Après le Rwanda cette année, la Zambie va accueillir la prochaine Conférence internationale sur la santé publique en Afrique (Cphia). L'annonce a été faite lors de la clôture de cette rencontre de trois jours (13-15 décembre 2022) visant à promouvoir une " nouvelle ère de collaboration scientifique et d'innovation sur le continent ". Les maladies infectieuses émergentes et ré-émergentes, celles non transmissibles, la digitalisation, la production locale de vaccins et de médicaments, différentes thématiques ont été abordées pour que les populations africaines aient accès à un meilleur système de santé.
Des actions ! Telle est la principale recommandation formulée à l'issue de la deuxième Conférence internationale sur la santé publique en Afrique (Cphia : Kigali, Rwanda, 13 - 15 décembre 2022). Sur le thème " Reprise post pandémie : L'Afrique à la croisée des chemins ", cette rencontre a permis aux experts, scientifiques, à la communauté médicale africaine, de passer au crible les préoccupations majeures sanitaires d'un continent soucieux de l'avenir de ses populations à travers le Nouvel ordre africain de la santé publique. Des maladies infectieuses émergentes et ré-érmergentes comme Ebola, la Covid-19, la variole du singe, aux maladies non transmissibles, en particulier les pathologies mentales et celles liées aux traumatismes dus aux accidents de la circulation, en passant par la production locale de produits de santé, la digitalisation, la disponibilité des données, l'intégration du genre dans les politiques et programmes nationaux de santé, différents aspects nécessaires à la matérialisation de cette nouvelle approche pour bâtir des systèmes de santé résilients dans le continent africain ont été abordés. " Si nous devenons une force unie, on peut réaliser ce qu'on veut ", a lancé Minata Samaté, la commissaire aux affaires humanitaires de l'Union africaine (Ua). Selon elle, " des actions sont nécessaires si nous voulons changer ". Le Dr Ahmed Ogwell Ouma, directeur par intérim du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (Cdc Afrique), d'ajouter : " Nous pouvons faire ce que nous voulons lorsque nous sommes unis ". En plus, Mme Samaté est d'avis que " c'est le moment pour l'Afrique de profiter des leçons tirées de la Covid-19 ". " Nous devons renouveler nos efforts pour construire des systèmes de santé résilients ", a-t-elle estimé.
Accès équitable aux médicaments essentiels
Dans ce processus, la production locale de médicaments et de vaccins est une étape cruciale pour atteindre les objectifs fixés dans le cadre du Nouvel ordre africain de la santé publique voulu. Car, il a été constaté qu'avant la survenue de la Covid-19, l'Afrique produisait moins de 10 % des médicaments dans le monde, renseigne Michel Sidibé, l'envoyé spécial de l'Union africaine pour la création de l'Agence africaine du médicament. " Alors que l'accès aux médicaments essentiels est une question d'équité sociale ", a-t-il relevé. Pour cette raison, la commissaire aux affaires humanitaires de l'Ua a soutenu que c'est le moment d'œuvrer pour la fabrication locale de vaccin. " D'ailleurs, l'Union africaine est engagée et déterminée à soutenir les pays afin d'assurer un meilleur avenir aux populations pour que chaque citoyen soit en phase avec l'Afrique que nous voulons. Ensemble, avec le Nouvel ordre africain de la santé publique, nous croyons que cela est possible. Nous pouvons bien bâtir une Afrique intégrée ", a annoncé Mme Samaté. Mais une volonté politique incarnée au plus haut niveau des Etats est nécessaire, de l'avis de la secrétaire générale de la Cphia 2022. " Le continent doit renforcer sa propre capacité de production de médicaments ", a-t-elle souligné. Tout comme la collaboration avec le secteur privé et la promotion de l'approche " One health " ou " Une seule santé ", surtout avec la prolifération des maladies qui affectent aussi bien les humains que les animaux. Il a également été souligné que la digitalisation est un élément essentiel pour bâtir des systèmes de santé solides et performants. Dans ce cadre, la Cdc Afrique va lancer un programme en 2023.
Michel Sidibé, qui appelle à œuvrer pour la démocratisation de l'accès aux produits de la santé et à l'opérationnalisation de l'Agence africaine du médicament, exhorte les dirigeants africains à " stimuler la production de médicaments ". Il estime aussi nécessaire d'investir dans la recherche et de renforcer les systèmes nationaux de la santé publique. Autant de propositions qui nécessitent, selon Yvan Butera, le ministre de la Santé du Rwanda, une approche multisectorielle, des innovations technologiques et d'importantes ressources financières. " Le Rwanda s'engage. Avec l'engagement de chacun, l'Afrique va vivre une nouvelle ère d'équité ", a soutenu.
(Envoyée spéciale)