Mali: Dix ans après l'opération Serval au Mali. Quel souvenir?

Une patrouille mixte de la force française Barkhane et des Fama, l'armée malienne, dans les rues de Ménaka (photo d'illustration).
11 Janvier 2023

Le 11 janvier 2013, à la demande des autorités de la transition malienne, l'aviation française a opérée des frappes dans la ville de Konna à Mopti

Les derniers militaires français de l'opération Barkhane ont quitté la base de Gao le 15 aout 2023. Ceci mettait fin à 9 ans de présence des soldats français engagés dans le pays pour lutter contre le terrorisme.

Les autorités de la transition malienne les reprochent officiellement de porter " atteinte à la souveraineté nationale ". Une dénonciation de l'accord militaire entre les deux pays que Paris juge injustifiée.

Selon Bokar Sangaré, chercheur à l'observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité (OCGS), le tout sécuritaire a montré ses limites dans la lutte anti-terroriste.

"Certes des figures importantes du djihadisme ont été éliminées et cela a considérablement affaibli les groupes. Mais pour ramener la stabilité et le développement, il est apparu la nécessité pour beaucoup d'autres analystes et observateurs de miser sur d'autres types d'intervention comme le développement, comme aussi la gouvernance.

Bokar Sangaré poursuit en disant que "la crise au Sahel n'est pas que sécuritaire, elle est aussi politique. Comme en témoignent les renversements des régimes intervenus au cours des dernières années et qui ont fait qu'aujourd'hui 3 des pays (Mali, Guinée, Burkina Faso) sont dirigés par des attelages politico-militaires."

Dans un premier temps, l'Opération Serval est un soulagement pour une grande partie de la population dans le nord du Mali, menacée par les groupes terroristes. Un fait que reconnait Abdelkarim Samba de la société civile de Gao en ces mots:

"Durant les 10 mois que les populations du nord ont passé sous occupation, tout homme qui vient vous dire qu'il est venu vous libérer de la domination des obscurantistes, la personne est la bienvenue. Donc, l'intervention de l'opération Serval à cette période a été applaudie qui a d'ailleurs stoppé l'avancée des groupes terroristes vers les régions du sud.

Cependant, il déplore la dégradation de la situation sécuritaire qui s'en est suivie en soulignant que "par la suite, on a compris que l'intervention militaire n'avait pas que des aspects positifs. Nous avons ainsi assisté à la multiplication du banditisme, des attentats, des tueries. Les groupes armés se sont éparpillés un peu partout. Conséquence : Ceux qui partent au marché hebdomadaire sont tués, d'autres sautent sur des mines, certains sont enlevés. Tout ce que vous pouvez imaginer en termes de terreur, les gens l'ont vu"

10 ans après, la coopération militaire entre le Mali et la France a été rompue. C'est désormais le partenaire russe qui travaille de commun accord avec l'armée malienne dans la lutte anti-terroriste.

Il n'est donc pas certain voire impossible de voir des militaires français jouer ce rôle dans le contexte actuel.

AllAfrica publie environ 500 articles par jour provenant de plus de 100 organes de presse et plus de 500 autres institutions et particuliers, représentant une diversité de positions sur tous les sujets. Nous publions aussi bien les informations et opinions de l'opposition que celles du gouvernement et leurs porte-paroles. Les pourvoyeurs d'informations, identifiés sur chaque article, gardent l'entière responsabilité éditoriale de leur production. En effet AllAfrica n'a pas le droit de modifier ou de corriger leurs contenus.

Les articles et documents identifiant AllAfrica comme source sont produits ou commandés par AllAfrica. Pour tous vos commentaires ou questions, contactez-nous ici.