Madagascar: Motion de censure - 105 signatures collectées à Tsimbazaza

Assemblée nationale malgache

La crise institutionnelle lancée par les élus de la Chambre basse se dirige vers un aboutissement qui ne profite pas au gouvernement actuel. Les députés semblent bien motivés pour renverser le gouvernement.

Décidés ! C'est en quelque sorte ce que les députés ont voulu montrer avec la signature de la motion de censure collectée à l'Assemblée nationale hier. Aux dernières informations, 105 députés ont décidé de ne plus faire confiance au gouvernement Christian Ntsay. Travail de couloir, marchandage, ou encore tractation, tous les moyens sont bons pour parvenir à l'objectif ultime, le changement de gouvernement. " Vous n'en avez pas assez du gouvernement Ntsay ", s'est demandé le député d'Ikongo, Jean Brunel Razafitsiandraofa tout en continuant qu'il allait signer la motion de censure. Et c'est le cas de bon nombre de députés présents à Tsimbazaza hier, sous l'instigation de Christine Razanamahasoa, présidente de l'Assemblée nationale. En conséquence, l'ordre du jour de l'Assemblée nationale est perturbé. La rencontre entre les députés et les membres du gouvernement qui devrait se dérouler aujourd'hui et demain sera reportée mercredi, jeudi et vendredi de la semaine à venir.

Heures fatidiques

Si durant presque cinq ans le premier ministre Christian Ntsay s'est comporté comme un véritable inamovible, la situation actuelle laisse à croire que le pays se dirige vers un point de non retour. En effet, les élus de la Chambre basse semblent enfin décidés à mettre fin aux activités de l'actuel chef du gouvernement et de son équipe. D'après l'article 103 de la loi fondamentale, " l'Assemblée nationale peut mettre en cause la responsabilité du Gouvernement par le vote d'une motion de censure ". Et qu' " une telle motion n'est recevable que si elle est signée par la moitié des membres composant l'Assemblée nationale. Le vote ne peut avoir lieu que quarante-huit heures après le dépôt de la motion. La motion n'est adoptée que si elle est votée par les deux-tiers des membres composant l'Assemblée nationale ". En effet, après la récolte de 105 signatures, sur les 151 députés que compte l'Assemblée nationale, la motion de censure a été déposée auprès du bureau permanent de l'Assemblée nationale. Les députés disposent ainsi de 48 heures pour pouvoir passer à l'acte. " Si la motion est adoptée, le Gouvernement remet sa démission au président de la République ; il sera procédé à la nomination d'un Premier ministre dans les conditions prévues à l'article 54 de cette même loi ", continue ce passage de la loi fondamentale. Ces dernières 24 heures seront des heures fatidiques pour Christian Ntsay et son équipe.

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Arrogances

Les désaccords ont commencé depuis déjà des mois. Selon les explications émanant surtout des députés de la majorité, le premier ministre Christian Ntsay a été interpellé depuis des mois pour des défaillances manifestes. Naivo Raholdina ou encore Andry Ratsivahiny, des députés élus sous l'étiquette MAPAR, ont même signalé qu'il est temps de se séparer du gouvernement Ntsay. " On a interpellé le premier ministre Christian Ntsay, mais il n'a pas voulu nous entendre, il est resté sur ses positions et a montré trop d'arrogance alors que des défaillances manifestes ont été enregistrées quant à son leadership. Cela remet en cause les efforts du président Andry Rajoelina", a d'ailleurs tonné le député du 5ème arrondissement. Force est alors de constater que le glas a sonné pour Christian Ntsay.

Dénigrements

De son côté, une frange de la majorité s'est lancée depuis ce mardi aux dénigrements de la présidente de l'Assemblée nationale, Christine Razanamahasoa. On crie surtout à une haute trahison alors que la majorité elle-même est divisée sur la question. Au niveau du ministère des Finances et du budget, l'un des départements le plus cité dans cette affaire, à cause de sa difficulté à résoudre certains problèmes liés aux manques de ressources financières, des têtes devraient tomber. Des hauts responsables devraient payer les prix de l'échec du gouvernement Ntsay. Si les élus de la Chambre basse, par calcul politique ou bien par simple intérêt, se rétractent d'ici vendredi, jour du vote de défiance, ce sera un coup de plus pour leur crédibilité. Toute décision contraire à ces 105 signatures pour la motion de censure va faire passer ces élus pour ridicules. Heureusement, à Madagascar, le ridicule n'a jamais tué. En tout cas, 18 députés de l'ancienne province de Toliara ont déjà annoncé leurs oppositions quant à cette motion de censure hier soir.

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