En Éthiopie, l'Église orthodoxe décide de reporter sa manifestation prévue ce dimanche 12 février. Elle avait été interdite par le gouvernement fédéral par crainte de possibles violences face aux fidèles de la branche dissidente de la région Oromia. Depuis fin janvier 2023, l'Église orthodoxe, qui compte environ 45 millions de fidèles en Éthiopie, est fracturée en deux camps. Le tribunal fédéral d'Addis-Abeba a prononcé une " interdiction temporaire " pour les archevêques et les évêques schismatiques, excommuniés par le patriarche de l'Église, d'entrer dans les lieux de culte du pays.
Rassemblés autour de leurs églises, les fidèles éthiopiens n'étaient pas tous enroulés dans leurs châles blancs habituels cette semaine. Beaucoup portaient du noir, obéissant à leur puissant patriarche, Abune Mathias, chef du synode de l'Église Tewahdo, la branche éthiopienne de l'orthodoxie : ils s'élevaient ainsi contre les archevêques de l'Oromia excommuniés fin janvier pour avoir créé leur propre synode, avec le soutien du gouvernement, selon le patriarche.
Langue oromo
Ce dernier dit vouloir défendre l'unité de l'Église. Et les dissidents, le droit de conduire les offices religieux dans la langue oromo. Le Premier ministre, Abiy Ahmed, pour sa part, lui-même d'origine oromo, dit que chacun est " porteur de sa propre vérité ", scandalisant les partisans du patriarche.
Violences physiques
Mais à la guerre des mots se sont ensuite ajoutées les violences physiques. Selon la Commission éthiopienne des droits de l'homme, au moins huit fidèles du patriarche Abune Mathias ont été tués dans la ville de Shashemene, le 4 février, dans des heurts contre des dissidents qui entendaient reprendre le contrôle de l'église Saint-Michael, appuyés par les forces régionales. Des bagarres et des arrestations de prêtres et de fidèles du patriarche, vêtus de noir, ont également eu lieu dans d'autres diocèses de la région, faisant craindre un basculement du conflit dans la violence de rue.