La Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), avec un bilan élogieux de ses 60 ans d’existence, fait preuve de résilience. Ce qui permet à son actuel Gouverneur de dire que « La BCEAO a su relever les défis des différentes époques pour lui permettre de poursuivre sa marche de service aux différents États et des populations ».
Jean-Claude Kassi Brou l’a fait savoir ce jeudi 24 novembre au Centre Internationale de conférence Abdou Diouf (Cicad) de Diamniadio. C’était à l’ouverture du symposium sur « Les banques centrales dans un monde en mutation », organisé dans le cadre de la célébration du 60ème anniversaire de la BCEAO. Une rencontre à laquelle près de 150 acteurs du secteur bancaire venus d’horizon diverses, ont pris part.
Cette assertion du patron de l’institut d’émission est relatée dans un film documentaire qui retrace des pans de l’histoire de la Banque allant de son africanisation et la promotion des cadres à la modernisation des instruments de politique monétaire et des systèmes et moyens de paiement.
A cela, s’ajoutent le renforcement de la supervision bancaire, le développement des infrastructures financières ainsi que la gestion des réserves de change.
Pour M. Brou, la gouvernance n’a été en reste avec la création des Comités de politique monétaire et d’audit ainsi que l’adoption des normes comptables internationales (IFRS).
Un ensemble d’instruments que la BCEAO a ajustés en 2020, lors de la crise Covid 19 pour assurer la liquidité du système bancaire, nécessaire pour accroitre les financements de l’économie et contribuer ainsi à la relance.
Des étapes qui portent l’emprunt de ses différents gouverneurs dont Abdoulaye Fadiga, Alassane Ouattara, Charles Konan Banny, Philippe-Henri Dacoury-Tabley, Tiéméko Mieley Koné et Jean-Claude Kassi Brou.
Tourner le regard vers l’avenir au vu des nombreux défis actuels
Aujourd’hui, souligne l’actuel patron de la BCEAO, il s’agit de tourner le regard vers l’avenir au vu des nombreux défis actuels. Selon M. Brou, il urge de s’interroger sur la transmission de la politique monétaire, sur le contrôle prudentiel et les implications du nouveau paysage des paiements qui se dessine.
Ce symposium de Dakar va également plancher sur « Stabilité financière, vulnérabilités et risques émergents » mais aussi « Digitalisation et inclusion financière : quels leviers pour une utilisation accrue des services financiers ? »
Dans un discours teinté d’émotion, Tiemoko Meyliet Koné, vice-président de la Côte d’Ivoire souligne que la célébration de cet anniversaire intervient à un moment crucial pour nos Etats qui trouvent le besoin de donner une impulsion économique aux réformes en vue de maintenir sur le long terme la dynamique d’une croissance soutenue et cela dans un contexte international et régional difficile.
A son avis, l’objectif de parvenir à une transformation structurelle de l’économie est un enjeu stratégique de promotion du développement qui demeure une constante préoccupation de tous les pays membres de l’UEMOA.
Il invite ainsi les Etas à maintenir les efforts d’investissements publics et privés pour pérenniser une croissance raisonnable au profit de l’activité économique afin d’y parvenir.
De plus, estime l’ex gouverneur de la BCEAO, ces Etats de l’Union abordent tous ces défis de la transformation structurelle au moment où les conditions financières à l’échelle mondiale ne sont guère favorables à la mobilisation des ressources sur les marchés internationaux dans un contexte de hausse des prix et de fortes demandes sociales.
Des mutations du système bancaire et financier attendues
Face à cette situation, prévient M. Koné, des mutations de notre système bancaire et financier sont attendus afin d’accompagner les révolutions escomptées de nos économies.
Il interpelle aussi sur les risques provoqués par les mutations technologiques caractérisées par l’éclosion technique, l’intelligence artificielle, les big data et les crypto-actifs. A cela s’ajoutent les effets des chocs exogènes mais aussi les changements climatiques.
Devant cet état de fait, le vice-président de la Côte d’Ivoire pense que tous ces bouleversements en plus des chocs exogènes à maitriser, l’adaptation des économies de la région aux changements climatiques et la transition énergétique, nécessitent des financements importants.
Une situation qui, à son avis, interpelle la sphère de financement de l’activité économique mais aussi et forcément les politiques monétaires dans un contexte où les tensions inflationnistes sont à surveiller pour préserver au mieux la stabilité macro-économique.
Dans cette même dynamique, le premier ministre du Sénégal oriente les débats vers un des défis de plus en plus complexes, qu’est l’inflation galopante qui, selon lui, constitue le principal facteur d’incertitude sur les perspectives économiques mondiales, et qui est une préoccupation majeure puisqu’elle érode le pouvoir d’achat des ménages et créé un surcoût pour l’investissement.
Amadou Ba considère que ce défi fondamental doit être relevé pour une institution comme la BCEAO dont le mandat reste essentiellement lié au maintien de la stabilité des prix.
A cet effet, poursuit-il, la Banque doit poursuivre ses ambitieux chantiers de réformes en mettant l’accent sur les efforts de modernisation du cadre de la politique monétaire. « La BCEAO pourrait également s’inspirer de l’expérience internationale des politiques innovantes qui ont fait leurs preuves dans la lutte contre l’inflation », dira-t-il.
Sur cette lancée, le chef du gouvernement sénégalais prie les gouvernements de continuer à intensifier leurs efforts en vue d’améliorer la productivité des facteurs, d’élargir et de diversifier les bases de production de tous les secteurs, qu’ils soient public ou privé.
Avant d’indiquer que le financement de nos économies constitue également, une préoccupation majeure. Ce qui va permettre de répondre à la question de savoir comment concilier la nécessité d’une stabilité macroéconomique et monétaire renforcée avec l’impératif du maintien des dépenses sociales essentielles et l’urgence de la relance économique ?