Centrafrique: La hausse du prix des carburants bouleverse le quotidien à Bangui

Carburant

En Centrafrique, deux jours après l'augmentation jusqu'à 80 % des prix des carburants par le gouvernement, la plupart des usagers se disent asphyxiés. Certains conducteurs des taxis et bus ont doublé les prix des trajets, contrairement à la décision des autorités qui interdit cela. Quelques particuliers se plaignent de ce changement qui a bouleversé leur quotidien.

Depuis plusieurs semaines, de longues files d'attente ont lieu quotidiennement devant les stations-services de Bangui, raconte notre correspondant à Bangui, Rolf Stève Domia-Leu. L'augmentation à 80 % des prix des carburants n'a pas permis à Aubin, un conducteur de taxi de se ravitailler aisément : " Pour en avoir, c'est à partir de trois heures, il faut négocier avec les pompistes pour leur donner quelque chose, et il faut faire la queue. Ça va prendre peut-être toute une journée pour en avoir. "

À un arrêt de bus du centre-ville, Roger attend désespérément un véhicule de transport en commun : " J'ai fini les activités en ville, il est temps pour moi de rentrer. Mais je suis là parce que les taxis ont augmenté les prix, les motos ont augmenté les prix. "

Antoine, un retraité, propose au gouvernement de revoir les prix à la baisse : " C'est vrai qu'il pouvait y avoir des hausses, mais en tout cas, le niveau où le gouvernement a fixé les tarifs, là, vraiment, c'est exagéré. "

Les autorités sont conscientes de cette situation, mais restent convaincues que c'est la meilleure décision. Arthur Bertrand Piri, ministre de l'Énergie : " Les avantages, c'est que l'État va effectivement percevoir les taxes sur la vente de ces produits - j'ai estimé autour de 1,5 milliard, voire 2 milliards, ou plus - permettant, maintenant, au gouvernement d'assumer convenablement et bien ses missions. " Ces prix resteront ainsi jusqu'à nouvel ordre.

Pas assez d'accompagnement des consommateurs selon l'opposition

De son côté, le Bloc républicain de défense de la constitution (BRDC), principale coalition d'opposants, reconnaît que la hausse ne pouvait être évitée. Mais son porte-parole Martin Ziguélé, déplore une prise de décision abrupte, sans concertation ni accompagnement pour les consommateurs et les entreprises :

" Lorsque vous décidez d'augmenter le prix de l'ensemble des produits pétroliers dans un pays où 70 % de la population vit avec moins de 2 dollars par jour, qui est classée 188e sur 191 de l'indice humain de développement, c'est-à-dire un pays extrêmement pauvre et un pays vraiment de misère, vous penchez beaucoup plus sur les mesures d'accompagnement.En tout cas, discuter avec les partenaires sociaux avant de prendre la mesure, comme cela se fait dans tous les États responsables et dignes de ce nom. Alors, si ce n'est pas une politique antisociale, je voudrais qu'on me dise comment on appelle ça. "

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