Tchad: Un mois après le "jeudi noir", de nombreuses zones d'ombre demeurent

Vue aérienne de Ndjamena (image d'illustration).

Un mois après ce jour que les Tchadiens ont baptisé " jeudi noir ", il subsiste de nombreuses zones d'ombre sur ce qui s'est passé le 20 octobre dernier, lors de la répression sanglante des manifestations des opposants à la prolongation de la transition, à Ndjamena et autres villes, dans le sud du pays, notamment sur le bilan de ces évènements.

De 50 à 150 personnes tuées, entre 150 et 180 personnes portées disparues, plus de 1 300 personnes arrêtées ou encore entre 600 et 1 100 personnes " déportées " dans la prison de haute sécurité de Koro-Toro, selon les sources. Ce sont des chiffres relevés par le comité de l'ONU contre la torture.

Côté gouvernement, le compteur est resté bloqué depuis le premier jour sur le chiffre de 50 morts dont une dizaine de forces de l'ordre.

La Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) assure, elle, que son enquête sur le terrain lui a permis, à ce jour, d'identifier nommément 145 victimes. " Nous avons des listes exactes de Ndjamena, de Moundou, Doba, Koumra... de toutes les régions. Donc, nous ne pouvons pas nous tromper. Le temps viendra où l'on va faire les comptes avec eux ", assure Dobian Assingar, représentant de la FIDH dans la région.

Seuls trois à quatre noms de la liste correspondent à des agents des forces de l'ordre, précise Dobian Assingar, qui se pose la question de savoir pourquoi un mois après cette tragédie, les autorités n'ont pas encore rendu publics les noms des victimes et personnes arrêtées le 20 octobre et les jours qui ont suivi. Selon lui, c'est " parce qu'on va très vite se rendre compte qu'il y a des personnes qui ont été portées disparue alors qu'elles ont été arrêtées. Voilà, cela les mettrait dans une mauvaise position ".

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Le Tchad, toujours sous le choc

Aujourd'hui, la FIDH ou encore Amnesty internationale estiment que seule l'enquête internationale promise par Ndjamena peut aider à faire toute la lumière sur la répression sanglante du 20 octobre, mais pas à n'importe quelles conditions.

" Une équipe internationale indépendante et libre de se rendre partout, sur tous les lieux où se sont produits des manifestations et la répression et qui soit un peu portée également par les Nations unies ", précise Myriam Collado, chercheuse d'Amnesty Internationale sur le Tchad.

En attendant, ces organisations appellent le gouvernement tchadien à mettre fin " à la répression des opposants qui se poursuit " jusqu'ici avec notamment " des arrestations de nuit " et autres " intimidations et menaces. "

Joint par RFI, Roland Marchal, chercheur au CNRS et spécialiste de l'Afrique, explique quelles peuvent être les conséquences de ces évènements.

Il y a effectivement une coupure dans la mesure où la violence de la répression, avec sans doute plus d'une centaine de morts, font qu'il n'y a pas d'équivalent immédiat.

Roland Marchal, chercheur au CNRS et spécialiste de l'Afrique

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