Afrique: L'ONU prévoit un ralentissement de la croissance mondiale à 3,3%

13 Décembre 2022

Sur fond de guerre en Ukraine, d’inflation et de crise énergétique, il faut s’attendre à une « croissance en berne » et une économie mondiale qui subira un coup de frein avec une hausse du PIB passant de 5,7% en 2021 à 3,3% cette année, a indiqué mardi une agence des Nations Unies.

Selon les prévisions du Manuel de statistiques de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED), l’économie mondiale ralentira en 2022.

A noter qu’en 2021, la croissance a été inégalement répartie entre les régions. Les économies des pays riches ont pu rebondir après la pandémie de Covid-19 avec un taux de croissance de 5%.

Après une forte contraction de 2,7% en 2020, le PIB de l’Afrique a augmenté de 5% aussi en 2021. La croissance du PIB des pays en développement d’Asie a rebondi de -0,4% à 7% en 2021. Le PIB des Amériques en développement a augmenté de 6,2% en 2021, après une chute de 7,4% en 2020.

La croissance des pays les moins avancés autour de 2% en 2021

Selon la CNUCED, les pays les moins avancés (PMA) n’atteignent pas leurs objectifs de croissance. Les 46 PMA ont enregistré une croissance du PIB réel de seulement 2% en 2021, soit moins de la moitié de la moyenne mondiale de 5,7%.

« La croissance du PIB des PMA est loin d’atteindre l’objectif de croissance annuelle par habitant de 7% tel qu’inscrit dans le programme de développement durable de l’ONU pour 2030 », a détaillé la CNUCED.

Sur un autre plan, le document montre que les échanges de biens et de services vont diminuer. La croissance des exportations de marchandises devrait ralentir de moitié, passant de 26,5%, forte croissance enregistrée en 2021, à 13,8% cette année.

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Pour les exportations de services, qui comprennent les transports et les voyages, le ralentissement sera moins prononcé, de 17,2% à 14,6%. Malgré la forte croissance du commerce des services en 2021, la valeur des exportations (6 100 milliards de dollars) est restée inférieure à ses niveaux pré-Cocvid-19 (6.300 milliards de dollars en 2019).

La diversification des exportations reste un défi pour les pays en développement

Mais pour la CNUCED, la diversification des exportations de nombreux pays en développement est restée faible en 2021. L’Asie occidentale et l’Afrique du Nord ont le panier d’exportations le moins diversifié, suivies par l’Océanie et l’Afrique subsaharienne.

Mais les produits dont les pays dépendent varient selon les régions. Environ trois quarts des exportations de l’Afrique étaient constituées de produits primaires (77%), tandis que les économies en développement d’Asie et d’Océanie exportent des produits manufacturés dans des proportions presque égales (76%).

Ces chiffres inquiétants sur le ralentissement de la croissance mondiale interviennent en pleine inflation. Selon la CNUCED, les prix ont grimpé en flèche, notamment ceux des carburants, générant de l’inflation. Les combustibles ont représenté 22 points de pourcentage de cette croissance.

Une inflation avec « les niveaux les plus élevés depuis près de trois décennies »

En 2021, les prix des produits de base, tels que les denrées alimentaires et l’énergie, ont grimpé en flèche de 55%. La tendance à la hausse s’est poursuivie cette année, les prix atteignant en août 2022 « leurs niveaux les plus élevés depuis près de trois décennies ».

Plus largement, l’inflation a également explosé, notamment en Afrique, où les prix à la consommation ont bondi de 22,7% en 2021. Pendant ce temps, les ménages d’Amérique latine et des Caraïbes ont vu les prix augmenter de 15%. « Ces augmentations de prix se sont atténuées au cours du deuxième trimestre de 2022, mais en août 2022, les produits alimentaires de base étaient 42% plus chers qu’au cours du même mois deux ans auparavant », a souligné l’Agence onusienne basée à Genève.

Par ailleurs, la population mondiale a atteint 8 milliards d’habitants en novembre 2022, même si son taux de croissance est en baisse depuis la fin des années 1980. En 2021, il s’élevait à 0,87%.

Les taux de dépendance mondiaux ont également augmenté au sein de la population. En moyenne, on compte 54 enfants ou personnes âgées à charge pour 100 travailleurs. L’Afrique a le taux de dépendance le plus élevé à 72%.

Hausse de l’excédent commercial des pays en développement

Sur un autre plan, le rapport s’est penché sur la hausse de l’excédent commercial des économies en développement, en particulier en Afrique. Cette augmentation s’est accompagnée d’un creusement du déficit commercial des économies développées.

Les pays en développement ont échangé davantage avec les pays développés (8.000 milliards de dollars) qu’entre eux (5.400 milliards de dollars). Les échanges entre pays développés ont été légèrement plus élevés, à 8.500 milliards de dollars.

Ce rapport rassemble les données et les indicateurs clés sur l’évolution de l’économie mondiale – par régions, pays et secteurs économiques. Le manuel propose des projections basées sur des estimations en temps réel - appelées prévisions immédiates – en vue d’aider les gouvernements à anticiper les évolutions tout en améliorant leurs politiques.

« Disposer de données fiables et opportunes est plus que jamais essentiel, alors que les crises mondiales mettent simultanément à l’épreuve notre résilience », a déclaré Rebeca Grynspan, Secrétaire générale de la CNUCED. « Ces statistiques aideront les pays à prendre des décisions politiques fondées sur des données fiables pour amortir le choc de la crise mondiale sur les plus vulnérables ».

La croissance du commerce mondial devient négative

Dans un autre rapport publié mardi, la CNUCED indique que le commerce mondial devrait atteindre près de 32.000 milliards de dollars cette année, mais que l'inflation a annulé certains des gains réalisés ces derniers mois.

Le commerce des biens et des services devrait atteindre respectivement 25.000 milliards de dollars et 7.000 milliards de dollars d'ici la fin de l'année.

Selon les analystes de l’agence onusienne, la croissance du commerce mondial « est devenue négative » au cours du second semestre 2022. Le ralentissement a commencé au troisième trimestre de l'année, les échanges de marchandises étant inférieurs d'environ 1% à ceux de mars à mai.

Parmi les facteurs négatifs mis en évidence, figurent une croissance économique plus faible prévue jusqu'en 2023 en raison des prix élevés de l'énergie, de la hausse des taux d'intérêt, de l'inflation soutenue dans de nombreuses économies et de l'impact dépressif de la guerre en Ukraine.

Les prix des composants et des biens de consommation devraient freiner la demande d'importations et entraîner une baisse du volume des échanges internationaux.

Des niveaux records de dette mondiale et des taux d'intérêt en hausse « posent des problèmes importants pour la viabilité de la dette », augmentent la pression sur les gouvernements les plus endettés et « amplifient les vulnérabilités ».

Facteurs positifs

Du côté positif, les ports et les compagnies maritimes se sont adaptés à la crise de la chaîne d'approvisionnement provoquée par la pandémie de   COVID-19, avec l'entrée en service de nouveaux navires et la congestion des ports largement résolue, a souligné la CNUCED.

Les accords commerciaux récemment signés, tels que le Partenariat économique régional global en Asie-Pacifique (RCEP) et la Zone de libre-échange continentale africaine (AfCFTA), « devraient se concrétiser et donner un certain élan » à l'ensemble du système international, souligne le rapport.

Le risque et l'incertitude restent élevés pour les chaînes d'approvisionnement mondiales dans leur ensemble, mais les efforts visant à forger une économie mondiale plus verte devraient stimuler la demande de produits écologiquement durables, a indiqué la CNUCED, tout en réduisant la demande de biens à forte teneur en carbone et de combustibles fossiles.



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