Mali: Suspension au pays de l'aide humanitaire française - Quand le colonel Goïta se tire une balle dans le pied

Le colonel Assimi Goïta, président de la transition malienne

Suite à la décision de Paris de la suspension de l'aide publique au développement à destination du Mali, aux motifs, " fallacieux ", selon Bamako, de la coopération militaire Mali-Russie et des risques de détournement de cette aide.

Réponse du berger à la bergère, le gouvernement de la Transition a décidé d'interdire, avec effet immédiat toutes les activités menées par les ONG opérant au Mali sur financement ou avec l'appui matériel ou technique de la France, y compris dans le domaine humanitaire .

Dans cette affaire, chacun est dans son bon droit, je trouve. Côté français, il est évident que le divorce étant en train d'être consommé, difficile serait pour le Mali d'espérer continuer de jouir des faveurs d'antan. Côté malien également, il est loisible d'utiliser le principe de réciprocité, l'indépendance ayant un prix.

Mais c'est comme si Assimi Goïta se tirait une balle dans le pied. En effet, ce n'est ni lui ni son Premier ministre qui va trinquer dans cette affaire, mais les populations pour qui ces ONG, qui s'investissent dans l'alimentaire, la santé, l'éducation ou les ressources en eau, constituent la seule bouée de sauvetage devant un Etat inexistant. C'est à ne rien comprendre. C'est dire qu'Assimi Goïta n'est pas à un paradoxe près. A moins que ... A moins que Bamako ne suspecte ces structures comme des chevaux de Troie de la France dans " le soutien actif aux groupes terroristes ", à l'image de Radio France internationale, traitée de radio " Mille collines " et dont les activités ont été suspendues dans le pays.

A la décharge du palais de Koulouba, il faut reconnaître que les Français n'ont pas aussi su garder la tête froide dans cette guéguerre avec la patrie de Soudjata. Sinon comment comprendre cette sortie peu diplomatique d'Emmanuel Macon, quand le Premier ministre malien Choguel Maïga, à la tribune des Nations unies, avait qualifié l'attitude de la France à l'endroit du Mali d'" une espèce d'abandon en plein vol " ? Le président français a tancé : " Je rappelle que le Premier ministre malien est l'enfant de deux coups d'Etat, si je puis dire.

%

Puisqu'il y a eu un coup d'Etat en août 2020 et un coup d'Etat dans le coup d'Etat. Donc, la légitimité du gouvernement actuel est démocratiquement nulle. Alors qu'hier nous avons présidé à l'hommage national au sergent Blasco et qu'aujourd'hui il est enterré parmi les siens, ce qu'a dit le Premier ministre malien est inadmissible. C'est une honte. Et ça déshonore ce qui n'est même pas un gouvernement ".

Cette bagarre-là, Macron devait plutôt la revendre à son Premier ministre pour que, entre épouses outrées, l'on puisse se crêper les chignons. Mais entre le Mali et la France, c'est comme ces vilaines bagarres de chenapans dans une cour de recréation.

AllAfrica publie environ 400 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.