Sauf pour de faux prétextes ou une situation incontrôlable sur le plan sanitaire, les Mauriciens seront appelés aux urnes en 2023. En effet, les élections municipales, après deux renvois, soit en 2021 et 2022, devront se tenir au plus tard à la fin de juin de cette année. Comme tous les partis politiques sont concernés par un tel scrutin, il serait intéressant de savoir comment se présentera l'opposition parlementaire et extra-parlementaire, et si l'alliance gouvernementale bénéficiera du soutien d'un autre parti.
Mais, précisé plus haut, il se pourrait qu'il y ait des prétextes, comme la décision d'apporter une réforme aux administrations régionales, et permettre aux conseillers de rester en place, ou constituer des commissions pour administrer les villes, comme cela a déjà été le cas dans le passé. L'autre raison pour qu'il n'y ait pas de municipales est une détérioration de la situation liée au Covid-19.
Le Premier ministre, Pravind Jugnauth, garde jalousement secrète son intention sur la tenue de ces élections. Lors de l'inauguration de la ligne de Metro Express dans la région de Curepipe, en octobre dernier, il a déclaré à la presse : "Le gouvernement prendra une décision en temps et lieu." Il a donné la même réponse un mois plus tard, à Rose-Hill, quand il a été questionné par des journalistes sur le même sujet.
Mais, pour beaucoup d'observateurs, il est fort probable que l'alliance gouvernementale se dirige vers des élections générales au courant de cette année, au lieu d'organiser les municipales, ce qui fait nous dire qu'en 2023, il y aura des élections à Maurice.
Pour l'observateur politique Milan Meetarbhan, la situation politique sera compliquée et agitée. Comme beaucoup de personnes, il estime qu'il est fort probable que le Premier ministre décide de dissoudre le Parlement en évoquant le cas de Suren Dayal, qui a fait appel au Privy Council contre un jugement de la Cour suprême. Le candidat malheureux conteste l'élection de Pravind Jugnauth et de ses colistiers devant cette instance britannique. "Les audiences peuvent être suivies en direct et le monde entier aura l'occasion d'écouter les arguments de l'appelant contre un Premier ministre en fonction. D'où mon estimation qu'il est fort probable que le Premier ministre dissolve le Parlement pour rendre cet appel caduc", dit-il.
Pressions populaires
Krish Ponnusamy, qui suit de près la politique locale, trouve que la situation sur le plan politique sera intense. "N'importe qui au pouvoir voudrait y rester plus longtemps mais, avec la situation économique qui devient de plus en plus compliquée, le gouvernement se battra jusqu'au bout. Cependant, pourra-t-il résister aux pressions populaires, avec une opposition prête à l'affronter lors d'une joute électorale ?" se demande notre interlocuteur. Il est d'opinion que les élections générales ne sauraient tarder.
Comportement des alliés du PM
D'ailleurs, il faudra s'attendre, dans les prochains jours, à ce que les trois leaders - Navin Ramgoolam (Parti travailliste), Paul Bérenger (Mouvement militant mauricien) et Xavier-Luc Duval (Parti mauricien social-démocrate) - se rencontrent pour discuter d'une alliance électorale pour les élections générales. Et ce, bien que les trois partis soient déjà tombés d'accord pour aller ensemble aux élections municipales si elles se tiennent au cours de l'année. Lors de la réunion de fin d'année de son parti, le 27 décembre, le leader des Mauves a fait comprendre qu'il faut faire partir Pravind Jugnauth du pouvoir, et que ce sera possible avec une alliance électorale entre les trois partis.
Les choses s'activent également du côté de l'opposition extra-parlementaire. Le leader du Reform Party, Roshi Bhadain, a annoncé qu'il démarre sa campagne électorale dans la circonscription de Beau-Bassin- Petite-Rivière dès ce jeudi.
Du côté d'En avant Moris, Patrick Belcourt espère pouvoir réaliser l'attente de ceux que ses membres ont rencontrés pendant l'année écoulée. "Nous sommes en campagne électorale permanente. Notre mot d'ordre est la proximité. D'ailleurs, nous avons rencontré beaucoup de personnes. Elles nous ont exprimé leur crainte et nous ont fait part de leurs attentes. Nous espérons qu'elles se réalisent. En tout cas, nous allons être sur le terrain encore plus cette année", dit-il.
Par ailleurs, en vue des élections municipales ou encore des élections générales, il faudra surveiller comment se comporteront les alliés de Pravind Jugnauth qui sont des anciens du Mouvement militant mauricien. D'ailleurs, Steven Obeegadoo a lancé un appel pour qu'Alan Ganoo et Ivan Collendavelloo se réunissent, avec lui, pour créer un seul parti.