Madagascar: Motion de censure - Manœuvre de déstabilisation contre le pouvoir

Assemblée nationale malgache

A qui profite le crime. C'est la question qui s'impose par rapport à la motion de censure qui vient d'être lancée à Tsimbazaza. Une démarche considérée par les partisans du régime en place comme un acte de trahison perpétré par la présidente de l'Assemblée nationale et le Bureau permanent de l'Assemblée nationale, pourtant composé de parlementaires IRD connus et reconnus comme étant des hommes et femmes de confiance du président Andry Rajoelina. Apparemment, le président de la République et ses proches collaborateurs étaient pris de court dans cette affaire. Contrairement à ce que l'on véhicule, la consigne ne vient pas d'Iavoloha.

Au contraire, une source bien informée a fait savoir qu'hier dans la matinée en marge de la cérémonie de signature du mémorandum d'entente entre Madagascar Airlines, le constructeur aéronautique brésilien Embraer et la société de location Azorra, le Chef de l'Etat aurait interpellé les quelques députés présents à cet évènement, tout en les ordonnant d'arrêter leur démarche. Mais apparemment cette directive n'a pas été suivie. L'on se demande alors si les députés ont décidé d'ignorer les instructions du Chef de l'Etat. D'après les informations, les députés frondeurs auraient réussi à récolter 105 signatures hier en début de soirée. Une liste comportant les noms des députés ayant signé cette motion de censure ont circulé sur les réseaux sociaux hier soir.

Chose étonnante, les Christine Razanamahasoa, Ninah Rahantanirina, Irma Naharimamy, Rahasimanana Paulbert, Milavonjy Philibert, ou encore Aina Rafenomanantsoa alias Anyah n'y figurent pas. En revanche, des députés fervents défenseurs du régime Rajoelina tels que les Naivo Raholdina, Andry Ratsivahiny, Tsiliva Christophe Diddiot, Idealson, Jean Michel Henri, Mohamad Ahmad, Rakotondrasoa Fetra, et Masy Goulamaly sont bien présents dans cette liste qui a fuité. L'on remarque cependant le double-jeu très flagrant de certains parlementaires qui ont signé cette motion de censure mais qui, en même temps, dénonce l'initiative.

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C'est le cas de certains députés élus dans la Province de Toliara, à l'exemple des Jean Michel Henri, Tsiliva Christophe Diddiot, Masy Goulamaly, Idealson et consorts qui ont convoqué la presse au Palais des Sports de Mahamasina hier soir pour annoncer qu'ils sont contre cette motion de censure. Il convient toutefois de noter que les députés de l'opposition, entre autres, le TIM, le MMM et le MTS sont plus que favorables à ce projet de motion de censure prévue être votée demain à Tsimbazaza. L'on peut citer entre autres, les Rolland Ratsiraka, Hanitra Razafimanantsoa, Volahaingo Marie Thérèse, Fienena Richard...

Enquête

Quoiqu'il en soit, un parfum de corruption de haut niveau engendre ce projet de motion de censure. La politique des mallettes refait surface à Tsimbazaza. Les rumeurs qui ont circulé depuis mardi soir révèlent la distribution d'une somme de 5 millions d'Ariary par député contre la signature du projet. Ici le conditionnel est de rigueur car pour l'heure, aucune preuve confirmant cette information n'a été reçue. On attend la réaction du Bureau Indépendant Anti-Corruption (Bianco) et du Pôle Anti-Corruption (PAC) qui devraient ouvrir une enquête pour confirmer ou infirmer la véracité de cette information. Comme ce fut le cas sous le régime Rajaonarimampianina durant lequel la mallette était devenue le symbole de la Chambre basse.

L'on se demande alors qui a financé cette opération et d'ou vient cette grosse somme d'argent ? Il convient de noter aussi que tous les documents relatant l'existence de cette motion de censure ont été enlevés dans la page Facebook de l'Assemblée nationale depuis hier soir. La question est donc de savoir si les députés frondeurs se sont rétractés. Sauf changement, cette destitution du gouvernement Ntsay Christian devrait être votée en séance plénière demain à Tsimbazaza.

Reste à savoir si l'opération va aboutir. En tout cas, quel que soit le dénouement de cette affaire, la relation entre l'équipe gouvernementale et la Chambre basse ne sera plus comme avant. Cette affaire a forcément laissé des traces. Ce qui est sûr, c'est qu'elle a bouleversé le régime, à un an de la prochaine élection présidentielle. Bon nombre d'observateurs dénoncent même une manœuvre de déstabilisation contre le pouvoir, perpétrée par des femmes et hommes de confiance du président Andry Rajoelina. Histoire à suivre.

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