Tchad: Interdiction de toute coalition entre la société civile et les partis politiques

Photo d'archives - Soldats tchadiens
21 Novembre 2022

Selon le gouvernement tchadien, les partis politiques et associations de la société civile se soustraient le plus souvent de leurs objectifs et apparaissent comme de véritables facteurs de division.

L'opposition tchadienne et la société civile dénoncent la restriction des libertés et de l'espace démocratique. Cette réaction intervient suite à la décision du gouvernement d'interdire tout regroupement ou coalition entre les partis politiques et les associations de la société civile. A travers un communiqué de presse, le ministère de l'Administration du Territoire dit prendre cette décision après avoir constaté avec regret la prolifération de regroupements de partis politiques et des plateformes associatives au mépris des dispositions réglementaires.

Selon le gouvernement tchadien, les partis politiques ne poursuivent pas les mêmes objectifs que la société civile, conformément à la charte des partis politiques. Ils ne peuvent donc se mettre dans des coalitions et autres regroupements avec la société civile pour mener des activités politiques.

Désormais, tout regroupement ou coalition entre les partis politiques et les associations de la société civile est interdit.

Cette décision ferait suite aux événements du 20 octobre dernier initiés par l'opposition et la société civile. Des événements qui ont fait de nombreux morts, blessés et arrestations.

Une décision que conteste le porte-parole du mouvement citoyen Wakit-Tama, l'avocat Max Loalngar.

"Les organisations de la société civile ne recherchent nullement le pouvoir ce qui est vrai, mais l'objectif qu'elles poursuivent est le bien-être de nos communautés et populations. Et c'est aussi à cela que les partis politiques servent. Donc dire que la société civile et les partis politiques ont des objectifs différents c'est faire preuve simplement d'une cécité inadmissible", explique-t-il.

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"On tend vers le durcissement du régime"

Pour Max Kemkoye, le Président de l'Union des démocrates pour le développement et le progrès UDP, il n'y a pas de limite, ni de différence à faire entre partis politiques et les organisations de la société civile lorsqu'il s'agit d'une lutte citoyenne.

"Tous ceux qui composent les partis politiques et les organisations de la société civile sont d'abord des citoyens. Et lorsqu'on est un citoyen c'est avoir la possibilité de donner son opinion sur la gestion de la chose publique. Par ce que l'un est dirigeant d'une association de la société civile et l'autre président d'un parti politique vous allez les empêcher d'être ensemble ? Non, vous ne pouvez pas. Lorsqu'il s'agit de la vie d'une nation, les deux peuvent se mettre ensemble pour mener une lutte citoyenne", estime M. Kemkoye.

Cette décision du gouvernement tchadien ne va pas dans le sens de l'apaisement du climat politique, selon le politologue Evariste Ngarlem Toldé.

"Cette décision est une restriction de l'espace de liberté même si le ministre fait référence à certaines dispositions réglementaires. Après avoir instauré le couvre feu, après avoir suspendu les partis politiques, c'est pour dire que de plus en plus on tend vers le durcissement du régime. Cela ne va pas dans le sens de l'amélioration de notre démocratie balbutiante", confie-t-il.

Il y a deux semaines, Limane Mahamat, le ministre de l'Administration du territoire, a menacé de dissoudre les partis politiques et associations de la société civile à l'origine de la manifestation du 20 octobre dernier.

Blaise Dariustone à N'Djamena pour la Deutsche Welle.

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