LUSAKA - Des experts réunis cette semaine à Lusaka, Zambie en marge de la troisième Conférence internationale sur la santé publique en Afrique (Cphia 2023), se sont penchés sur certains problèmes auxquels est confronté le secteur de la Santé publique en Afrique subsaharienne estimant que la mobilisation des investissements dans l'intelligence artificielle reste une solution appropriée à long terme.
Lors d'une session en parallèle se focalisant sur la main-d'œuvre de la santé numérique animée par un groupe d'experts, il a été démontré que l'Afrique ne devrait pas rester exclu de l'intégration de l'Intelligence Artificielle dans divers domaine de la Santé publique notamment le contrôle et la prévention des maladies diverses.
« Il est important que l'Afrique ne passe pas à côté de l'adoption de l'IA. Des institutions comme le CDC Afrique ont fait preuve de leur volonté pour mettre cette innovation au service de la Santé publique », a déclaré Jean Philbert Nsengimana, Conseiller numérique en chef pour CDC Afrique.
Nelly Wakaba Ale, un des panelistes et responsable des écosystèmes sanitaires à Mastercard Foundation, une organisation qui a promis de débloquer 1,3 milliard de dollars d'ici 2024 en partenariat avec les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique) pour sauver la vie et les moyens de subsistance de millions de personnes en Afrique, a déclaré que l'IA pourrait être un puissant moteur.
Selon elle, cette innovation pourra éventuellement apporter des solutions et accélérer ainsi le développement de certains médicaments dont notamment ceux permettant de traiter le paludisme, la tuberculose et les maladies microbiennes résistantes qui affectent le continent.
Par exemple, elle a cité la dépendance de l'Afrique à l'égard de l'importation de médicaments comme un problème qui nécessitait une solution.
« Je pense que la production de médicaments est l'un des domaines dans lesquels l'IA peut se trouver la plus utile », a-t-elle déclaré.
Surmonter les défis de déploiement
L'initiative dénommée « Sauver des vies et des moyens de subsistance » et initiée par la Mastercard Foundation permettra aux pays africains d'acquérir des vaccins pour au moins 50 millions de personnes, de soutenir la fourniture de vaccins à des millions d'autres personnes à travers le continent, de jeter les bases de la fabrication de vaccins en Afrique en mettant l'accent sur le développement du capital humain et de renforcer le CDC Afrique.
« La communauté de l'innovation a la responsabilité de communiquer correctement les avantages, puis de déclencher des actions, créant ainsi une demande de changement », a-t-il ajouté.
D'après Mme Wakaba, le déploiement de l'intelligence artificielle en santé s'avère primordial pour les gouvernements, les décideurs politiques et les autorités de santé publique à travers le continent.
Abondant dans le même sens, Fred Swaniker, fondateur de l'Africa Leadership University (ALU), une structure académique panafricaine qui a déployé des branches dans plusieurs pays en Afrique a souligné que l'Intelligence Artificielle comme révolution en santé numérique a besoin de donner pour être opérationnelle.
« La mise en place des politiques et un environnement réglementaire favorable s'avère indispensable pour atteindre cet objectif », a-t-il fait remarquer.
Alors que certains experts soulignent l'importance du déploiement des robots et de l'intelligence artificielle dans le secteur de la santé en Afrique, d'autres se penchent sur les bénéfices médico-économiques que pourront éventuellement apporter cette innovation une fois entièrement intégrée dans le secteur de la santé publique en Afrique.
Si certains experts sont persuadés que l'intelligence artificielle en santé numérique ne va pas optimiser les opérations quotidiennes dans les hôpitaux et la qualité de prestation du staff médical, d'autres insistent sur la nécessite de mettre en place des garde-fous dans ce secteur.
Esperance Luvindao, une activiste namibienne engagée dans le domaine de la santé, estime que si la santé numérique continue de jouer un rôle clé dans l'amélioration de la qualité des soins de santé, son efficacité doit être dans la recherche clinique. L'absence de régulation notamment en ce qui concerne la collecte des données s'avère être un autre défi majeur.
Pour le moment les acteurs de la Santé publique en Afrique sont mobilisés pour promouvoir l'adoption durable de l'Intelligence artificielle dans ce secteur.
Mais la plupart des préoccupations soulevées portent sur la protection de la vie privée et les pratiques de surveillance.