En RDC, la province du Mai-Nombé est en proie à des violences intercommunautaires depuis plusieurs mois. Des attaques qui se sont même propagées dans les provinces voisines. Cette situation a entraîné d'importants déplacements de populations, notamment vers Kinshasa qui se trouve à vol d'oiseau à un peu plus de 160 kilomètres des zones en conflit. Une partie de ces déplacés s'est regroupée à Maluku dans le Nord de la province, première localité en sortant du Mai-Ndombé.
Devant la morgue de Maluku, la famille d'Esther, à peine sept ans, décédée il y a quelques jours, pleure la fillette. Elle fait partie avec ses proches de ces déplacés de Kwamouth qui vivent dans des conditions précaires ici au nord de Kinshasa.
Esther et sa famille sont arrivés à Maluku, il y a trois mois. La petite fille est tombée malade et loin de chez eux, explique son père, ils n'ont rien pu faire : " Elle a eu une maladie brusque. Elle a beaucoup souffert, on a essayé de trouver quelqu'un qui pouvait nous aider, mais nous n'avons pas réussi. Nous avions fui la guerre dans notre territoire ".
Tous ces déplacés racontent la même histoire : les menaces, la violence et la fuite en laissant tout derrière soi. Cet homme a perdu sa maison et son champ." Pour le moment, nous sommes devenus comme des enfants abandonnés, raconte-t-il. Dans le territoire de Kwamouth, nous n'avons aucune aide, aucun responsable qui nous prend en charge. Nous sommes pourtant des Congolais. Comment des gens peuvent venir nous maltraiter, rester sur place et prendre tous nos biens. "
Déplacement des violences
Au cœur de la localité, ils sont plusieurs déplacés du territoire de Kwamouth assis devant la maison qu'ils partagent à Maluku depuis plusieurs mois maintenant. Ils sont venus là lorsque leurs villages ont commencé à être menacés. Ils se sont alors rapprochés de Kinshasa, Maluku étant la plus grande commune après le Mai-Ndombé, pour plus de sécurité, raconte André. " J'ai fui les violences et les menaces. Je suis venu en pirogue jusqu'à Maluku, ça m'a pris quatre heures. Désormais, je suis chez mon beau-père, avec ma femme, mon frère, son épouse et bien sûr les enfants ", dit-il.
Ils sont 14 à se serrer dans une petite maison de deux pièces qui d'habitude abrite un seul ménage. Ils ne travaillent pas et comptent sur la solidarité pour obtenir de quoi survivre, eux qui ont fui en laissant tout derrière eux. Régulièrement, ils suivent l'évolution du conflit dans leur province, et depuis les violences se sont étendues en dehors du territoire de Kwamouth et du Mai-Ndombé. Une situation qui inquiète ces déplacés.
" On peut rentrer, mais on ne sait jamais ce qui va se passer. On peut rentrer aujourd'hui et de nouveau être attaqués demain. Je n'ai donc pas vraiment envie de rentrer, avoue Bob réfugié avec sa famille. J'ai mon matricule et je vais essayer de m'installer ici à Maluku. Et même ici, on ne sait pas ce que ça va donner, si les violences vont arriver jusqu'ici. Il n'y a que Dieu qui le sait. "
Désormais, même à Maluku, certains déplacés disent ne plus se sentir en sécurité. La semaine dernière, une attaque a visé un village un peu plus au Nord, à quelques kilomètres de l'entrée de la province de Kinshasa.