Afrique de l'Ouest: Mali-Côte d'Ivoire - Pour les "46 mercenaires", le chemin de la liberté passe par le prétoire

Des soldats ivoiriens

Les 46 militaires ivoiriens n'échapperont finalement pas aux fourches caudines de la justice malienne.

En effet s'ouvre aujourd'hui à Bamako lors d'une audience spéciale le procès de ces soldats détenus depuis plus de cinq mois par les autorités de Transition.

L'affaire a commencé le 10 juillet 2022 lorsque 49 militaires ivoiriens sont interpellés à leur descente d'avion à l'aéroport de Bamako. Ils sont accusés par le pouvoir d'être des mercenaires entrés dans le pays pour un projet de déstabilisation.

Faux, a rétorqué le gouvernement ivoirien qui a assuré que ses soldats faisaient partie d'un contingent de soutien logistique à la MINUSMA et exigé leur "libération sans délai".

Finalement, après une médiation togolaise, 3 femmes ont été libérées en début septembre pour des "raisons humanitaires", mais les 46 autres restent détenus dans les geôles maliennes et ont été inculpés de "tentative d'atteinte à la sûreté de l'Etat".

Lasse d'attendre leur élargissement, la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a fini par menacer Bamako de sanctions s'il ne les libérait pas d'ici la fin de ce mois de décembre.

Finalement là où la politique et la diplomatie ont échoué, c'est la justice qui risque de régler le problème.

L'ouverture du procès intervient une semaine après la visite sur les bords du Djoliba du ministre ivoirien de la Défense, Téné Birahima Ouattara, qui n'est autre que le frère cadet du président Ouattara, et qui avait permis aux deux parties de se parler directement et même de signer un mémorandum pour une sortie de crise. On remarquera d'ailleurs qu'à cette occasion, le vocabulaire a sensiblement évolué. De la tentative de déstabilisation brandie dès le début de l'affaire par Bamako, on parle aujourd'hui, d'incident malheureux, même si pour les autorités maliennes, son dénouement devrait se faire dans le respect des procédures judiciaires en cours. C'est manifestement ce qui est en train de se passer.

En réalité, les deux parties semblent décidées à mettre balle à terre, et c'est au prétoire que les choses vont se passer. La question reste maintenant de savoir de quelle manière. Est-ce que les 46 prévenus vont bénéficier d'une peine avec sursis qui les libérerait automatiquement ? Seront-ils condamnés à une peine déjà couverte par leur détention provisoire ou va-t-on simplement éponger cette affaire par une relaxe pure ? Ce sont des questions qui se posent actuellement. Mais au point où on en est, quel que le soit le tarif qui leur sera alloué, l'essentiel pour les intéressés, pour leurs familles et pour l'Etat ivoirien est que les 46 pauvres militaires, qui espéraient déjà passer Noël en famille, puissent réveillonner le 31 décembre prochain sur les bords de la lagune Ebrié.

L'autre grande question, c'est de savoir s'il y aura une monnaie d'échange quand on sait que Assimi Goïta et ses hommes réclamaient l'extradition de certaines personnalités maliennes, exilées en Côte d'Ivoire, ainsi que le soutien d'Abidjan pour des facilités financières auprès de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO).

On en est donc là. Mais le plus important après la libération des militaires ivoiriens est que les relations entre les deux pays qui ont pâti de cette affaire reviennent à la normale. C'est d'autant plus regrettable qu'avec l'extension du péril terroriste, ces deux pays, qui partagent une frontière longue de 532 km, ne peuvent se payer le luxe de se fâcher pendant longtemps. Il faut bien qu'ils coopèrent pour venir à bout de l'hydre et ça passe par le règlement de cette affaire qui n'a que trop duré.

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