiens avec leurs rivières ?

En 2019, les autorités éthiopiennes ont lancé un ambitieux projet de réaménagement du bassin de la rivière Sheger. La Banque africaine de développement est partenaire de l'opération, via son Fonds de développement urbain et municipal, qui a vocation à accompagner les villes d'Afrique dans leur expansion, en les aidant à anticiper et à formuler leurs plans d'aménagements et à mobiliser des financements.

Le Fonds a fait de l'adaptation des villes africaines aux changements climatiques l'une de ses priorités, au côté de l'inclusion sociale. Le Fonds part du principe que les choix et les modèles d'investissements doivent s'appuyer sur études étayées avec des données de terrain avérées - ce dont manquent encore beaucoup de villes africaines.

Pour le réaménagement de la rivière Sheger et de ses différents affluents, le Fonds a donc établi une stratégie ad hoc (voir ici) dont le financement repose sur plusieurs bailleurs : les coopérations italienne, chinoise et coréenne, ainsi qu'UN Habitat. Il s'agit de réaménager 69 km de rivières au total, sur une superficie concentrant plus de 1,3 million de riverains.

Il a fallu prendre de la hauteur tout d'abord et se projeter sur le temps long - anticiper, par exemple, l'évolution du régime de précipitations dans les prochaines décennies. Le Fonds de développement urbain et municipal a commencé par financer la conduite d'études hydrographiques, en se focalisant sur les épisodes extrêmes et en cartographiant les zones inondables.

La carte ci-dessous montre certaines de ces zones inondables (figurées en rose), qui touchent en particulier le cœur administratif et commercial de la ville, près de Meskel Square, où les cours d'eau Kachane Orma et Kurtumi se rejoignent pour former la rivière Bantyiketu.

L'étude a permis d'intégrer les impacts du changement climatique dans la conception des aménagements urbains. Une importante composante du projet est la création de bassins de rétention d'eau de pluie, sur les affluents du Sheger, qui se rempliront en cas d'orages violents et atténueront le pic des crues, épargnant les zones habitées. Les lits des rivières seront nettoyés et récurés, facilitant l'écoulement des eaux. En parallèle, plusieurs zones de parcs et d'espaces végétalisés vont être aménagés tout au long des cours d'eau, qui vont aider à une meilleure absorption des pluies en se muant en zones inondables sans danger, évitant que le bâti ne se retrouve en première ligne. Des jardins partagés vont être créés, où les riverains pourront cultiver leurs potagers.

Les visuels ci-dessous permettent de comparer la situation avant et après projet, avec les aménagements prévus sur deux sections majeures de la rivière: la première est au cœur des quartiers informels densément peuplés où convergent les affluents Kurtumi et Kebena ; la seconde porte sur une zone plus plane, là où la rivière Banntyieku longe le zoo d'Addis.

Vue des quartiers informels, représentatifs des rives des rivières Kurtumi et Kebena avant le projet

Après le projet et l'aménagement des rives

Le Banntyieku, qui longe le Zoo d'Addis et le quartier de l'European Union Peacock Park

Aménagements prévus sur les berges de la rivière Sheger

Avec ces aménagements, il s'agit aussi d'offrir aux habitants de se réapproprier les berges de la rivière, un corridor vert propice à la promenade et aux loisirs, comme les villes africaines en comptent peu. Nous touchons là à la dimension inclusive du projet, qui va améliorer le cadre et la qualité de vie de l'ensemble des riverains, aussi bien au cœur de la ville, le long du cours d'eau principal, que dans les quartiers précaires qui bordent les affluents plus lointains. Les parcs rafraîchiront les quartiers environnants et participeront à réduire la pollution atmosphérique.

Le projet comporte enfin un important volet sanitaire, avec la construction de toilettes publiques dans les quartiers informels qui ont poussé sur les pentes des collines d'Entoto aux sources de plusieurs des cours d'eau, ainsi qu'un réseau de canalisation drainant les eaux usées vers des stations d'épuration. Les autorités de la ville se prennent à espérer à de nouvelles rivières, propres et lieux de loisirs, qui sillonneront à nouveau la ville dans un cercle vertueux.

S'il s'agit avant tout d'éviter les énormes pertes humaines et matérielles provoquées par les inondations, les projections financières du projet sont au vert : des quartiers attractifs signifient plus d'activité économique, plus de demande dans le secteur de l'immobilier, voire du tourisme. Ce qui veut dire aussi de nouveaux impôts pour les autorités municipales, donc de nouvelles opportunités d'investissement.

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