La filière vanille est tourmentée par une fronde des acheteurs internationaux. Ceux-ci refusent de se conformer au prix plancher fixé par l'État.
Une braderie pure et simple. C'est ce que semblent chercher les acheteurs internationaux de vanille qui boycottent la campagne d'exportation refusant de se conformer au prix plancher fixé par l'État de 250 dollars le kilo. Le sujet a occupé l'entretien entre le ministre de l'Industrialisation, du commerce et de la consommation Edgard Razafindravahy et l'ambassadrice de l'Union européenne Delattre Burger mardi à Ambohidahy. Une séance d'explication sur les tenants et aboutissants de cette décision de l'État. Le ministre Razafindravahy s'est fait l'avocat des planteurs dans cette affaire. " Ma mission consiste à défendre les planteurs et la recette d'exportation d'où la décision de fixer un prix plancher au niveau des planteurs et de l'exportation " explique-t-il. Avec un prix minimum de 75.000 ariary le kilo de vanille verte et 250 dollars le kilo pour le prix FOB à l'export, cela équivaut juste à un revenu de 5 dollars par planteur par jour soit 1,25 dollars par personne par jour pour une famille de quatre personnes. Un revenu encore inférieur au seuil de la pauvreté fixé par les organismes internationaux. Ce prix a été convenu avec toutes les parties prenantes dont le secteur privé.
Tout a été expliqué aux acheteurs internationaux. Le ministre Razafindravahy s'est déplacé en France et aux États-Unis pour convaincre les principaux acheteurs de la vanille malgache basés dans ces pays. Ces acheteurs ont alors déclaré qu'ils étaient prêts à acheter à ce prix si tout le monde sont traités sur un même pied d'égalité. L'État malgache a veillé au respect strict des prix. Mais la situation a changé. Les acheteurs étrangers font pression pour faire baisser les prix et boycottent la campagne 2022-2023.
Acheteurs récalcitrants
Ils s'appuient sur un réseau de personnalités politiques locales qui sont également leurs fournisseurs pour faire craquer le gouvernement. Les géants américains Mc Cormick & Company ainsi que Cook Flavoring Company et le modeste Vanilla Bean Kings figurent parmi les acheteurs récalcitrants. Curieusement l'État américain s'en mêle alors qu'il s'agit d'une transaction privée. La souveraineté nationale octroie à un pays le droit de protéger ses ressources lesquelles assurent les rentrées financières dans le budget de l'État. Le ministre Razafindravahy a proposé une discussion autour d'une monde pour savoir les vraies raisons de cette fronde des acheteurs internationaux. Il rappelle que les acheteurs internationaux ont tous répondu favorablement à l'Appel à manifestation d'intention lancé par le MICC.
Le ministre a sollicité l'appui de l'Union européenne pour venir en aide et à la filière. Le diplomate européen a promis d'en discuter avec ses homologues français et allemand.
L'Union européenne recommande que la vanille malgache bénéficie d'une appellation géographique protégée. Un label malagasy sera mis en place dans ce sens cette année. Le Conseil national la vanille s'y attelle. Le ministre Razafindravahy a levé le doute sur le nombre des agréments d'exportation octroyés. Quatre vingt dix agréments ont été délivrés dont ceux des professionnels et grands exportateurs.
En attendant l'appui de l'Union européenne, le ministre Razafindravahy a réussi à convaincre les exportateurs locaux à faire front contre le lobbying étranger dont l'objectif et d'acheter la vanille à prix bradé. Ce qui n'est pas dans l'intérêt ni des exportateurs ni des planteurs. En attendant que les acheteurs internationaux changent d'avis, ce qui est certain étant donné que Madagascar fournit 75% de la production mondiale, les exportateurs locaux vont acheter le stock chez les planteurs. Pour le moment c'est l'essentiel.
Moralité de l'histoire, il faut que tout le monde comprenne l'enjeu détenu par le secteur vanille dans l'économie du pays au-delà des intérêts pécuniaires individuels et des petitesses regrettables.