La campagne pour les élections législatives de dimanche 8 janvier au Bénin est désormais terminée. Elle s'est déroulée dans le calme, notamment à Tchaourou, ville natale de l'ancien chef de l'État, où des violences avaient éclaté en 2019.
Terminées les caravanes, meetings ou opérations de porte-à-porte qu'ont menées les sept formations politiques en lice pour ces élections législatives pendant quinze jours, avec une première semaine tout de même moins active, en raison des fêtes de fin d'année. Plus de 6,5 millions d'électeurs sont appelés à départager les sept partis, dont trois se réclament de l'opposition, qui se disputent les 109 sièges de l'Assemblée nationale.
Cette campagne marque une reprise du débat, dans la vie politique béninoise puisque les élections de ce dimanche sont plus inclusives. Les dernières législatives, en 2019, s'étaient tenues sans l'opposition dans un pays auparavant présenté comme un modèle de démocratie dans la région. Le taux de participation n'avait pas atteint les 30%. Et la présidentielle d'avril 2021 n'avait affiché aucune grande figure de l'opposition. Ces deux scrutins avaient été marqués par de violents heurts, notamment dans les zones de Tchaourou et Savè.
Le souvenir douloureux de 2019
À Tchaourou, où nous nous sommes rendus, Razak Tidjani se présente comme un militant du parti Les Démocrates. Une affiche dans les mains, il se tient sous un abri, entouré de ses camarades. C'est le QG des jeunes du parti, explique-t-il. Ambiance détendue. Le groupe exprime sa joie et son soulagement de voir la formation en compétition.
" On se réjouit de ce qui se passe actuellement. On remercie le président Patrice Talon par rapport à ça. Au moins, il a laissé Les Démocrates aller aux élections. En 2019, on se réjouissait, partout on faisait la fête. Malheureusement, ça s'est mal passé. Nos familles étaient bouleversées, nos enfants étaient troublés. "
Sur son scooter au bord de la grande route, Angèle fait quelques courses. Elle non plus n'a pas oublié les événements de 2019. L'enseignante se dit rassurée et espère que les élections se dérouleront normalement dimanche. " Vraiment, les dernières élections, ce n'était pas du tout aisé. Il n'y avait qu'une partie on va dire, celle de la mouvance [présidentielle, NDLR]. Il n'y avait pas l'opposition. Il y avait des tirs ici et là. Aujourd'hui, les gens arrivent à sortir, à faire campagne des deux côtés. J'espère qu'il y aura la transparence. "
Les femmes font d'ores et déjà une percée électorale
" On veut la paix ! " lance une vendeuse ambulante à notre passage, comme cette commerçante, assise devant sa boutique sous les arcades. " C'est calme, Dieu merci ! "
Dans le camp de la mouvance présidentielle comme dans celui de l'opposition, les partis affirment avoir pu mener leur campagne normalement, sur l'ensemble du territoire béninois.
Une campagne menée par des hommes et des femmes puisque - et c'est une nouveauté de ce scrutin - un siège de députée est désormais réservé à une candidate dans chacune des 24 circonscriptions électorales que compte le Bénin.
La logistique électorale déployée pour un scrutin promis "totalement transparent"
La CENA déploie le matériel électoral depuis jeudi, tout doit être prêt pour l'ouverture des bureaux dimanche à 7 heures. La commission électorale est attendue sur deux points : une bonne organisation et la transparence du scrutin, analyse notre correspondant à Cotonou, Jean-Luc Aplogan.
Vendredi soir, le taux de déploiement du matériel électoral n'était pas disponible. " L'essentiel est fait " résume l'un des membres de l'équipe chargée de convoyer le matériel dans les 7986 centres de vote.
Sur le vote, la conférence épiscopale du Bénin renouvelle dans un communiqué le souhait d'un processus électoral " transparent ". C'est le premier défi, signale la Plateforme des organisations de la société civile du Bénin en raison de gros enjeux, réunir les 10% de suffrages au plan national pour prétendre à l'attribution des sièges, ensuite avoir des élus donne accès au financement, une réforme Talon sur le financement des partis.
Les partis travaillent à positionner un représentant dans chaque bureau pour surveiller le vote, le dépouillement, le décompte avec le droit de mentionner ses observations sur les procès-verbaux. Il faut mobiliser 17749 militants pour être partout. " Le scrutin sera totalement transparent. Je l'assure " a dit à RFI le président de la Cena Sacca Lafia.
Dans un document, la plateforme de la société civile lui demande de " proclamer les résultats provisoires le plus tôt ".